Source ? Introuvable. Effet à chercher

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Que Gnassingbé ne se sente pas « frustré », vraiment frustré de ne pas pouvoir jouir du même droit que tous les autres citoyens togolais.

On peut rire quand on a un petit temps, comme par exemple de cet article paru sur iciLome le 15 janvier 2015 ou mieux de l’évènement dont l’auteur de l’article se fait l’écho : « Le Président togolais Faure Gnassingbé a surpris plus d’un togolais ( sic) le 14 Janvier 2015… ». En matière de surprise, c’en était vraiment une ! Nous en parlerons. D’abord, la première surprise, c’est que, après avoir lu tout l’article, j’ai cherché en vain sa signature, sa source. Un fait si important, si surprenant, rapporté par un auteur anonyme ! Un anonyme assez drôle qui ne nous prévient même pas qu’il souhaitait l’anonymat. À moins que l’évènement n’ait jamais eu réellement lieu et que le narrateur l’ait inventé de toutes pièces. Alors, bravo, l’artiste !

La scène, du reste est pittoresque, vous allez voir!

« A Awandjélo dans la région de la Kara où s’est déroulée la cérémonie de pose de la première pierre de l’usine de production du ciment, un fait majeur a frustré le président des togolais ( sic). Au point qu’il est obligé de siffler la fin de la récréation. » Mais, il y a mieux : « Très touché, énervé, Faure Gnassingbé, s’est lève( sic)et l’interrompt . »

Ce n’est pas une question d’orthographe, de grammaire ou de vocabulaire, mais bien plutôt du temps du récit et j’avoue que j’ai d’abord été perdu entre le personnage qui « s’est lève » et interrompt …et l’autre, « le porte-parole des populations de la Kozah (qui) était sur la tribune pour délivrer son message de remerciement, ( mais qui) laisse de côté le nécessaire et verse dans une diatribe contre l’opposition togolaise ». À moins que les deux personnages soient le même, doublures l’un de l’autre, ou que, sans le vouloir peut-être, le narrateur nous traduit par cette confusion, une réalité bien moins surprenante de la part du pouvoir Gnassingbé, à savoir une bonne distribution des rôles dans la mise en scène : l’un dit et/ou fait une chose que l’autre a pour fonction de contredire, de contrecarrer, les deux s’étant d’avance parfaitement mis d’accord.

C’est peut-être pour cela que le « président était touché » ( il en avait peut-être les larmes aux yeux, le brave homme !), par la fidélité au scénario dont a fait preuve « le porte-parole » en question dans l’interprétation de son rôle et « énervé », parce que de son côté, il devait jouer l’énervement. Et il le jouait si bien : il ne pouvait que, d’un geste énergique, couper la parole à ce porte-parole trop zélé, trop fidèle.

Mais, l’exemple de fidélité absolue, c’est le « président » lui-même qui nous le donne : fidélité au discours qu’il a toujours ressassé depuis 2005 sur la nécessité de laisser les électeurs « départager les candidats à l’élection présidentielle ( l’information est sûre, concernant Gnassingbé qui déclare, bien que ce ne soit « pas un meeting politique » : « Cette année 2015 est une année importante pour notre pays et vous savez le rendez-vous politique qui nous attend dans quelques mois pour ne pas dire dans quelques semaines » . Á ne pas oublier ! ) L’autre exemple de la fidélité, rhétorique celle-là, remonte aux origines mêmes du système qui clame, à temps et à contretemps, « la paix » et « l’unité », lesquelles notions ce « porte-parole » comme beaucoup de Togolais n’a pas encore fait siennes. Est-ce peut-être parce qu’à leur place, ceux qui les prônent dans le discours ne reculent pas devant la violence, les assassinats, la fraude quand le pouvoir est en jeu ?

