Une autre lettre à Watra

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Monsieur le préfet international,

Tu es devenu préfet de Cote d’Ivoire avec résidence à Dakar par la force des armes depuis le 11 avril 2011.

Je t’ai vu et entendu sur toutes les chaines mondiales de télévision.

Tu as fait beaucoup de bruit.

Tu as fait beaucoup de promesses…..

Tu avais promis de faire de la sécurité des personnes et des biens une priorité.

Tu avais donné deux mois pour rétablir la confiance des ivoiriens et bien sur garantir leur sécurité.

C’était au lendemain du 11 avril.

Le 15 juin aujourd’hui, cela fait un peu plus de deux mois.

La peur des ivoiriens n’a toujours pas baissé d’un iota. Les ivoiriens dans leur totalité n’ont toujours pas repris le service. Tu le sais Monsieur le préfet.

Quelques petits exemples.

Les ivoiriens doivent payer les dozos établis à la sortie de leurs quartiers respectifs pour se faire épargner la barbarie de tes chiens de guerre.

Les ivoiriens ont perdu leurs sens d’humour légendaire. Tout le monde est nerveux. La terreur règne à Abidjan comme dans les autres villes d’ailleurs.

Les exactions et les tueries ont sans doute baissé d’un cran mais elles n’ont pas cessé. Des personnes sont toujours introuvables. Que dis-je? Des ivoiriens sont toujours introuvables. Ta justice a été efficace et rapide au point qu’elle a déjà retrouvé les auteurs de l’enlèvement des étrangers à Abidjan pendant la guerre. Qu’en est-il des centaines d’ivoiriens enlevés et emprisonnés dans une station d’essence à Yopougon? Tu avais promis la justice aux ivoiriens. Rappelle-toi. “Il faut donner raison à ceux qui ont raison et tort à ceux qui ont tort”.

Par ailleurs, la vie n’a désormais ni gout ni sens pour les ivoiriens. Personne n’ose ouvrir “sa gueule” aujourd’hui en Cote d’Ivoire sous peine d’exécution sommaire. Les uns épient les autres. Les uns narguent et défient les autres. La fracture sociale est une dure réalité. Elle se vit au quotidien. Les ivoiriens souffrent dans leur chair. les murs ont désormais des oreilles plus longues qu’elles ne l’étaient dans les années 60.

Le tunnel est encore et toujours sombre sur toute sa longueur.

watra, où es-tu? Que fais-tu?

Ma Cote d’Ivoire, ma belle Cote d’Ivoire n’a plus de gendarmerie ni commissariat! Pire, les dozos à qui tu avais promis monts et merveilles à la fin de l”assaut final” d’Abidjan se sont installés confortablement dans ces lieux jadis craints. Ces lieux étaient vénérés, non pas à cause des gris-gris et des fusils mais plutôt parce qu’ils incarnaient le droit, la justice et l’ordre public. Les commissariats et les gendarmeries incarnaient l’autorité de l’état. Cette autorité a disparu aujourd’hui. J’ai même appris que tes chasseurs traditionnels sont mécontents du traitement dont ils sont sujets. Non seulement tu n’aurais pas payé les 5 millions que tu leur avais promis à chacun, mais aussi et surtout, tu veux les chasser de la rue et des commissariats de police qui sont désormais leurs domiciles. Ils ont été clairs avec toi. “les parkings sont partagés”. Gère le palais présidentiel et eux, ils vont gérer les commissariats. ainsi va le partage du “gâteau”.

Tu as sans doute pensé être à mesure de les rouler dans la farine? Je te l’ai déjà dit. Le boulanger, ce n’est pas toi! Tu es un boucher. Chacun a sa profession. Chacun doit exercer sa profession. Professionnellement. Tu connais très bien les outils et les méthodes de travail du boucher. Un boucher ne négocie pas. La négociation relève du domaine du “boulanger”. Tu n’as pas le choix. Tu dois repartir au front. Très bientôt. Cette fois-ci, ce sera un peu plus dur pour toi parce que c’est dans la maison. Ces personnes travaillent avec toi depuis 2002. Ils te connaissent et tu les connais. J’ai aussi également des doutes que la france et tes amis internationaux soient à tes cotés comme ils l’ ont fait contre l’état de Cote d’Ivoire. Rappelles-toi, ce sont des dozos! Tu sais d’où tu les as tirés et tu sais comment ils vont tirer. Aussi, cette fois-ci, tes amis respecteront le droit basique de la “non ingérence” parce que c’est la même famille qui s’entretue.

watra, où es-tu et que fais-tu?

Tu appelles de toutes tes forces à la réconciliation. De quelle réconciliation s’agit-il au fait? Je te l’avais déjà dit également. La répétition étant une vertu pédagogique, je te le répète. Les ivoiriens n’ont pas de problèmes entre eux. Le vrai problème c’est toi. Les ivoiriens ne te connaissent pas et ne se reconnaissent surtout pas en toi! Tu sèmes la terreur et la division entre les ivoiriens. Malgré tout, ton règne est toujours virtuel.

