Le savais-tu ?
Toi, mouton avisé et curieux, tu exploites et maintiens dans la misère des millions d’africains qui te détestent. Ne tourne pas la tête, ne regarde pas derrière toi, c’est bien à toi que je parle, toi, le mouton de l’autre côté de l’ordinateur.
Le franc africain, dit CFA, mis en place à la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour développer l’économie des colonies françaises, a été maintenu après la décolonisation dans un processus permettant à la France de continuer à s’enrichir sur le dos des Africains, à hauteur de 500 milliards de dollar par an.
Quoi ? Toi, le mouton enragé, tu ne le savais pas ? Ou alors tu le savais et tu n’as rien dit ? Tout d’un coup tu te sens coupable ?
Tu as raison de te sentir mal et c’est normal, je t’explique…
Nota Bene : Au vu des commentaires, je précise ici que cet article est une synthèse de documents publiés depuis octobre 2016 sur ce sujet. Documents dont vous avez les liens en fin d’article.
Dossier complet
temps de lecture 11 minutes
————————————-
La zone franc CFA, c’est quoi?
Créée en 1945, la zone franc est une zone d’union économique et monétaire en Afrique, où vivent plus de 160 millions d’habitants regroupant les pays des anciennes colonies françaises.
Deux sous-ensembles la composent: l’Union économique et monétaire ouest africaine -l’UEMOA- (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale -CEMAC-(Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée-équatoriale, Tchad).
La zone franc compte par ailleurs un quinzième membre, l’archipel des Comores, dont la monnaie a toutefois une parité différente de celle des 14 autres pays, ainsi que la France, liée statutairement à l’ensemble de la zone.
T’es déjà perdu ? Reste concentré…
Bon, le Franc CFA, comment ça marche?
Du fait de sa parité fixe, la valeur du franc CFA évolue de façon parallèle à celle de l’euro. C’est à Paris que cela se décide, à travers un accord de coopération monétaire, qui garantit la convertibilité du franc avec la monnaie européenne, de façon illimitée (attend, ça se complique). Avec la disparition du Franc français et la création de l’Euro (et donc l’arrimage du FCFA à l’Euro le 1er janvier 1999) 1 Euro vaut désormais, et à taux fixe, jusqu’à la prochaine dévaluation : 655,957 FCFA.
En contrepartie, les banques centrales de la zone franc CFA doivent déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor français, sur un compte dit « d’opérations ». En 2015, le dépôt de la BEAC (banque centrale de l’UEMOA) et de la BCEAO (banque centrale de la CEMAC) dans les coffres du Trésor français représentait environ 14 milliards d’euros. Oui, t’as bien lu, il n’y a pas d’erreurs, 14 milliards d’euros dans les coffres à Paris qui ne nous appartiennent pas !
Tu crois que les pays africains du franc CFA en tirent un avantage ? FAUX
Bruno Tinel, économiste : « Le système de la zone franc maintient les pays de la zone franc dans une forme de dépendance coloniale. »
Dépouillés de la moitié de leurs réserves de change, les pays africains de la zone franc se retrouvent ainsi dans une situation économique et sociale très difficile, d’autant plus que la France leur impose un contrôle des dépenses publiques pour que l’approvisionnement du compte d’opérations de la France soit garanti.
Sensé apporter la stabilité économique dans les 15 pays FCFA et promouvoir l’échange entre les deux zones (BEAC et BCEAO), il s’avère que changer le Franc CFA de l’Afrique de l’ouest pour celui de l’Afrique centrale ou vice-versa est un petit parcours de combattant où chacun « se sucre » (banques, intermédiaires officiels comme officieux, etc.) par des commissions diverses au point que le change peut vous faire perdre jusqu’à 20 % du montant que vous souhaitez échanger… Alors parler d’intégration entre les deux zones, c’est justement l’inverse qui est en fait promu !
Après 70 ans de fonctionnement, le bénéfice économique du FCFA pour les pays concernés n’est pas au rendez-vous. Les performances économiques des pays de l’UEMOA, en matière de croissance économique et de progression du revenu par habitant, sont moindres que celles des principaux pays environnants .
Sur la période 2004-2014, le taux de croissance annuel moyen du PIB s’établit à 4,7% pour l’UMOA, 6,8% pour la CDEAO et 7,3% pour le Nigéria et le Ghana. Le PIB par habitant a progressé en moyenne par an de 1,64% pour l’UMOA, 3,95% pour la CEDEAO, 4,65% pour le Ghana et 4,45% pour le Nigeria.
Les pays anglophones africains, anciennement colonisés par l’Angleterre se portent nettement mieux que ceux de la zone franc CFA, de par leur autonomie monétaire totale. Tu ne pensais pas que les Anglais avaient mieux géré que toi la décolonisation ? Et ben si.
