Pourquoi ne veut-il pas partir ?

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Vous imaginez alors ce qu’il adviendra quand ils seront dehors après le départ du PR ?

Cette question, plusieurs acteurs de la vie politique et sociale se la posent, avec des réponses qui varient d’une personne à une autre. Nous avons décidé au journal Kusasa Lendemain Meilleur, d’interroger un homme du pouvoir. La peur du lendemain, voilà résumé ce qui empêcherait Faure Gnassingbé de se retirer du pouvoir à l’issue de ses deux mandats légitimes. – See more at: http://www.kusasanews.com/2015/01/pourquoi-ne-veut-il-pas-partir/#sthash.ZsntVoF1.dpuf

A en croire un proche collaborateur qui a préféré garder l’anonymat, il y aurait beaucoup de pesanteurs qui le font hésiter à décider de passer la main. La toute première, c’est l’affaire des massacres de 2005 qui a marqué son accession au pouvoir à la mort de son père. En effet, un rapport des Nations Unies avait fait cas de 400 à 500 morts ; la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme quant à elle, avait avancé un chiffre de 811 morts, et la Commission mise sur pied par le gouvernement lui-même a chiffré le nombre de morts à au moins 150. C’est déjà beaucoup ! Même s’il a réussi depuis 10 ans à faire passer ce dossier par pertes et profits, il sait qu’un jour il sera rattrapé par l’affaire lorsqu’il ne sera plus au pouvoir. « Il sait que cette affaire va refaire surface tôt ou tard… A sa place, que feriez-vous ? Accepteriez-vous quitter le pouvoir et vous voir coller immédiatement un procès qui risque de vous conduire à terme dans une cellule de la Haye ou d’ailleurs ? C’est tout de même inadmissible. Et sur ce point, l’opposition ne rassure pas ! », confie notre interlocuteur.

Autre pesanteur évoquée dans l’entourage du chef de l’Etat, c’est le sort qui sera réservé à lui-même et à ses proches quand il ne sera plus aux affaires. « Il a des enfants de plusieurs femmes, qui vivent pratiquement tous au pays. Quelle garantie a-t-il que des « extrémistes » de l’opposition ne s’en prendront pas à eux après son départ du pouvoir ? Il ne faut pas oublier la fratrie et la pléiade de collaborateurs. On craint des représailles, comme c’est le cas au Burkina Faso où les dignitaires du pouvoir ont vu leurs maisons pillées et incendiées après le départ de Compaoré. Pour dire vrai, ça craint beaucoup », évoque notre source.

La troisième énumérée est d’ordre économique et financier : «Tout le monde» sait que le chef de l’Etat et/ou plusieurs de ses proches ont des intérêts financiers au pays et à l’étranger. Et leurs sociétés ici peuvent changer de statut du jour au lendemain s’il n’est plus au pouvoir… On parle déjà de nationalisation des sociétés appartenant au clan Compaoré au Burkina Faso. Ça peut aussi arriver ici s’il n’y a pas de garde-fous. Il faut y penser».

La dernière pesanteur pour laquelle Faure Gnasssingbé hésiterait à quitter le pouvoir de si tôt, c’est l’épineuse affaire des prisonniers politiques. A tort ou à raison, le pouvoir pense que Kpatcha Gnassingbé et Pascal Bodjona sont passés à l’opposition. Et comme tel, une fois que Faure aura quitté le pouvoir, ces illustres prisonniers seront libérés par son successeur. Et bonjour la vengeance. « Pascal et Kpatcha sont des opposants. Nous avons des éléments qui nous font croire qu’ils soutiennent le Cst et maintenant le Cap 2015. Vous imaginez alors ce qu’il adviendra quand ils seront dehors après le départ du PR ? (…) Ce sont des pesanteurs du genre qui ont poussé Blaise Compaoré à s’accrocher au pouvoir 27 ans durant », relève notre informateur qui croit dur comme fer que son patron a peur du lendemain, sans le dire ouvertement. Pour lui, il revient aux acteurs politiques de tout bord, de poser clairement le problème et trouver des approches de solutions.

Au demeurant, le triste sort de Blaise Compaoré devra instruire son protégé. Au lieu de poser clairement les problèmes de sa succession, il a choisi de les déplacer, voulant jouer avec le temps. Mais il n’a fait que repousser l’échéance jusqu’à sa triste chute le 30 octobre dernier. Comme le dit si bien le défenseur des Droits de l’Homme congolais Roch Euloge Nzobo, « L’alternance est un principe clé de la démocratie. Il ne faut pas qu’on nous vante les théories du Président indispensable qu’on ne peut pas remplacer ». Se maintenir à tout prix, quitte à affronter une frange importante de la population qui réclame à cor et à cri l’alternance, ou préparer en douceur sa succession et passer la main, quel choix fera l’actuel homme « Faure » du Togo ? La question reste posée.

Journal kusasanews

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