Régénération du panafricanisme : Entre interdépendance, sécurité, valeurs ajoutées et solidarité

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1. REFONDER LE PANAFRICANISME DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE

Les arrangements de certains pays ayant dominé ensemble un monde unipolaire comme les Etats-Unis, les pays de l’Union européenne avec des « démocraties libérales ou néo-libérales », des « démocraties électorales », des « autocraties électorales » et des « autocraties fermées » en fonction d’une politique à géométrie variable dès lors qu’il s’agit de défendre et protéger les intérêts de ces pays, ne sont plus tenables, ni soutenables. Afin de ne plus apparaître en première ligne, la stratégie de la sous-traitance de la défense de leurs intérêts en Afrique par des dirigeants africains « peau noire, masques blancs » a paradoxalement ouvert la conscience du Peuple africain face aux enjeux mondiaux.

Grâce aux réseaux sociaux et l’instantanéité de l’information et des contradictions, les Africains et afrodescendants d’hier, d’aujourd’hui et de demain, tentent de se réorganiser en empruntant, non sans refontes profondes, les trajectoires sinueuses du rêve panafricain. Mais, le problème est que les institutions officielles qui se réclament du panafricanisme en Afrique ne sont que des pâles représentations, voire des fausses représentations de l’Idéal panafricain. Les Africains et afrodescendants d’hier et d’aujourd’hui tentent de se réorganiser pour se rapprocher du « rêve panafricain » afin de retrouver les fondements de construction d’un avenir meilleur pour les générations futures, en rappelant, par une prise de conscience collective, les impératifs de la souveraineté et de l’indépendance des Peuples africains.

Alors, quand un rapport sur la Démocratie portant sur la période 2011 et 2021 permet de regarder dans le rétroviseur des avancées démocratiques et des libertés et des droits fondamentaux dans 220 pays, il n’était pas inutile de focaliser sur quelques pays africains pour mettre en perspective les limites de l’analyse.

En effet, le passage d’un monde unipolaire basé sur l’usurpation des richesses africaines est en train de prendre fin ici et là grâce à la concurrence des acteurs. Ce monde multipolaire en émergence devrait bénéficier aux Africains et afrodescendants. Encore faut-il pouvoir organiser le panafricanisme sur des bases stratégiques et opérationnelles en tenant compte des rapports de force en présence, et éviter naïvement de se concentrer uniquement sur l’histoire du panafricanisme et des lamentations sans actions. Les peuples feront sauter la fameuse « prime à la stabilité des autocraties » par le télescopage de la « prime à la démocratie, fondée sur la vérité des urnes » en Afrique, de plus en plus réclamée par les Peuples africains et les Afrodescendants. En filigrane, il est question de refonder un nouveau système socio-politique africain qui devra reposer -et non pas s’en éloigner- sur les valeurs des Pharaon Noirs de l’Egypte ancestrale fondées sur la Maât : vérité, justice, solidarité et harmonie[2].

2. REDEFINIR LE PANAFRICANISME : POINT DE VUE DES PEUPLES AFRICAINS ET D’ASCENDANCE AFRICAINE

Le panafricanisme est une manifestation des peuples noirs et d’ascendance africaine qui est apparu, paradoxalement d’abord à l’extérieur du continent africain[3], puis au sein du continent[4], en réaction à :

  • l’esprit de déstabilisation[5] des civilisations noires[6] et de la relation primordiale des « Peuples premiers » à la déité avec ses déclinaisons ancestrales ;
  • la mise en œuvre systémique de la destruction systématique de l’organisation afrocentrée des peuples africains et d’ascendances africaines[7].

Aussi, les multiples définitions du « panafricanisme[8] » qui tentent d’enfermer ce processus historique de réappropriation par les Peuples africains de leurs destinées communes doivent être considérées comme partielles et partiales. En effet, le processus en cours se limite souvent aux actions ou non-actions des chefs d’Etats africains, peu légitimes aux yeux d’une très grande majorité des peuples africains et ceux d’ascendance africaine.

Les contre-coups de l’usurpation des Peuples Africains par l’esclavage et l’exploitation des richesses africaines partout où cela s’est produit ne peuvent être occultés tant de l’analyse que des prospectives sur le panafricanisme. Les formes modernes de l’exploitation du peuple noir et d’ascendance africaine, et par extension des communautés organisées autour de la non-violence, de la primauté du « bien sur le mal » et du bien-être de la communité sur l’individu ont graduellement conduit à des déclinaisons multiples d’un projet politique, économique, social, environnemental, culturel et cultuel d’un projet panafricain sans impérialisme. A contrario, il est important de s’interroger aujourd’hui sur la qualification de l’agression subie par les Peuples africains en termes de « barbarie ou de civilisation[9] » ?