La France -et donc toi, petit mouton- bénéficie-t-elle du système franc CFA ? VRAI
Il semble que le CFA ait un coût pour le contribuable français (mais il est très difficile d’avoir des informations exactes). Un ancien administrateur français des banques centrales de la zone franc estime le coût net du CFA pour le contribuable français à environ 1 milliard d’euros par an. C’est à la fois beaucoup dans un contexte de dépression budgétaire et peu par rapport à l’influence internationale que la zone CFA confère à la France.
Les intérêts dégagés par le dépôt obligatoire de devises au Trésor français (pour rappel 14 milliards d’euros), bénéficie en partie pour la France (estimation quelques centaines de millions d’euros), et pour une partie repart en Afrique : la part d’intérêts versée aux pays Franc CFA est comptabilisée dans… l’Aide française au développement! (euh, mais cet argent leur appartient, non?)
Autre donnée révélatrice : c’est en France que sont fabriqués les billets et les pièces de FCFA dans deux usines, à Pessac et Chamalières. (peut-être même toi l’enragé tu travailles là-bas)
Paris a donc la totale maîtrise de la planche à billets des pays de la zone franc et a de ce fait la possibilité de couper le robinet. Impossible, cependant, de changer en France des FCFA contre des euros ou toute autre monnaie. Oui, impossible, parce que dans les banques ou les bureaux de change, le FCFA est… inconnu !
Les gains de l’investissement de ces fonds du Trésor français sont censés être ajoutés à la réserve de change, mais il n’y a pas de comptabilité transmise aux banques ou aux pays, ni les détails de ces modifications. « Seul un groupe restreint de hauts fonctionnaires du Trésor français connaissent les montants figurant dans les « comptes d’opérations » où ces fonds sont investis ; si il y a un bénéfice sur ces investissements, ils ont interdiction de divulguer ces informations aux banques CFA ou aux banques centrales des états africains. » écrit le Dr Gary K.Busch (docteur en économie de nationalité américaine).
Malgré tout, l’estimation du bénéfice annuel (NB: bénéfice économique total du secteur public et privé lié à la situation de quasi-monopole de certaines entreprises françaises sur la zoneCFA) pour la France tourne autour des 500 milliards de dollars, soit, par une division simple, pour que tu comprenne ce que ça représente : 7000 euros par an et par français. A l’heure de la réflexion autour du revenu universel, serais-tu content, toi, le mouton, de bénéficier d’un revenu à vie alors que d’autres moutons sont maintenus dans la misère par ton silence ?
La France des moutons est-elle prête à se retirer du Franc CFA ? VRAI
Kako Nubukpo, ancien Ministre de la Prospective et de l’évaluation des politiques publiques du Togo, agrégé d’économie : « Au sein des institutions françaises concernées, on a l’impression qu’il y a de plus en plus de gens favorables à des évolutions, ils voient bien que la situation des pays de la zone franc est catastrophique. »
Lors de la mise en place de l’Euro, certains pays du Nord de l’Europe se sont indignés du système franc CFA, considéré par eux comme un esclavagisme monétaire moderne.
La France, restée silencieuse sur ce sujet jusqu’en octobre 2012, lors du discours de François Hollande devant l’assemblée nationale sénégalaise à Dakar « Je suis convaincu que les pays de la zone franc doivent pouvoir assurer de manière active la gestion de leurs monnaies et mobiliser davantage leurs réserves pour la croissance et l’emploi. » La France des moutons semble depuis hésiter pour une résolution de cet épineux problème de géopolitique.
Un rapport dirigé par Hubert Védrine (ancien ministre des affaires étrangères de 1997 à 2002) et rendu public en 2013 propose l’élargissement de la zone franc CFA au Nigeria, Ghana et Angola, afin de favoriser les parts de marché des entreprises françaises dans les importations et stratégie de développement. Parts de marché en net recul sur tout le continent Africain au profit des entreprises chinoises (sauf dans les pays FCFA où les entreprises françaises font jeu égal avec les entreprises chinoises).
En 2015, la France se dit prête à rediscuter et renvoie la balle du côté des pays africains, lors de la réunion semestrielle des ministres des finances de la zone franc au travers de la voix de Michel Sapin : « La France est entièrement ouverte à toutes les discussions. Tous les pays-membres de cette zone monétaire sont libres et indépendants, ils peuvent donc demander à rediscuter les accords monétaires qui les lient à la France. Rien n’est figé ni tabou ».
Est-il possible de défaire cet asservissement volontaire ? VRAI
Afrocentricity Think Tank suggère que la France renonce volontairement à son droit de véto implicite au sein du conseil d’administration de la Zone Franc. Et là, tu peux faire entendre ta voix ! Il faut que la France accepte, volontairement et pacifiquement, de sortir du conseil d’administration de la Zone Franc et demande aux pays membres de présenter un fonds de garantie pour faciliter cette avancée. Tout devient possible si les dirigeants africains ont le courage de mettre à disposition entre 5 % et 10 % de leurs réserves internationales pour constituer un fonds de garantie de la nouvelle monnaie commune pour leur zone.
