Dans une longue lettre pastorale, les évêques ont estimé que la gouver-nance du pays est « de plus en plus déconnectée de la réalité et de l’éthique sociale », alors que le débat enfle sur la succession de M. Compaoré, dont le dernier mandat expire en 2015. On assiste à « la polarisation de la richesse au niveau d’un groupe qui se partage les pouvoirs politiques et financiers, à la corruption et la patrimonialisation de l’État », ont-ils accusé.
« La démocratie pluraliste que nous étions censés construire s’est transformée en scepticisme, en désespoir, voire en colère, du fait que ce changement politique ne rime pas suffisamment avec l’espoir d’un meilleur devenir », a affirmé l’Église catholique, influente dans ce pays majoritairement musulman.
Cette situation « fait craindre que le Burkina Faso ne devienne une poudrière sociale », ont averti les évêques. Ils ont aussi exprimé leur rejet du Sénat, récemment créé et qui doit être bientôt mis en place. « Quelle valeur ajoutée un tel Sénat va-t-il apporter réellement à notre pays et à ses pratiques démocratiques? », ont-ils lancé, souhaitant « un meilleur emploi des ressources financières limitées » de ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest.
L’opposition et les syndicats s’opposent à l’installation de cette chambre haute, accusant le pouvoir de chercher par ce moyen à faire réviser la Constitution pour permettre à M. Compaoré de se représenter en 2015. L’Église catholique avait, dès 2010, demandé au chef de l’État de ne pas modifier la Loi fondamentale dans le but de se maintenir après l’expiration de son dernier mandat.
Angola Press