En effet, le panafricanisme devrait se définir, de prime abord, comme une vision politique, économique, sociale, environnementale, culturelle et cultuelle d’émancipation des Africains. Il s’agit d’un processus non-centralisé et délocalisé progressant géographiquement à des vitesses aléatoires au gré des agressions subies par les peuples noirs, à l’extérieur du continent, puis de plus en plus à l’intérieur des territoires où l’on retrouve des peuples noirs et d’ascendance noire, et par extension, les peuples opprimés, au sens large du terme.

A défaut d’une trajectoire commune, le panafricanisme ne peut être limité à prendre conscience de la férocité de l’ennemi commun à visages multiples aux plans international, régional et/ou national.

3. PANAFRICANISME : NEUTRALISER LES AMBITIONS MONDIALISTES DU MAL

Le processus devant conduire à l’avènement du panafricanisme consiste d’abord à retrouver l’indépendance individuelle et collective, l’autonomie, la souveraineté, la liberté, le pouvoir et le droit de choisir sa destinée en se réappropriant la trajectoire historique et du bonheur rappelés par les ancêtres divinisés et le Dieu primordial des peuples premiers. En effet, nul ne peut mieux comprendre les problèmes des Africains et de sa Diaspora que les Noirs et les Africains et d’ascendance africaine y compris les métis et les mulâtres. La gouvernance postcoloniale fondée sur le paternalisme, la spoliation et la condescendance ne perdure que parce qu’il existe encore trop de dirigeants africains, publics comme privés, adeptes de cercles ésotériques dominés par le monde occidental blanc, qui orchestrent en Afrique et partout où les missions leurs sont confiées, d’exclure ou de ridiculiser toutes les Africaines et tous les Africains conscients y compris dans la Diaspora, des enjeux mondiaux et plus particulièrement des enjeux d’inversion des rapports de force que sous-tend le mouvement panafricain.

Le panafricanisme, cette conception de l’Afrique sans les frontières coloniales, demeure à ce jour combattu par de nombreux dirigeants africains qui refusent de s’organiser pour lever l’intangibilité des frontières[10]. En filigrane, c’est bien l’objectif principal d’indépendance individuelle et collective effective qui a souvent été oublié, avec ou sans lavage de cerveau, suite à la razzia culturelle passant par la violation et le pillage, opérée par des Peuples venus d’ailleurs. Etrangers en Afrique mais décidés à la recoloniser en sous-traitance, imposant par la barbarie et les armes toutes sortes de brutalités, leur vision occidentale égocentrique caractérisée par la culture de la marchandisation, d’abord de l’être humain, puis progressivement de tout ce qui peut l’être au nom de la sacralisation du commerce, du libre-échange et de la mondialisation libérale.

A ce propos, c’est la proclamation, haut et fort, de la volonté de faire progresser le champ de la « démocratie » qui a souvent servi de justification à l’impérialisme expansionniste sous-jacent pour déstabiliser par des coups d’Etat et des guerres directes ou par procuration, des nations entières.

Le panafricanisme, d’abord par la prise de conscience, puis par la dénonciation, et graduellement par l’organisation interne malgré les trahisons, devrait s’opposer, et finalement s’imposer, à cette ambition mondialiste du mal en se gardant, autant que faire se peut, des trahisons autochtones que ne manquent pas de susciter les agents du néo-impérialisme.

En cela, le panafricanisme a pour vocation non plus seulement de faire prendre conscience de leur sort aux Africains et aux Afrodescendants. Il s’agit également d’affirmer sa vocation internationaliste, en réveillant la conscience de toutes les personnes opprimées, en attisant leur volonté de s’opposer à l’aliénation culturelle véhiculée par les médias politiquement corrects en neutralisant partout où ce sera possible, les obédiences de sujétion, de soumission et de subordination. L’émancipation devient une obligation historique pour celles et ceux qui sont conscients des enjeux panafricains et mondiaux.

Si le panafricanisme suppose d’abord de structurer un mouvement de neutralisation des ambitions mondialistes des agents vecteurs du mal sur la terre, le mouvement panafricain doit prioritairement s’atteler à vaincre spirituellement et temporellement ces forces du mal afin de réussir aussi le processus matériel et physique. Les principes de l’innocence face au mal et à la déstabilisation sont des atouts non négligeables et souvent inconnus des Africains et des afrodescendants.

