Recevant Mme Fatou Bensouda, alors procureur adjoint de la Cpi, en visite en avril 2012 à Abidjan, puis Luis Moreno Ocampo, à l’époque procureur de cette juridiction internationale, Alassane Ouattara avait déjà fait savoir que la Côte d’Ivoire a dorénavant décidé de ne plus extrader ses ressortissants vers la Cpi. Le chef de l’Etat estimant que la Justice ivoirienne est désormais à même de juger les Ivoiriens inculpés pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Selon des sources diplomatiques, cette décision du régime Ouattara continue de fâcher la Cour pénale internationale (Cpi) parce que le gouvernement ivoirien avait donné son accord formel de coopération pleine et entière dans le cadre des procédures engagées pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire pendant la crise postélectorale. Mais aussi pour les crimes commis dans le pays en septembre 2002. C’est dans cet ordre d’idée que le président Laurent Gbagbo a été déporté à La Haye, en novembre 2011, en violation de toute procédure par la Cpi en accord avec le régime Ouattara et la France sous Sarkozy. Selon nos sources, la Cpi joue grandement sa crédibilité dans le dossier ivoirien. D’autant que pour une bonne partie de l’opinion nationale ivoirienne et internationale, la Cpi constitue une juridiction partiale dans la crise ivoirienne. Elle est même soupçonnée de soutenir le camp Ouattara contre le camp Gbagbo. La Cpi se trouve donc dans un dilemme. Si elle accepte de ne juger que M. Laurent Gbagbo seul alors que MM. Alassane Ouattara, Guillaume Soro Kigbafori et leurs ex-chefs de guerre ont aussi une part de responsabilité dans tout ce que la Côte d’Ivoire a vécu ces dernières années, elle perdra définitivement sa crédibilité. Si elle ne l’accepte pas, c’est sûr qu’elle aura de la crédibilité aux yeux de l’opinion nationale et internationale qui pense, à raison, qu’il existe en Côte d’Ivoire, une Justice des vainqueurs instaurée par le régime Ouattara. Dans laquelle s’inscrit la procédure de la Cpi contre le président Gbagbo. Selon des sources diplomatiques, la Cpi a conscience que son image est fortement détériorée dans le dossier ivoirien. C’est qu’elle exige le bureau du procureur fasse bouger les choses pour extrader Guillaume Soro avant la fin 2012. Après quoi, suivront les seigneurs de guerre et immanquablement Alassane Ouattara.
Robert Krassault