Je l’ai vu la première fois, un après midi dans mon salon à Port-Boüet, au quartier Serges Kassy où j’habitais. Il était accompagné de deux de ses camarades. ils étaient venus voir leur parrain car en ce temps, j’étais le parrain de tous les étudiants membre de la FESCI. On les fit asseoir, le temps que je sorte de la chambre. Je découvris un jeune frêle, tout innocent qui venait d’être élu secrétaire général de la Fédération étudiante de Côte d’Ivoire.
Après les salutations d’usage, il prit la parole et se présentât à moi, et me dit son ambition de remettre sur les rails la FESCI après ses déconvenues avec le gouvernement d’un certain Henri Konan Bédié sous Blé Guirao après le départ catastrophique de la tête du mouvement de Eugene Djué. L’idée donc de relancer le mouvement à travers une manifestation avec la présence du parrain à Bouake fut prise. Depuis lors, habitant la cité universitaire de Vridi sous son mandat, il venait régulièrement chez moi et nous ne nous sommes plus séparés.
J’ai pris des coups quand il eut des embrouilles avec le ministre de l’intérieur d’alors sous son mandat : descente musclée de la police à mon domicile, arrestation de mon petit frère qui fut libéré grâce à la mobilisation de tout le quartier. Simplement parce qu’un ministre nommé Dibonan (paix à son âme) le cherchait et mon domicile étant un lieu sûr de mes filleuls, je ne fut pas épargné.
Après son mandat, il eu en projet de créer son mouvement et de partir en France. C’est d’ailleurs au cours d’un rendez-vous auquel il m’accompagnait au Plateau, à l’hôtel Sofitel devenu Pullman aujourd’hui que je lui ai présenté le sergent Ibrahim Coulibaly dit IB à qui je devais remettre des cassettes qu’il m’avait demandé. C’était en 1999.
Des années après, quelle ne fut ma surprise et vraiment une grande surprise de voir ce gamin très ambitieux et très intelligent promis à un avenir certain devenir un chef rebelle tuant tout sur son passage pour mettre au pouvoir un homme qui va devenir aujourd’hui son bourreau.
il fut l’homme de mission, l’homme de main pour toutes les sales besognes. on dénombre à son actif 16000 morts selon le rapport de la commission nationale de réconciliation. Et tout cela afin de mettre au pouvoir son mentor.
Parvenu à ses fins, le jeune homme dont les mains sont imbibées de sang est devenu très gênant pour ses ambitions politiques et pour l’image de son régime dont les parrains occidentaux ne veulent plus en entendre parler. Et le jeune homme apprend à ses dépends aujourd’hui que Babylone n’a pas d’ami mais des intérêts et que dans la vie, la voie des armes pour être ou paraître est éphémère puisque ton passé te rattrapera toujours.
La machine à broyer s’est mise en marche contre le jeune homme avec le système très connu des 3L. D’abord, ils l’ont Léché : le robin des bois, le rebelle exemplaire(ministre, premier ministre, président de l’assemblée nationale). Puis le Lâcher depuis que le jeune veut prendre la tête du parti de son mentor . Dans son propre camp, on trouve qu’il a trop tué, qu’il a du sang sur ses mains. Lui qui était couvert pour tous ses crimes est subitement mis sous la rampe des medias. Enfin, il est Lynché, c’est à dire poussé à sa fin par de réelles accusations de tentatives de coup d’état, détentions d’arsenal militaire hors normes, mandat d’arrêts et poursuites pénales.
Le jeune homme, sonné et groggy comprend maintenant que Savimbi le célèbre rebelle angolais, croupit sous terre.
Guillaume Soro car c’est de lui qu’il s’agit a néanmoins son destin entre ses mains.
Que DIEU te pardonne Bogota.
LE PARRAIN.
Juste la voix de l’artiste en exil.
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