Ananguié, village situé à une dizaine de kilomètres d’Adzopé, a été le théâtre d’une scène inédite, d’un spectacle inexplicable pour le commun des mortels. Le mardi 20 Avril dernier, des enfants, cinq au total, dont la moyenne d’age est de 8 ans, 4 écoliers en classe de cours préparatoire 2ème année ( CP2), cours élémentaire 1ère et 2ème année ( CE1 et CE2) et une fillette, qui n’a pas encore l’âge d’entrer à l’école ( elle a 4 ans) se mettent à table devant la chefferie traditionnelle, leurs parents et le corps enseignant, avec à sa tête l’inspecteur de l’enseignent primaire d’Adzopé 1, M. Akadié Noël. Ils avouent pratiquer de la sorcellerie et pire, avoir fait passer de vie à trépas un de leurs enseignants, feu Angah Adou, décédé en début de ce mois d’Avril. « Nous avons tué M. Angah à l’aide d’une hache ! Au début, nous nous sommes transformés en serpent et l’avons mordu au pied, ce qui a occasionné une plaie incurable ! »
Soutiendra publiquement le petit Ossey Yapo, âgé de 10 ans, en classe de CE2, se réclamant chef du groupe. « Je me déguise en corbeau pour opérer », ajoutera-t-il. Quant à Odi Marc, lui aussi en classe de CE2, adjoint au chef de la confrérie, qui dit se déguiser en serpent, il apportera quelques précisions concernant la mort de leur enseignant. « M. Angah devait guérir si on lui amputait le pied, comme le voulait le médecin. Mais nous avons usé de notre pouvoir afin qu’il refuse, ce qu’il a fait ! Et pour ne pas qu’il revienne sur sa décision, nous l’avons achevé, dés son retour de l’hôpital, à l’aide d’une hache ! »
Les trois autres éléments du « chef » Ossey Yapo que sont Bamy Emmanuel Junior, en classe de CP2 (9 ans), Séka Yannick, CE1 (10 ans) et la seule fillette du groupe et la plus jeune, 4 à 5 ans, Grâce, révéleront à l’auditoire que 8 enseignants, MM. Ambeu Abekan, Séka Robert, Bessekon, Abo Assi, Brédji Alain, Dallo Eugéne et Mmes Koné Nanan et Adjé Marthe, sont déjà pris dans leur filet et passeront bientôt de vie à trépas ! Après des heures de négociation, la bande au « chef » Ossey a décidé de réfléchir à la libération des 8 enseignants ! Mais avant de s’exécuter, les cinq enfants sorciers ont exigé 3 poules et 2 coqs. Les enseignants (surtout les 8 en sursis) ne se sont pas fait prier pour s’exécuter immédiatement, sans se poser de question !
Acte 2 : Mise au point des élèves sorciers le 27 Avril
Ces écoliers qui défraient la chronique dans la région d’Adzopé ont donné les raisons de leur acharnement contre les enseignants. « Moi, je reproche à Mme Adjé Marthe, ma maîtresse de CP1, de m’avoir fait redoubler ma classe. C’est pour cela que j’ai rendu compte à mes amis et nous avons décidé de commun accord de mettre fin à ses jours » se justifie le jeune sorcier Bamy Emmanuel, âgé de 9 ans CP2. Quant à M. Dano Eugène, les jeunes sorciers lui reprochent le fait qu’il les empêche de cueillir les mangues qui sont dans sa cours. « Il est trop méchant, il refuse qu’on mange les mangues. Donc, nous voulons le manger lui-même » soutient-ils. Les 6 autres enseignants sont dans le collimateur du chef Ossey et sa bande « parce qu’ils sont trop sévères, ils ne cessent de nous bastonner » disent-ils.
Le cas qui était le plus sérieux, le plus difficile à régler est celui de M. Bréji Alain, qui aurait menacé les sorciers à l’aide d’une machette. « Il a la chance. Dites-lui de ne plus jamais reprendre ses menaces, sinon sa machette se retournera contre lui » ont-ils menacé. La petite Grâce de 4 ans, qui n’est dans aucune école, dit ne rien reprocher aux enseignants. Mais par solidarité, faisant partie du groupe, elle participe à cœur joie au festin ! Grâce à la médiation de l’inspecteur Akandié et de la chefferie traditionnelle (qui a duré une nouvelle fois toute une demi-journée), les petits sorciers d’Ananguié, ont décidé d’accorder un sursis à leurs enseignants qui doivent tenir compte des reproches de Ossey Yapo et des membres de sa confrérie ! Le filet a été ouvert et les cours reprennent prochainement.
Les enseignants sont avertis qu’ils sont soumis à des régles d’assiduité et de courtoisie.
Aboueu Tiô