Tony Blair et George W. Bush iront-ils à la Haye pour leur mensonge en Irak?

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Suite à la dénonciation de Tony Blair et de George W. Bush par l’archevêque et prix Nobel de la paix sud africain Desmond Tutu la semaine dernière, les appels à faire juger l’ancien Premier ministre britannique et l’ancien Président des Etats-Unis pour crimes de guerre devant la Cour internationale de justice de la Haye se multiplient, y compris en Grande-Bretagne, où le débat s’ouvre avec fracas dans la presse.

George Monbiot, du Guardian, qui avait établi en 2010 un fonds pour récompenser les gens qui réussiraient à arrêter Tony Blair, [selon la vieille coutume anglo-saxonne de « citizen’s arrest »], afin de le traduire devant un tribunal pour crime de guerre, écrit le 3 septembre que « nous avons franchi un pas crucial dans l’effort pour amener Tony Blair à La Haye ». « Pendant des années elle semblait imprenable, mais soudainement la citadelle s’effondre. Une idéologie, un fait, un régime paraît bien ancré, inébranlable, presque géologique. Puis un petit bout de mortier tombe, et les pierres commencent à glisser. Quelque chose de ce genre est arrivé ce weekend. Lorsque Desmond Tutu a écrit que Tony Blair devrait être sur le chemin de La Haye, il a dé-normalisé ce que Blair avait fait. Tutu a rompu le protocole du pouvoir – l’accord implicite entre ceux qui papillonnent d’un grand meeting international à l’autre – et a désigné son crime. Je crois que Blair ne s’en remettra jamais. »

Pour sa part, l’expert en droit international britannique Toby Fenwick explique sur le site Liberal Democratic Voice, le principal site du Parti Libéral Démocrate, que Blair devrait être jugé en Grande-Bretagne et qu’il devrait même accueillir favorablement une telle opportunité de clarifier enfin les choses et rétablir sa réputation, puisqu’il répète sans cesse que l’invasion de l’Irak en 2003 était légale. Le problème est qu’« il bénéficie d’une immunité contre toute poursuite tant qu’il occupe un poste international qui requiert l’immunité pour qu’il puisse faire son travail. (…) Blair devrait être dépossédé de son rôle moribond au Moyen-Orient, et par conséquent de son immunité personnelle contre les poursuites. (…) Son refus toutefois de démissionner de ce poste [négotiateur-en-chef du Quartet pour le Moyen-Orient] montre bien que la réalité n’est pas comme il le prétend. » Outre le fait qu’il soit un expert en droit international, Fenwick est également un ancien cadre du renseignement militaire britannique.

Même la Fabian Society est obligée de reconnaître dans son journal New Statesman que Desmond Tutu a plus d’autorité morale que ce Blair.

Pour ce qui concerne les crimes de Tony Blair (qui était jusqu’à très récemment, rappelons-le, l’idole de Nicolas Sarkozy et certains socialistes français), il est utile de préciser que l’ex-Premier Ministre britannique ne s’est pas contenté, comme on l’affirme souvent, de suivre le Président Bush dans la guerre d’agression contre l’Irak. C’est Blair lui-même et son équipe de spin-doctors [communicants]à Downing Street qui sont à l’origine du faux-rapport affirmant que Saddam Hussein pouvait déployer des armes de destruction de masse en 45 minutes, rapport transmis ultérieurement aux autorités américaines. Il s’agissait de donner de la crédibilité à ces accusations en les faisant passer comme le fruit d’enquêtes d’un service de renseignement étranger.

Ceci doit évidemment nous amener à rester prudents face à la propagande actuelle sur les armes nucléaires iraniennes ou les armes chimiques syriennes (dont l’emploi est totalement exclu dans le conflit actuel).

Sur le danger de guerre actuelle, il reste donc à Desmond Tutu, un prix Nobel de la paix, à rappeler à l’ordre un autre menteur, va-t-en guerre mais prix Nobel de la paix (pourquoi déjà ?), Barack Obama, avant qu’il ne soit trop tard, en lui expliquant que cette fois-ci ce ne sont pas 150 000 vies (selon les chiffres officiellement reconnus) qui sont en jeu mais l’avenir même de l’espèce humaine.

Solidarité et Progrès

 

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