4. TRAVESTIR LA CIVILISATION ET LA CULTURE NOIRES : UN IMPERATIF DES SUPREMACISTES BLANCS

Au demeurant, historiquement, l’accueil des « touristes étrangers esclavagistes » sur le sol africain et l’ouverture d’esprit du Peuple africain se sont soldés par un génocide culturel des civilisations noires. En effet, les racines profondes de la civilisation occidentale sont issues des cultures afro-asiatiques, de l’Egypte ancestrale en particulier[11]. Principalement pour des raisons de complexe d’infériorité et de racisme, la subtilité des élites dirigeantes occidentales a systématiquement consisté à ignorer, nier, effacer, voire supprimer ou travestir ces influences afro-asiatiques[12].

Travestir la civilisation et la culture noires, c’est organiser la déclinaison de la vérité historique et donc des luttes des noirs et des Africains et afrodescendants en des syncrétismes multiples avec comme point commun l’assimilation et d’intégration à la culture dominante. Ce masque par l’acculturation, imposée grâce à une avancée technologique en termes d’armes de destruction massives au plan militaire, a été relayé par le nettoyage de l’imaginaire africain et son remplacement par un système de valeurs et de religions en déphasage avec le lien direct des Africains et Afrodescendants avec le monde de l’invisible devant les cheminer vers Dieu.

Dans un tel système, la vérité et justice envers le Peuple noir et ses Afrodescendants sont proscrites, ou à défaut, ne peuvent avoir lieu qu’une fois que l’on est mort intellectuellement ou physiquement. Il y a encore des groupes d’individus en Occident qui affirment qu’ « un bon nègre est un nègre mort »… Il s’agit d’un vocabulaire raciste que l’on retrouve chez les suprémacistes blancs, officiellement ou officieusement.

La mort, que ce soit par l’appauvrissement ou l’aliénation, consiste à accepter l’asservissement comme une fatalité « divine » avec comme mot d’ordre « de pardonner » et d’œuvrer pour la paix pour les vainqueurs et les usurpateurs. Les victimes, voire les martyrs, n’ont qu’à se « taire » et reposer en silence… La civilisation blanche et sa culture occidentale, imposées aux Peuples noirs et aux Afrodescendants, sont une « déviation existentielle » selon Frantz Fanon. Il suffit de rappeler que la construction linguistique de l’âme « noire » et la notion de purification du noir « plus blanc que neige » relève du non-sens pour un panafricaniste. Pourtant, les expressions sont nombreuses et n’existent pas dans les langues africaines avec les mêmes significations « occidentalisées ». Rappelons tout de même qu’il y a systématiquement une connotation négative comme si le mal était « noir » puisque ce qui est mal, diabolique ou négatif, est trop souvent associé au mot « noir » :

  • broyer du noir pour avoir des pensées extrêmement négatives, voire être catastrophiste ou défaitiste ;
  • entrer dans une colère noire signifie se mettre dans une colère effroyable
  • travailler au noir signifie travailler sans être déclaré voire frauder
  • être la/avoir une bête noire signifie le fait d’être détesté par quelqu’un ou de détester une personne/une chose
  • mouton « noir » pour la brebis galeuse, et par extension le bouc-émissaire ;
  • une série noire pour une succession de problèmes ou de malheurs qui s’accumulent ;
  • être la bête noire de quelqu’un pour quelque chose ou une activité que l’on redoute le plus ;
  • être noir pour être saoul ;
  • avoir un regard noir / regarder d’un œil noir / lancer un regard noir pour être mécontent ou en colère ;
  • une caisse noire qui équivaut à une réserve d’argent utilisé souvent de manière non-transparente, voire illicite, à la base de la corruption et des biens et contrats mal acquis ; etc.

Il suffit pourtant de remplacer le mot « noir » par blanc et que la phrase soit exprimée par une personnalité noire ou un afrodescendant pour se rendre compte de l’absurdité et du non-sens.

La vague actuelle autour de la restitution des masques et objets africains volés et spoliés sans condamnation des auteurs de ces pillages en dit long sur la « blancheur d’âme » de ceux qui ont perpétré ces actes barbares.

