Repenser la solidarité africaine [Par Jean-Claude Djéréké]

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Quand les autres posent un regard négatif sur nous, quand nos actes positifs ne trouvent jamais grâce à leurs yeux, quand nous nous sentons incompris ou rejetés, quand certains individus trouvent toutes sortes d’astuces pour nous dépouiller du peu que nous avons difficilement gagné, nous pouvons penser avec Jean-Paul Sartre que “l’enfer, c’est les autres”.
Mais, d’un autre côté, pouvons-nous vivre en autarcie? Coupés des autres, ne mènerions-nous pas une existence misérable? Une vie sans les autres ne serait-elle pas un enfer? Prenons un exemple concret: je vis seul et j’ai un souci de santé. Dans une telle situation, d’où me viendra le secours? De mon joli appartement, de ma belle voiture, de ma carte bancaire ou de mon iPhone dernier cri? Non. Chacun a déjà entendu parler de telle ou telle personne découverte plusieurs jours après qu’elle avait rendu l’âme dans une maison où elle vivait seule.
Les biens matériels, aussi nécessaires soient-ils, ne peuvent appeler l’ambulance qui nous conduira dans un hôpital. Seul l’homme peut le faire. Seul l’homme peut nous secourir. Voilà pourquoi Seydou Badian affirme que “l’homme n’est rien sans les hommes”. L’écrivain malien ajoute: ”il [l’homme] vient dans leurs mains et s’en va dans leurs mains.“ En effet, ceux qui sont nés à l’hôpital ont dû bénéficier des soins d’une sage-femme. Le jour où ils quitteront ce monde, ce sont des semblables qui les mettront dans un cercueil, puis dans une tombe.
L’Africain doit-il opter pour l’individualisme qui a montré ses limites en Occident ou bien embrasser une vie communautaire sans limites? La solution serait peut-être de trouver un équilibre entre vivre replié sur soi et se laisser bouffer par les autres, de pratiquer la solidarité tout en combattant le solidarisme qui n’a rien à voir avec la solidarité. Léon Bourgeois donne à ce mot la même signification que “solidarité”. C’est une erreur. Moi, j’appelle “solidarisme” la solidarité poussée à l’excès. Loin d’enrichir ceux qui en profitent, ce solidarisme finit par appauvrir et tuer quiconque n’a pas le courage de dire non à certaines sollicitations.
Jean-Claude Djéréké
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