Les dirigeants africains, parfois complices de cet esclavagisme moderne, ne sont pas tous favorables à la fin du Franc CFA, par sincérité, pour certains, par la stabilité économique que cela apporte, mais aussi et surtout, d’autres dirigeants y voient une manne financière et un volume de liquidités disponible pour mener une vie princière et dispendieuse dans leur propre pays, au détriment des populations qui les désignent.
Conclusion, par Bruno Tinel :
« Le fruit est mûr, il faut le cueillir. Le franc CFA, en tant que survivance coloniale, est, parmi d’autres éléments, l’un des instruments de maintien en place de régimes ‘hors-sol’, comme suspendus à l’ancienne métropole au-dessus de leurs propres peuples.
Il permet aux élites fortunées de bénéficier d’un accès privilégié au marché mondial par une monnaie « aussi bonne » que l’euro. Sans le CFA, l’importation des marchandises dont les classes dirigeantes des PAZF [pays africains de la zone franc]ont besoin pour leur propre consommation et pour se maintenir en position dominante seraient hors de prix. Les élites de ces pays peuvent également valoriser leur fortune en euros très facilement et sans risque de change. Cette monnaie postcoloniale contribue ainsi à entretenir des écarts abyssaux de fortune et de puissance entre les gens ordinaires et les classes dirigeantes »
Alors, t’en penses quoi ? C’est pas terrible hein, t’as envie de gueuler que t’y es pour rien, que t’as pas demandé ça, bah ouai, c’est vrai, mais maintenant que tu le sais, tu vas faire quoi pour changer ça ?
Et les moutons de la zone franc, eux, ils en pensent quoi ?
Mamadou Koulibaly, ancien ministre ivoirien des finances : « la BEAC et la BCEAO n’ont d’africain que le nom. En réalité, elles n’ont aucun pouvoir et ne sont rien de plus que de gigantesques institutions bureaucratiques qui ne décident pas des politiques monétaires. Elles sont là pour faire croire aux pays de la zone franc qu’ils sont maîtres de leur destinée. Les pays de la zone franc continuent de perpétuer un système mis en place par l’ancien bourreau colonial ».
Sanou Mbaye, Economiste sénégalais : « De M. Pierre-Paul Schweitzer à Mme Christine Lagarde, en passant par MM. Jacques de Larosière, Michel Camdessus et Dominique Strauss-Kahn, la France a toujours pris soin de faire nommer comme directeur général du FMI des hauts fonctionnaires qui s’étaient préalablement distingués en gardiens du temple de la politique monétaire des anciennes colonies françaises d’Afrique. N’est-ce pas M. Camdessus qui a présidé à la dévaluation massive de 50 % du franc CFA imposée par Paris en 1994 ? »
Aliko Dangote, homme d’affaires nigérian : « La différence qu’il y a entre les pays (africains) francophones et le Nigeria est que nous avons pris notre destinée en main, nous contrôlons l’économie de notre pays. […] Ce qui n’est pas le cas de la plupart des pays francophones où les nationaux n’ont aucune emprise sur leur économie. Leurs économies sont contrôlées par des étrangers qui parfois même dictent les termes et les conditions de ce qu’ils veulent aux gouvernements. »
Njonji Eyoum-Ebele:
VERS LA FIN DU MYTHE DU FRANC CFA
Jusqu’à quand devrions-nous encore baisser la tête?
Jusqu’à quand devrions-nous continuer á supporter une telle infamie?
Jusqu’à quand devrions-nous encore attendre pour voir le bout du tunnel?
Combien de temps faut-il encore pour réveiller la conscience de l’élite dirigeante?
Combien de temps faut-il encore au peuple pour faire entendre sa voix et conquérir cet autre attribut de souveraineté?
Faut-il encore donner du temps au prédateur de nous embrigader résolument dans une négociation sans issue?
Combien de temps faut-il enfin pour comprendre qu’il ya un temps pour subir et supporter, un temps pour apprendre et comprendre et un temps pour agir et se libérer?
ZS cool:
Discuter quoi ? Et surtout avec qui ?
Il n y a rien en face !!!
On chie sur cette monnaie de merde. On chie sur le CFA. On chie sur la France. On crée une autre monnaie, notre monnaie pour les 15 pays sans participation étrangère ….. et ou bout de 10 ans vous verrez le niveau de vie et de développement changer radicalement !
Y’a pas à discuter avec l’esclavagiste qui se croie tjrs le maitre ET qui est Tjrs un Pilleur… 🙁 Y’a qu’à mettre ce Fcfa à la poubelle… 🙂
Le petit camerounais : Statistiques : 50% de nos réserves de change vont en France! Et ce pays parasite, cette sangsue qui se nourrit du sang des peuples Africains ose donner des leçons de morale au monde ! Je remercie Dieu de pas être français.
Boris2
Dossier médiapart par Fanny Pigeaud
Sortir du Franc CFA, par Yves Ekoué Amaïzo
*« Le Franc CFA freine Le développement de l’Afrique ». In Dakareco.com. 8 juillet 2015 par Verdier, J. L. et Mbog, R. avec le journal Le Monde.
{fcomment}