Simone Ehivet Gbagbo—Parcours d’une femme pour sa passion : La Politique

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Femme des années ’40. Malgré les restrictions et les normes de l’époque, Simone Ehivet Gbagbo ne considère pas sa féminité comme un “handicap.” Pour le prouver, elle ne choisit pas le chemin le plus facile. Elle s’engage politiquement. Très tôt, à 17 ans, elle brise le mythe de l’existence rangée qu’on attendait des femmes de sa génération et participe à sa première grève. Ce petit pas signe le parcours de cette femme qui ne cessera plus jamais de se battre contre l’injustice et pour la souveraineté de son pays.Dans la clandestinité, elle fréquente les groupes révolutionnaires de gauche. Combat la politique Houphouëtiste de séquestration de la liberté d’expression, d’embastillement de toute dissidence ou contradiction politique, et d’interdiction de tout rassemblement de personnes qui veulent faire connaître leur opinion. Bousculant les normes statiques féminines, elle forme en 1982 avec Laurent Gbagbo, Aboudramane Sangaré, Émile Boga Doudou, Assoa Adou, Pascal Kokora, Pierre Kipré , la cellule politique non-autorisée, qui deviendra six ans plutard, le 20 Novembre 1988 un parti politique—le Front Populaire Ivoirien, après son congrès constitutif à Dabou, au sud d’Abidjan. 

 

Battante, disponible, la tête enfoncée dans le combat de libération de son pays, Simone Ehivet Gbagbo oublie le rythme trépidant de la vie mondaine et des facilités qu’offre la corruption dans le système érigé par la France en Côte d’Ivoire et placé sous la surveillance de Félix Houphouët Boigny. Au feu de cette bataille, elle soumet à l’analyse des stratégies pointues les unes les autres pour briser le monopartisme et faire respecter le pluralisme édité dans la constitution.
Le Front Populaire Ivoirien–FPI–reconnu officiellement en 1990, elle se sent l’obligation d’accomplir un autre devoir. Implanter ce parti sur le territoire national et lui donner une audience. Pour conquérir cette visibilité, Simone Ehivet entre en campagne pour Laurent Gbagbo, le candidat de son parti à la présidentielle d’Octobre 1990 contre Houphouët, le candidat des impérialistes Français. Suite à cette compétition électorale, Le FPI obtient officiellement 18.3%. Ce résultat fait de cette organisation la première force de l’opposition dans le paysage politique Ivoirien.

Cette combattante infatigable qui veut se donner des armes efficace pour briser le roc de l’impérialisme installé dans son pays, se présente aux législatives de Novembre 1990. Elle est élue dans la commune d’Abobo et siège à l’Assemblée nationale, ainsi que huit autres membres du FPI. Elle occupera ensuite la vice-présidence du parlement.
Poursuivant sa bataille et son ascension politique, elle devient en 2000 la première dame de Côte d’Ivoire avec la victoire de son époux Laurent Gbagbo aux présidentielles de 2000 face au général Robert Gueï. Avec lui ils engagent une vraie bataille contre le néocolonialisme. Ils mettent en route avec le concours de leurs camarades, le projet de santé pour tous, celui du budget sécurisé, celui de la création d’une monnaie nationale pour libérer leur pays du joug de la monnaie coloniale, le Franc des Colonies Française d’Afrique–FCFA–frappée en France et qui ruine les économies Africaines,…. Plusieurs axes de ce combat pour la souveraineté nationale, dont elle s’est investie entièrement, ont conduit à la guerre non-déclarée de la France contre le couple Gbagbo plus que contre la Côte d’Ivoire.

Son côté mise en beauté participe à cette lutte. Elle se maquille très peu. Naturelle, c’est en pagne, une des facettes de l’identité Africaine, qu’elle a su s’imposer, imposer, et faire autorité. Un mélange de soi et de l’Afrique qui est une forme de politesse à la culture et au peuple. Car pour elle, lorsqu’on est en politique on sert ceux qui font les politiques–le peuple et la fonction que l’on occupe. C’est ainsi qu’elle a pu toucher l’âme des gens, les convaincre, briser leur susceptibilité, et établir une relation privilégiée avec eux, pour la conquête de leur autonomie tant politique qu’économique.

Loin de la froideur dont les journalistes-commandos se plaisent à la parer, Simone Ehivet Gbagbo est une femme combative, qui a su faire de la politique sans se compromettre et qu’il fallait absolument abattre parce qu’elle a exigé davantage de liberté pour son pays, que la plupart des politiques n’ont osé. Une indélicate qu’il fallait jeter à bas, parce qu’elle a tenu bon face à la tyrannie de l’occident et à l’opportunisme de certains Africains comme Compaoré, Wade, Toumani Touré, Jean Ping, Raila Olinga,…mais surtout de Alassane Ouattara pousser dans le dos par la France, afin de reconfisquer l’Eburnie pour mieux le piller. Simone devrait être aussi assassinée parce qu’elle a amené un leadership moral dans ce pays et dans un monde où l’engagement politique au profit des autres est une denrée rare. Pour ces raisons elle a été la cible et la victime des médiocres. Car, comme le disait Einstein “Les grands esprits ont toujours rencontré une opposition farouche des esprits médiocres.”

D’accord avec elle ou pas, tous, de tous les bords, s’accordent à reconnaître que Simone, le regard candide, ne s’est pas contentée seulement d’être la femme de son époque mais l’une des femmes politiques les plus incontournables du moment en Afrique—même sous les fers. Elle est la figure de la femme combattante pour un monde libre. Pas autoritaire ni sanguinaire, mais dynamique, volontaire, et cultivée. Ce sont ces atouts, ces qualités, et sa capacité à faire face aux différentes crises qui ont été imposées à son époux, aux patriotes et résistants Ivoiriens, et à la Côte d’Ivoire, qui ont provoqué l’ire diabolique des occidentaux et de leurs laquais en communication. Mais Simone Ehivet Gbagbo demeure l’incarnation de la femme battante sous les jougs mais libre dans l’esprit.

Dr Feumba Samen

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