Le génie de la démocratie manque cruellement à Faure Gnassingbé. C’est le constat inévitable auquel en arrivent les démocrates aux prises avec la situation politique aux nombreuses facettes du Togo. Nul dirigeant ne peut prétendre faire le bien de son peuple avec des moyens corrompus aussi détestables qu’arbitraires, et courir le monde en catimini en quête de légitimité sans jamais s’annoncer chez ses propres compatriotes dans les pays qu’il traverse sur la pointe des pieds; préférant ainsi attendre sa diaspora, à incarcérer, au moindre soupçon. Rendez le respect aux citoyens du Togo et à sa diaspora : la démocratie que réclame cette diaspora ne fera pas mal à qui que ce soit. #LibérezRandolph! #TogoEtatPatapa
Tous les Togolais sont-ils des Randolph? En séjour au Togo, tout membre de la diaspora, pour peu qu’il soit opposé, rebelle ou dissident de la politique conduite sur la « Terre de nos Aïeux », peut-il se retrouver en prison sous le vague et inexpliqué motif de « tentative d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État? » Quel État? L’État Patapa? Le Togo serait-il alors devenu le goulag lointain et implacable pour sa diaspora? Ce genre d’accusation est scélérat de nos jours en plus d’attaquer notre dignité commune.
L’injustice n’est pas une auxiliaire de la bonne gouvernance. Bien au contraire, l’injustice permanente dont souffrent les Togolaises et les Togolais est caractéristique du totalitarisme qui les enserre chaque jour davantage, du nord au sud et de l’est à l’ouest, partout où ils se trouvent. Devant une telle menace répressive, il est évident que « Pour nous, qui n’avons qu’une soif, la justice, la raison, la vérité, l’ennemi s’appelle Ténèbres ». Et nous avons le devoir d’opposer aux ténèbres de la peur, la lumière de toutes nos ambitions démocratiques pour le Togo autant que notre vigilance active. La démocratie ne fait pas mal.
Les fréquentes visites de Faure Gnassingbé au Vatican doivent normalement l’instruire à l’éthique politique ou le rediriger vers un peu de morale républicaine et même un brin de compassion. Hélas, il faut être simple homme, simple femme, pour prétendre à la sainteté. Mais il ne faut pas cesser d’être humain dans une telle quête assidue et ostentatoire de religiosité, de sainteté et de légitimité à la gouverne du Togo; une quête étonnante des bénédictions du Pape François autant que des embrassades du Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies à Genève, M. Zeid Ra’ad Al Husein.
La diaspora togolaise mérite respect
Certes, se dévoiler infâme pour être saint, c’est du Jean Valjean et c’est du pur héroïsme : se dénoncer pour ne pas voir un innocent être condamné à sa place. L’infamie en cours au Togo, tel qu’elle s’étale et se perpétue par des arrestations arbitraires ainsi qu’une démonstration de gouvernance totalitaire, relève quant à elle de l’imposture. La misère des Togolais fait dos aux Misérables de Victor Hugo. Dans les deux cas, le message fort qui pourrait bien être celui de Faure Gnassingbé reste que : nous sommes responsables de nos actes, libres et nullement définis par notre généalogie. Même fils de Gnassingbé Eyadema, Faure Gnassingbé peut choisir de gouverner le Togo et précipiter le pays dans la démocratie et la réconciliation, comme lui-même l’avait promis depuis 2005, et comme partout autour du Togo où la démocratie est effective : Bénin, Burkina Faso, Ghana.
Il y a plus de cinquante ans que cela dure et s’aigrit. Les promesses de démocratie et de réconciliation des citoyens togolais faites par Faure Gnassingbé lors de sa captation du pouvoir en 2005 sont même oubliées. Frères en prisons, amis en prisons, citoyens en prison ou en cavale, c’est l’arbitraire sans frontières. S’y ajoutent des arrestations fantaisistes et douloureuses.
Dr Antoine Ati Randolph avait déjà été dans les geôles du père Gnassingbé Eyadema. Fallait-il qu’en séjour au Togo, il soit littéralement kidnappé pour finir dans les pénitenciers du fils Faure Gnassingbé? La raison donnée est péremptoire, seulement « pour vérifier les informations reçues qui font état de tentative d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État. » Ici, le poids de la vie et de son respect, le devoir de justice et de démocratie, doit l’emporter sur tous les déterminismes liberticides. La diaspora qui porte tout le Togo social sur ses épaules mérite mieux; manifestement, il y a du suicide dans ce duel avec la diaspora togolaise pourvoyeuse d’un pays en panne. Restituez la dignité aux hommes et aux femmes du Togo. Libérez cet homme!
Libérez Antoine Randolph! Qu’importe même sa nationalité française, ses croyances Falun Gong, ses liens familiaux indissolubles, ses fréquentations amicales inlassables, libérez Dr Antoine Randolph parce que sa place est ailleurs, à l’air libre, plutôt qu’en prison au Togo. C’est bien pourquoi nous pensons qu’un autre Togo est possible; et il sera démocratique et réconcilié ou ne sera pas. Mobilisons-nous à cet effet… Remobilisons-nous contre toutes ces injustices et pour un autre Togo!
●7 mars 2016●
Pierre S. Adjété
Québec, Canada
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