Syrie. Rien ne va plus côté OTAN

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Il y a toute raison de le croire, lorsque  Hillary Clinton subit deux rebuffades qui déstabilisent son arrogante assurance et contrarient son élan guerrier.

La première vient de son collègue, le ministre de la Défense, Leon Panetta, celui qui aurait été chargé de déclencher les bombardements contre la Syrie. Il a tout simplement informé le monde qu’il n’était pas question de «zone d’exclusion aérienne» ou «no fly zone», pour nous rappeler le tapis de bombes qui a recouvert la Libye sept mois durant.

Pour Panetta, qui rappelle la possession d’armes chimiques de dissuasion par Damas, cette option n’est pas une priorité, alors que la Clinton en avait fait un point de discussion avec son supplétif Erdogan en Turquie, avait dit qu’elle y travaillait.

De deux choses l’une, ou bien la dame agit selon des automatismes programmés qui doivent lui faire dire et faire des choses sans réfléchir ou bien elle s’est, tout simplement, laissée aller pour conjurer son dépit personnel de voir que les «grandes batailles de Damas et d’Alep» n’ont pas eu lieu. Auquel cas, elle devrait soit subir, dorénavant, des réglages qui donnent de la place à la réflexion, soit être tenue de s’informer auprès de ses collègues et chef de la situation. Cela lui aurait évité de faire une pré-déclaration de guerre.

La seconde rebuffade est la remise en cause de la «représentativité sur le peuple syrien» qu’elle a décrétée pour cet aréopage interlope du CNS. The Guardian, le journal britannique, révèle qu’il n’est plus question pour les atlantistes de le considérer comme tel. Selon ce que le journal rapporte, les gouvernements britannique et français auraient décidé de diversifier leur soutien et de l’orienter vers des «groupes d’opposition de l’intérieur de la Syrie».

Cruelle déconfiture, en somme, de la «démocratisation» à la sauce atlantiste. Car la véritable raison se trouve dans l’échec de trouver l’ancrage militaire que la magouille initiale devait fournir, grâce à ce qui fut plus une illusion qu’un objectif mûrement réfléchi, celui de miser sur des aventuriers incapables de comprendre même le rôle qu’ils devaient jouer.

Alléchés par la «victoire» du CNT libyen, les membres constituants du CNS n’ont vu que la possibilité de se faire introniser en Syrie sur les cadavres de leurs compatriotes. Ils n’ont pas évalué ce que l’OTAN escomptait d’eux, surtout après le veto russe et chinois qui compromettait le scénario de départ.

Parce qu’en fait, sur le terrain, il n’y a plus grand monde à soutenir, en dehors des groupes fondamentalistes et des hommes de main du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Ces deux monarchies, qui œuvrent, aussi, selon leurs intérêts bien compris, n’ont pas à satisfaire des opinions publiques férues de «démocratie», mais doivent, au contraire, contrer toute alternative démocratique. C’est ce qu’elles ont fait en recrutant leurs propres «opposants» et en les injectant dans le champ de la bataille. Faisant en sorte de saper radicalement toute extension, s’il en fut, de l’opposition interne et de pousser les Syriens à prioriser le sauvetage de leur liberté, de leur souveraineté et de l’intégrité de leur pays.

Dur sera de leur faire admettre autre chose.

Ahmed Halfaoui

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