Tu veux la réconciliation? Tu n’as qu’à faire ce qu’il faut faire. Tu sais ce qu’il y a à faire! Je ne veux même pas te parler de la libération de son Excellence Laurent Gbagbo pour éviter de m’attirer la foudre des aigris anti-gbagboistes de circonstance.

watra, si tu veux la paix et la réconciliation en Cote d’Ivoire, libère tous tes prisonniers politiques et garantis la sécurité des ivoiriens! Commence par le commencement. Pourquoi voudrais-tu que Blé Goudé retourne en Cote d’Ivoire pendant que Affi Nguessan qui a moins d’influence sur la rue que le Général Zadi Gbapè est en prison? J’espère que l’enfant de Kpogrobouo ne se fera pas avoir!

Atito, reste-là où tu es! Un serpent reste un serpent. Le chien ne change jamais sa façon de s’asseoir. Ils vont intensifier les liens d’amitié avec toi pour t’attirer et le reste fera partie de l’histoire de la Cote d’Ivoire. Le pays a besoin de toi. Reste dans ce lieu sur où tu es!

watra, lis très bien ce qui suit. J’ai un ami qui vient de perdre son père en Cote d’Ivoire. Ce vieillard de 81 ans a servi la Cote d’Ivoire toute sa vie et au plus haut niveau. Ses enfants n’osent pas rentrer au pays pour organiser des funérailles dignes du rang de leur père de peur de se faire tuer à cause de leur appartenance politique depuis leur géniteur! Tu parles de réconciliation?

Safroulaye!

watra, de qui te moques-tu?

J’accepte que tu me blesses ou que tu me tues. Mais je n’accepterai jamais les moqueries et les humiliations publiques! Jamais!

Au lendemain de ton installation par le groupe maffiosi sarkobamajupétiste, je m’attendais à une liesse populaire à Abidjan comme ce fut le cas en Tunisie ou encore en Egypte parce qu’un autre “dictateur” venait de tomber en Cote d’Ivoire. Bien au contraire, c’est un silence de cimetière qui s’est installé. L’effervescence de l’ivoirien a cédé sa place à la peur, la froideur et la rancœur!

watra, que dis-tu de ce silence volumineux et assourdissant des ivoiriens?

La solution n’est pas internationale monsieur le président reconnu par la communauté internationale. La solution est nationale. Qu’y a-t-il dans ta valise “ADO SOLUTIONS”? Certainement pas de vidéo sur cette partie du film. Pitié!

Tu as fait détruire tous les bureaux et autres lieux de service dans la capitale ivoirienne. Tu as même détruit les éléphants amoureux à la sortie de l’aéroport Félix Houphouet-Boigny! Sacrilège! Bétise humaine dénommée superstition. Mal propre aux gens de ta race. Tu avais pensé faire du mal à Gbagbo et ses familles biologique et politique en détruisant le patrimoine de l’état.

Absurdité!

Tu te retrouves aujourd’hui sans le minimum pour faire reprendre le service aux ivoiriens. Tu en souffres toi-même!

Que sont devenus les 145 milliards annoncés à coups de tapage médiatique au plus fort de la crise? Et tous les autres dons de tes amis internationaux? Qu’en fais-tu?Pourquoi la relance économique tarde-t-elle autant? Pourquoi certains européens tournent-ils le dos à la Cote d’Ivoire alors qu’ils devraient même renforcer leurs assises?

watra, que fais-tu et où es-tu?

watra, tu as vraiment décidé de décimer mon pays. Ce que je viens d’apprendre m’abasourdit! Tu aurais fait table-rase en annulant tous les concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Tu aurais remplacé tous les concours par des recrutements directs. Tu veux maintenant tribaliser l’administration à 100/%, n’est-ce pas? On n’a pas besoin de diplôme supérieur pour analyser et comprendre ta supercherie.

Tu veux alimenter l’administration ivoirienne en ressources humaines au moment où la fracture sociale que tu as créée est à son paroxysme. Les Bétés, les Didas, les abbeys, les Attiés, les Guérés etc…. et tous ceux qui ne sont pas RDR sont automatiquement marginalisés, exclus, poursuivis et tués. C’est ce moment-là que tu choisis pour faire les recrutements directs. Tu attends d’un Briga ou d’un Gnahoré de postuler? Safroulaye!!!

Tu es en train de tribaliser l’administration ivoirienne. Pire, tu tiens à faire asseoir ton pouvoir sur une administration acquise à ta cause, c’est-à-dire une administration peuplée de ressortissants des pays qui ont parrainé ton coup d’état. Cela, même les idiots le savent!

Ouch! J’ai mal pour mon pays!

Deux mois après le parachèvement de ton coup d’état international, la trompe de l’éléphant est toujours enterrée dans le sable des bords de la lagune Ebrié lourdement imbibé de sang. La queue du pachyderme s’oriente vers son entre-jambe. Signal très fort de mauvais augure.

J’ai peur pour mon pays.

watra, que fais-tu et où es-tu?

watra, libère mon pays!!!!

Sans rancunes.

Cebastien Gnahoré

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