Soutien aux dictatures en Afrique : il faut instruire le procès des Occidentaux pour complicité (Le Pays)

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C’était sans compter avec leur volonté de faire de l’Afrique leur champ de blé

Elles sont à rechercher dans la manière dont les Africains conçoivent et font la politique. En Afrique, la politique est perçue par bon nombre d’acteurs comme une entreprise, un marchepied pour parvenir à la richesse. Ce qui préoccupe le plus les hommes politiques, c’est la richesse, le pouvoir, les honneurs et autres. Les idéologies et autres valeurs démocratiques, ils n’en ont cure.

Sous nos tropiques, les princes régnants ne font pas la politique par conviction. Et tout ceux qui osent ramer à contre-courant, sont, dans le meilleur des cas, jetés en prison et dans le pire des cas, envoyés « ad patres ». Les exemples de Thomas Sankara, Patrice Lumumba, pour ne citer seulement que ces deux cas, sont fort illustratifs. Si fait que le seul moyen le plus sûr pour tout dirigeant qui veut rester longtemps au pouvoir, c’est de suivre la politique dictée par les Occidentaux, défendre au péril de sa vie leurs intérêts au détriment de ceux du peuple qui l’a élu.

Et c’est malheureusement cette gouvernance par procuration qui empêche finalement l’Afrique de prendre son envol. La complicité des Occidentaux dans le retard de l’Afrique est évidente. Comment comprendre que l’Afrique, berceau de l’humanité qui regorge de toutes les richesses, après soixante ans de souveraineté, soit toujours incapable de nourrir ses fils, incapable de les soigner, incapable de fabriquer, ne serait-ce qu’une aiguille. Il ne faut pas se le cacher, les Occidentaux sont bien responsables de cette situation. Cela est d’autant plus vrai que ce sont eux qui soutiennent les dictateurs et alimentent les rébellions en Afrique.

L’Occident aura tout fait pour que le continent noir reste dans la misère

Même certains coups d’Etat ont été perpétrés avec la bénédiction sinon la complicité passive, voire active des Occidentaux. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Des chefs d’Etat africains ont été débarqués du pouvoir par la complicité active de l’Occident. On croyait qu’avec le discours de la Baule, les Occidentaux changeraient leur manière de coopérer avec l’Afrique. Hélas! C’était sans compter avec leur volonté de faire de l’Afrique leur champ de blé.

C’est en Afrique qu’ils s’approvisionnent en matières premières à bas prix pour, après transformation, revenir nous vendre le produit fini à prix d’or. En vérité, les Occidentaux ne veulent pas que l’Afrique sorte de sa misère. Il suffit de jeter un coup d’œil sur l’exécution de certains projets en Afrique. Lorsque des Occidentaux financent un projet à hauteur de 10 milliards de F CFA, on peut être sûr que la moitié de cette somme retournera chez eux. Soit pour l’achat du matériel, soit pour la paie des experts commis au projet.

Et que dire des milliards de dollars ou d’euros déversés chaque année sur le continent sous forme d’aide financière ?

En réalité, cette aide n’est qu’un cadeau empoisonné. Elle n’a pas d’autre but que de contribuer à recoloniser l’Afrique. Les conditions d’octroi de cette aide sont telles qu’elles ne peuvent permettre aux pays bénéficiaires d’investir dans des secteurs porteurs. Bien au contraire, cette manne crée de nouveaux besoins que les Etats africains ne peuvent assurer. Ce qui les oblige à tendre toujours la sébile.

Or, le continent a plutôt besoin d’une aide qui va l’aider à se passer de l’aide. Or, on a le sentiment que l’Occident veut que l’Afrique soit à sa merci, que ses ressources soient à sa disposition pour booster sa propre économie, son propre développement. Malheureusement, il se trouve des dirigeants qui jouent le jeu.

Certes, certains de ces présidents ont accédé au pouvoir grâce au soutien des Occidentaux, si bien qu’ils se voient obligés de défendre leurs intérêts. Et c’est dans cette race de gouvernants que l’on compte le plus de dictateurs qui n’hésitent pas à faire feu de tout bois pour préserver leurs fauteuils. Et comme pour ne rien arranger, l’élite africaine qui devait constituer un rempart, a plutôt choisi d’accompagner les prédateurs. L’Occident, avec l’appui de ses valets locaux, aura tout fait pour que le continent noir reste dans la misère.

Or, c’est cette grande misère qui alimente les rébellions, les guerres civiles et les insurrections. Cela dit, si l’on doit faire le procès des dictateurs et autres satrapes qui sont les premiers responsables du sous-développement de l’Afrique, il faudrait aussi faire le procès des Occidentaux pour complicité. Bien évidemment, ce procès ne doit pas être initié par nos princes régnants.

Mais plutôt par nos sociétés civiles. Sous cet angle, des sociétés civiles du Nord ont déjà donné le ton, à travers des ONG comme Sherpa, en portant plainte contre des chefs d’Etat africains, grands prédateurs des biens du continent. Faut-il le souligner, la Corée du Sud, la Chine de Taïwan, etc., n’ont pas eu besoin de 60 ans pour devenir des puissances économiques respectables et enviées. Pourquoi l’Afrique doit-elle être à la traîne au profit d’autres nations?

Tant que ce procès ne sera pas instruit, l’Afrique sera toujours le canard boiteux de la planète, en dépit des bonnes annonces sur ses taux de croissance économique.

Dabadi ZOUMBARA

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