Togo. Un élève au BEPC ressuscite feu Félix Houphouët Boigny et un artiste du rap s’offre le Baccalauréat à 200. 000 F CFA

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Nous sommes en plein examen du Brevet d’Etudes du Premier  Cycle (BEPC) dans un centre d’écrit de Lomé dont nous taisons le nom. Un prétendant au diplôme du BEPC, porte d’entrée du lycée, répondant aux questions lors de l’épreuve d’Education Civique et Morale (ECM) a trouvé que le président en exercice de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) est feu président Félix Houphouët Boigny décédé depuis 1993 soit 20 ans déjà. L’élève ne sait même pas que l’ancien président de la Côte d’Ivoire Félix Houphouët Boigny n’est plus de ce monde et que c’est son président Faure Gnassingbé du Togo l’actuel président en exercice de l’UEMOA. Et à la question : « Donnez le nom de l’actuel ministre togolais des Enseignements Primaire, Secondaire et de l’Alphabétisation », le même élève dit que le ministre s’appelle Alitoki Esso au lieu de Solitoki Esso. Ce n’est pas fini, la tricherie s’est invitée comme d’habitude à l’édition 2013 du BEPC. Un autre se trouvant à côté de celui-ci a transformé littéralement ses cuisses en cahiers où il a pris soin de recopier des réponses. Une tricherie savamment organisée.

Nous avons relevé ces deux faits impliquant des élèves pour appeler tous les acteurs de l’enseignement notamment l’Etat, les parents d’élèves, les enseignants, les partenaires locaux et internationaux à redoubler d’efforts et surtout à s’inscrire dans la nouvelle dynamique en vogue en matière d’instruction et d’acquisition de connaissances. Le Togo qui était reconnu jadis comme un pays réputé pour la qualité de son enseignement a fini par faire le lit à la médiocrité, à l’absence de rigueur et à la complaisance. Conséquence, son système éducatif ne produit chaque année que des filles et garçons aux connaissances approximatives. De nos jours, il est facile pour un élève de décrocher un diplôme même si celui-ci a une tête complètement vide. A Lomé aujourd’hui, l’on peut voir ces diplômés arpenter les couloirs des sociétés et structures en quête d’emploi alors qu’ils n’ont pas le background nécessaire pour convaincre l’employeur de leur offrir réellement cette chance. Sans oublier le cas des diplômes obtenus avec argent comptant, ceux qui ont décroché leurs diplômes en faisant composer d’autres à leur place. entre-temps, des réseaux organisés très actifs entre le Burkina-Faso, le Bénin et le Togo et spécialisés dans l’obtention du Baccalauréat deuxième partie se livraient à ce jeu. C’était à l’époque où la date d’écrit du Bac n’était pas encore uniformisée dans l’espace UEMOA.

C’est en effet par ce circuit piloté par des faussaires pour des faussaires qu’un artiste bien connu à Lomé dont nous taisons également le nom a pu s’offrir avec 200. 000 F CFA le Baccalauréat à partir du Bénin voisin où un candidat était allé composer à sa place. Aujourd’hui, lorsque nous entendons les proches de cet artiste du rap clamer haut et fort que leur champion n’est pas un artiste sur le tas ou un non diplômé, nous pouffons de rire. Une autre petite histoire pour permettre aux uns et aux autres de bien se faire une idée de la situation de déconfiture dans laquelle s’enfonce davantage le système éducatif au Togo.

En 2009, nous avons assisté au centre international de formation en langue française de Lomé connu sous le nom de Village du Bénin à la soutenance de mémoire de fin de formation en BTS option Secrétariat de direction d’une candidate dont le nom est gardé au frais par le Lynx pour ne pas porter atteinte à ses susceptibilités. Le jour-là, la candidate avait une sérieuse peine à formuler une phrase correcte en français. Et pourtant, le français est la principale matière en Secrétariat de direction. Elle était chargée à chaque fois par le jury qui ne cessait de lui faire des remarques pertinentes et des corrections pour lui permettre d’obtenir dignement le BTS. A ce jour, nous n’avons pas fini de nous demander comment cette candidate avait pu réussir au BTS. C’est aussi cela l’autre visage caché du système d’enseignement au Togo aujourd’hui. Le règne de la médiocrité, du bordel, du laisser-aller, laisser-faire et de la complaisance. En attendant les états généraux de l’enseignement promis par le prince, l’école togolaise s’enfonce dans son état comateux.

Aux parents d’élèves, le Lynx appelle à continuer à aider leurs enfants à aimer l’effort, la rigueur et l’excellence. Les élèves qui ne s’abonnent pas à la paresse, à la facilité sont toujours récompensés tôt ou tard. Et puis, un bois mort dans l’eau ne devient jamais crocodile. Ceux qui se sont inscrits tôt à l’école de la facilité, de la médiocrité et de l’incompétence notoire ne peuvent jamais rivaliser avec les meilleurs dont les compétences seront recherchées à prix d’or.

Pâ Tamba Lynx.info

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