Le projet de Soro Guillaume de se rendre à Gagnoa, à l’invitation des chefs coutumiers, pour inaugurer leur siège et d’en profiter pour visiter des villages tels que ceux de Blé Goudé, de Laurent Gbagbo et de la mère de ce dernier, aura soulevé plus de réactions, certes justifiées, mais plus passionnées qu’il n’en faut. Après donc les émotions, passons à l’essentiel : que peut bien apporter la visite de Soro à Gagnoa, notamment au peuple de bété, privé de son illustre fils Laurent Gbagbo ? De la réponse à cette question découle ce que nous devrions absolument retenir de ce voyage, si polémique, de cette visite si obstinée.
A voir tout l’arsenal médiatique déployé par ses services de communication, à ses moindres faits et gestes, l’on comprend vite que Soro Guillaume, n’est pas homme à improviser. Il sait ce qu’il veut. Et, à l’évidence, en allant à Gagnoa, il sait ce qu’il prépare.
Face aux « embuches » qui semblent s’opposer à son voyage, il n’entend pas se laisser faire. Il lui faut « légitimer » sa visite. Toute l’armada de ses conseillers et de ses communicants est – dès lors – mise à contribution, pour ledit voyage. Un tour dans les médias, et on peut s’en rendre compte. Sur les réseaux sociaux, sur son site web dédié et sur son blog personnel, on retrouve des interviews de certains autochtones de Gagnoa. Au nombre desquelles, celle accordée par Gnépo Dédi Léopolde – présenté comme frère ainé de Blé Goudé Charles, leader de la galaxie patriotique, détenu en « résidence protégée ». Bien entendu, les personnes interrogées ne disent rien d’autre qu’être favorables à sa venue à Gagnoa. Dans ces interviews automatiquement relayées par la presse écrite proche de son cercle, les intervenants soutiennent qu’en tant que Président de l’Assemblée Nationale, donc deuxième personnalité du pays, son arrivée à Gagnoa « va tout changer ». Ils évoquent notamment le développement de la région, mais aussi la question si cruciale de la réconciliation, intimement liée à celle de la libération des prisonniers politiques. Notamment celles de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé Charles. Par ailleurs, la récente libération provisoire de 12 prisonniers politiques, pro-Gbagbo, à quelques jours de ce fameux voyage, ne laisse-t-elle pas entrevoir qu’il s’en servira pour les besoins de sa cause ?
Sur la question du développement de Gagnoa, inutile de se leurrer. Ce n’est pas Soro Guillaume, même avec tous les gris-gris de la rébellion, qui pourra réussir grand chose, là où son mentor Alassane Ouattara, chef d’Etat et « grand économiste » de son état, peine à trouver des « solutions ».
De même, sur celle relative à la libération des prisonniers politiques, l’on doit garder toute la sérénité nécessaire. Le disciple ne réussira pas à surpasser son mentor, ni à le contredire. Un mentor qui, à ses temps perdus à jouer les démocrates hors du commun, préconise qu’il faille « laisser la justice faire son travail ». Soro Guillaume ne fera donc pas mieux qu’« écouter » les populations et leur assurer en retour de « transmettre » leurs doléances. Certes, réussira t-il, tout au plus, à les « emballer » dans un discours politique. Un discours qui se voudra, hautement « réconciliateur » et truffé de promesses, par ces temps de vaches maigres, où de simples mots d’espoir suffisent à faire vivre celui qui les écoute.
Et même, si par extraordinaire, il en arrive à leur « garantir » la libération des prisonniers politiques, notamment celle de Blé Goudé, ou même de Laurent Gbagbo, sachons qu’il ne fera rien d’autre que forcer une porte qui est déjà ouverte. Faut-il le rappeler. Le processus de libération des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire, est le fruit de multiples pressions tant internes qu’externes, c’est le résultat d’une lutte acharnée contre un système mondial infernal et un régime dont la dictature n’est plus à prouver. Soro Guillaume et Alassane Ouattara, n’en sont que de simples pions. Inutile donc, pour Soro, de vouloir s’attirer les gloires d’un combat dont il n’est pas participant.
En définitive, la visite de Soro à Gagnoa, n’apportera rien de nouveau à Gagnoa, aux populations en proie à la pauvreté galopante, à la terreur ambiante entretenue par ses dozos et profondément affectées par la douleur d’avoir perdu à jamais un proche. Elle ne sortira pas non plus leur région de la misère. La visite de Soro Guillaume à Mama, Gnaliépa, Kpogrobo, Gnagbodougnoa…, n’aura qu’un seul et réel but pour lui : se faire valoir. Rien de plus. C’est le but précis que vise Soro Guillaume. Et, il entend se donner les moyens de l’atteindre, même en partant à Gagnoa contre vents et marées. Aller à Gagnoa participe pour lui d’un processus de mise en avant de son image de d’homme politique « correct », en route pour briguer la magistrature suprême. Il manœuvre « secrètement », en tirant ses ficelles et en préparant son avenir. Il espère y arriver, en comptant, à l’usure, sur la bonté des ivoiriens et sur… une fortune colossale, indument amassée.
Voilà ce qu’il faudra retenir de cette visite obstinée de Soro Guillaume à Gagnoa, sans jamais perdre de vue que cet homme qui se tiendra demain devant les populations de Gagnoa et singulièrement, devant le peuple bété, ne sera et ne restera rien d’autre qu’un rebelle, coupable du massacre de milliers d’ivoiriens innocents. Car tels sont inséparables le bouc et son odeur pestilentielle, tels sont inséparables, le chef rebelle, Soro Guillaume, et ses mains pleines de sang. Et si…, en fait, Soro Guillaume n’était qu’un « éclaireur » qui part préparer le chemin du véritable bénéficiaire de la rébellion armée en Côte d’Ivoire ?
Marc MIcaèl La Riposte