C’est donc un tandem d’exclus qui va tenter de tout faire pour aller au bout de sa logique nihiliste, quitte à déclencher un désastre mondial. Dans ce couple contre-nature, c’est Ryad qui mène la dance, à coups de milliards de dollars et des contrats mirobolants, voire une promesse de faire réélire un Hollande au plus bas des sondages.
Décidément les François de l’histoire de France ont une nette tendance à contracter les alliances les plus inattendues: entre la sainte alliance contractée au début du 16e siècle entre François Ier et le Grand Turc contre Charles-Quint et celle nouée en 2013 entre le socialiste François Hollande et le Roi d’Arabie Saoudite contre ce qu’Israël a désigné comme l’axe du mal, il y a une différence d’échelle et de valeurs.
Envers et contre toute logique, l’Arabie Saoudite s’acharne à détruire ce qu’elle perçoit comme ses ennemis les plus mortels: l’axe formé par l’Iran, le Hezbollah et la Syrie. Cet objectif prioritaire de la Maison des Saoud converge avec les priorités stratégiques d’Israël. Devant les pesanteurs ou l’inertie de l’administration US, Ryad s’est tourné vers la France de Hollande en lui promettant monts et merveilles. La politique des deux pays peut paraître irrationnelle et illogique, voire à la limite de l’hystérie. D’autant plus que ce sont les Etats-Unis et la Russie qui mènent le bal.
Qu’importe! L’Arabie Saoudite a perdu trop d’argent dans l’histoire syrienne pour faire marche arrière. La France quant à elle y a gravement compromis sa diplomatie, jadis l’une des meilleures au monde, avec pour résultat un suivisme aveugle des néoconservateurs pro-israéliens mais en y engrangeant aucune dividende.
Malgré les dizaines de milliards saoudiens et l’hystérie diplomatique française que Fabius a mise au service exclusif de Netanyahu, la situation en Syrie n’a pas évolué dans le sens voulu par ces deux pays. Pis, il existe un risque d’une résolution politique de ce conflit dans le cadre d’efforts américano-russes avec la Conférence Genève II sans cesse reportée. Le Premier ministre israéliens n’en veut pas et s’agite.
Le Tandem franco-saoudien doit s’agiter. Deux pays ayant une immense influence qui doivent à tout prix saboter la Conférence en excluant l’Iran et en montant les enchères à un niveau tel que la Syrie sera d’emblée hors-jeu. Cette démarche n’est pas nouvelle. C’est le rapprochement des extrêmes qui l’est par contre. Encore un peu et Ryad se revendiquait le mérite de l’octroi du prix Nobel de la paix à l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, un pas que Paris a osé franchir sans rougir. Comme on le voit, l’affaire syrienne est complexe et cristallise la volonté de puissance de nombreux pays. Le Président Al-Assad a beau dire que des « pays européens » n’ont plus de rôle à jouer dans l’affaire mais force est de constater que l’appât du gain est plus fort que tout. Aux dernières nouvelles, le Qatar revient en force sur la scène, laissée en jachère aux Saoudiens. On devine le reste.
La guerre en Syrie est loin d’être terminée. L’armée syrienne est en train de modifier les rapports de force sur le terrain afin que Damas aborde Genève II avec le maximum d’atouts. Et c’est à la Ghouta, cette banlieue maudite où furent utilisés des gaz de combat, que l’armée à commencé le grand nettoyage.
Wissem Chekkat