Togo. CDPA-BT : Que peut-on espérer d’une tournée européenne ?

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La CDPA-BT estime que la solution aux problèmes togolais ne viendra pas d’une politique d’opposition qui a toujours tourné le regard du peuple togolais vers l’extérieur, notamment vers la « Communauté internationale ». Elle réaffirme au contraire que le salut réside plutôt dans la capacité des Togolais à se donner une politique d’opposition plus cohérente et à la faire porter par une organisation.

Au courant du mois d’avril 2013, les délégations du CST et de la Coalition l’Arc-en-ciel ont fait une tournée européenne pour informer « les partenaires au développement du Togo » de la situation socio politique togolaise, afin de les inviter à faire pression sur le régime de Faure Gnanssigbe, et l’amener à accepter « un dialogue franc et sincère » devant déboucher sur l’organisation d’élections libres transparentes et démocratiques.

Il ressort des propos des membres des deux délégations que le bilan de cette tournée est globalement positif. Les « partenaires » seraient sensibles à cette démarche, et leur auraient dit que l’opposition togolaise mérite d’être aidée dans le processus démocratique en cours ; ils les auraient invités à venir plus souvent les entretenir de la situation politique au Togo.

Des membres des deux délégations ont ensuite rencontré la diaspora togolaise pour l’entretenir de l’objet de leur tournée.

Ces genres de rencontres rappellent les années où des délégations du COD II et d’autres partis d’opposition venaient faire les mêmes types de démarches auprès des pays de la Communauté Européenne, pour demander leur soutien.

A l’époque le rapport des forces était globalement bien plus en faveur de l’opposition qu’il ne l’est aujourd’hui. La férocité de la répression, qui avait conduit l’Union européenne à suspendre sa coopération avec le Togo aurait pu offrir l’occasion au Parti socialiste au pouvoir d’appuyer l’opposition togolaise dans sa lutte pour la démocratie. Mais cela n’avait pas été le cas. La préservation des intérêts français en Afrique avait pris le pas sur la défense des principes de la démocratie au Togo.

Dans les conditions actuelles du processus politique au Togo et dans l’état actuel des relations internationales, qui peut encore croire que le salut viendrait d’abord de l’extérieur ? La question est légitime et elle mérite d’être posée pour qu’on y réfléchisse sérieusement.

On se doute bien que si la « Communauté internationale » voulait vraiment aider les Togolais à réaliser le changement démocratique, elle l’aurait fait depuis longtemps déjà au nom des principes démocratiques, par exemple le 3 décembre 1991, quand les troupes d’Eyadema ont attaqué la Primature pour briser l’opposition. Et elle n’aurait pas imposé Faure Gnassingbe au Peuple togolais en 2005 dans les conditions que tout le monde sait.

Les délégués du CST et de la Coalition Arc-en-ciel affichent pourtant des certitudes absolues. Ils donnent le sentiment que leurs tournées dans les capitales européennes vont leur permettre de « sauver le Togo ». Ils proclament avec assurance que la situation va changer dans les semaines qui viennent. Ils affirment qu’ils ne boycotteront pas les élections législatives en vue, mais que celles-ci n’auront tout simplement pas lieu, si Faure Gnassingbe ne convoque pas un vrai dialogue pour une solution consensuelle aux problèmes. « Pas de dialogue, pas d’accord, pas d’élection ». Et ils confortent la population dans l’idée que «La peur a changé de camp… [que]le changement est proche… [que]Dieu est  à l’œuvre… »

Tout cela est bien. Mais si ces certitudes martelées ne parvenaient pas à se réaliser et si la « Communauté internationale » dans laquelle on continue de placer tant d’espoir n’intercédait pas en faveur des délégués du CST-Arc-en-ciel en imposant à Faure Gnassingbe l’ouverture d’un dialogue avant les élections pour permettre la tenue de celles-ci, il est évident que, comme au lendemain de tous ces dialogues dévoyés et de toutes ces élections manipulées, la population sombrerait à nouveau dans une profonde déception d’où il sera encore plus difficile de lui faire entendre quelque chose.

La CDPA-BT, ne croit pas que la « Communauté internationale » imposerait à Faure Gnassingbe de convoquer un dialogue avant les élections conformément aux désidératas du CST-Arc-en-ciel. La CDPA-BT ne croit pas non plus que si, à tout hasard, un tel dialogue venait à être convoqué pour une raison ou une autre, les élections en vue déboucheraient sur une franche alternance politique avec le départ de Faure Gnassingbe tel qu’on l’affirme.

La CDPA-BT estime que la solution aux problèmes togolais ne viendra pas d’une politique d’opposition qui a toujours tourné le regard du peuple togolais vers l’extérieur, notamment vers la « Communauté internationale ». Elle réaffirme au contraire que le salut réside plutôt dans la capacité des Togolais à se donner une politique d’opposition plus cohérente et à la faire porter par une organisation.

Une organisation  fondée sur une plate forme politique (nous y reviendrons), et qui bannit des rangs de l’opposition toute improvisation, toute concurrence interne, toute passion, toute ambition personnelle… C’est à cette seule condition que les partis d’opposition pourront se mettre ensemble pour construire cette organisation, où la masse des opposants étroitement impliquée pourra jouer son rôle historique dans la modification du rapport des forces en faveur de l’opposition.

Les responsables du CST et de la Coalition Arc-en-ciel doivent tirer de la situation toutes les leçons nécessaires pour une politique d’opposition cohérente vis-à-vis des élections en vue. Car, les Togolais ne voudront plus entendre se dire demain que les conditions d’une élection transparente n’étaient pas réunies, mais qu’il fallait aller tout de même aux urnes sous prétexte « qu’on ne boycotte pas les élections » !

Fait à Paris le 25 Mai 2013

Pour la CDPA-BT

Emmanuel BOCCOVI

Membre du Comité Exécutif

Secrétaire de la Section CDPA-BT France.

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