C’est complexe, aussi complexe que le reportage est confus. La seule réalité dont Gnassingbé ne semble pas tenir compte est que dans tous les pays dits démocratiques, vilipender ses adversaires est de bonne guerre, que celui qui se sent vilipendé peut intenter à l’offenseur un procès en diffamation. Ce qui n’empêche pas la démocratie de fonctionner. Au contraire. C’est peut-être ce que la sagesse populaire exprime par cette sentence : « Ne enu mu gblɔe oa, efiɔ e la djaƐa? » ( Si la bouche ne l’exprime, faut-il recourir à la hache pour le fendre en morceaux? ). On pourrait puiser la leçon de tolérance, de la liberté d’opinion et d’expression qui bannit la violence. Lui-même, Gnassingbé, à quelque titre que ce soit, citoyen avant tout comme les autres, lorsqu’il est vilipendé, « énervé » ou non, pourquoi ne jouirait-il pas de ce droit et ne s’adresserait-il pas aux tribunaux compétents qui assurent la distribution de la parole à tous, plutôt que de recourir à la hache pour se défendre, ou défendre son pouvoir? Ce ne sont que les mauvaises langues qui insinuent que jamais tribunal togolais n’oserait donner tort à Gnassingbé, car nous sommes bien dans un État de droit. Que Gnassingbé ne se sente pas « frustré », vraiment frustré de ne pas pouvoir jouir du même droit que tous les autres citoyens togolais. En tout cas, s’il préfère, à chaque fois que ses partisans « mettent mal à l’aise » les opposants dans les meetings, dans la rue, sur les sites Internet…présenter ses excuses aux offensés, j’ai bien peur qu’il passe tout son temps à le faire. Ce métier-là, à cause du temps qu’il demande, ne me semble pas compatible avec les fonctions présidentielles.

Et le respect ?

« Oui, le respect, professeur Gnassingbé, pouvez-vous, s’il vous plaît nous donner quelques précisions là-dessus, puisque vous avez eu l’amabilité de nous en entretenir dans votre cours magistral à Awandjélo? »
-Quoi, le respect ? Il faut respecter ce qui est respectable et puis, il y a une hiérarchie dans les choses respectables.
-Je sais, professeur que le pouvoir, ou plutôt la conservation du pouvoir par le clan Gnassingbé est au-dessus de tout et que pour cette chose-là,on peut sacrifier des milliers de vies humaines. Je le sais, non seulement parce que votre illustre prédécesseur et père nous en avait fait la démonstration, mais aussi parce que vous-mêmes, vous avez bien appliqué la leçon. Mais, j’ai un cas de conscience : lorsqu’on donne quelques billets de banque, quelques sac de riz, quelques paquets de macaroni…à des gens qui ont faim…
-Vous voulez insinuer que c’est pour acheter leur conscience ? Calomnie que tout cela ! Et puis, je n’ai pas le droit d’être généreux? Foutez-moi la paix…( il chante presque irrésistiblement)La paix ! La paix ô Togolais !Nos aïeux, pardon, je vous l’ordonne ! Fin de la récréation !

-Mais, professeur, votre surprise, je veux dire, votre mise en scène de la surprise fonctionne comme un jeu d’enfant, oui d’un enfant gâté qui joue à s’énerver, à montrer qu’il est touché, puis à s’excuser( le narrateur ne ment point, même s’il ne nous convainc pas) et à siffler la fin de la récréation, comme autrefois son feu père dans ses propres mises en scène ( je me réfère encore au narrateur). La différence ou la ressemblance entre l’enfant qui imite son illustre papa et ce dernier? Cherchez! Là réside peut-être la surprise qui reste à trouver. Ne dites pas, mauvaises langues, que vous ne voyez pas la différence, mais bien la ressemblance. Vous dites cela parce que dans la mimique, la gestuelle et le discours du fils à Awandjélo, vous croyez voir et entendre le père au balcon de la Présidence ou sur la scène de la Maison du RPT? Mais, quand même, cherchez!

Sénouvo Agbota ZINSOU

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