Aussi, travestir les mots pour mieux contribuer à la transmutation de la civilisation et la culture noires vers l’auto-asservissement est un impératif des suprémacistes blancs. Le réveil des Africains en évitant de reproduire ces formules imbibées d’eurocentrisme pourrait changer la donne.

5. POUR ETRE RESPECTÉ ET SE FAIRE RESPECTER : RUPTURES SPIRITUELLES ET POLITIQUES

En Afrique, les objets sacrés constituent tout un ensemble de valeurs, de références culturelles, spirituelles et identitaires. Ils font partie intégrante de l’art africain, et représentent souvent la relation entre le monde visible et le monde invisible, principalement le divin, l’ancêtre sous des formes diverses de l’abstrait et du réel.

Autrement dit pour stopper durablement le cours historique de l’avènement du panafricanisme, un système cultuel et culturel a été graduellement mis en place pour identifier, annihiler ou à défaut organiser la confusion et la déstabilisation afin de permettre, de manière systémique, l’organisation du non-alignement et l’autonomie financière et militaire, du processus de réappropriation des droits des peuples noirs et d’ascendance africaine. En cela, certains pays africains ont compris que sans une « rupture » avec la puissance coloniale et ses tentacules divers et variés, la « renaissance africaine » ne sera pas possible.

Il suffit de citer l’Algérie, le Rwanda et le Mali pour comprendre les relations tumultueuses avec l’hydre postcoloniale, tant il est difficile de maîtriser le mal qui agit par délégation et sous-traitance en cooptant des noirs et afrodescendants de type « peau noire, masques blancs[13] » … La femme noire, l’homme noir et tous ceux qui, afrodescendants ou pas, se reconnaissent dans cette condition de dépendance que constitue l’état de la « peau noire, masques blancs », doivent se libérer de la gangue misérable que constitue l’assimilation à un « autrui » blanc. Pour ce faire, le Noir ou l’Afrodescendant (femme comme homme) doit creuser en leur propre sein, tout comme au sein de cette nouvelle communauté panafricaine élargie aux oppressés du monde, pour retrouver le sens de leur Histoire et de leur Destinée individuelle et collective.

Pour cela, il faudra mettre fin aux cercles vicieux et résurgents de l’histoire de l’asservissement de l’homme par l’homme. Il faudra aussi se débarrasser du mythe du « blanc supérieur au noir », et du « noir qui qui se prend pour le blanc » et donc supérieur à son frère noir ou sœur noire, quitte à trahir sa communauté noire d’origine, pour devenir le « nègre moderne » ou le « nègre alimentaire ». Ce « nègre de service » est bizarrement celui qui vend sa grand-mère et sa famille pour être bien vu par un « blanc » ou se tenant prêt pour recevoir des faveurs, une forme de « clientélisme » ! Le paradoxe est que ce qui vaut pour l’individu, envahit la sphère de la Communauté et se retrouve au niveau d’un Etat dirigé justement par un « nègre de service ». Il n’y a rien de pire pour l‘émancipation des Peuples noirs qu’un Noir assimilé !

C’est ainsi qu’une nation, une région, et même une institution peuvent être instrumentalisées pour servir des intérêts contraires à ceux du Peuple africain et panafricain. Le rôle récent joué par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) apportent le témoignage de nouvelles formes de sous-traitance et d’asservissement[14]. En effet, les Etats-membres de cette sous-région ont été collectivement condamnés par la Cour de justice régionale (UEMOA) pour avoir unilatéralement et illégalement décidé des sanctions contre l’Etat du Mali, dirigé par le Colonel Assimi Goïta suite à un deuxième coup d’Etat. La réalité des rapports de force est qu’aucune sanction n’a été prise.

6. PANAFRICANISME EN MOUVEMENT : REFONDER LE SACRE ET LE SPATIO-TEMPOREL

Au plan spirituel, Il fallait donc :

  • détruire la cosmogonie originelle des Peuples africains ; et
  • remplacer la vénération primordiale des peuples premiers d’un Dieu de l’harmonie de l’ordre, quitte à empêcher ou détourner les cultes ancestraux liant le monde de l’invisible au monde du visible sur la base de l’organisation de l’ordre de la déclaration d’innocence.

Il s’agit pour l’individu comme pour la communauté de s’organiser pour rester « innocent » quant au respect des pratiques, des traditions et des projections de l’avenir réservé au Peuple par un Dieu-Esprit, gouverneur des mondes visibles et invisibles.

La recherche permanente pour retrouver aux plans individuel et collectif, une sorte d’harmonie et de paix avec ce Dieu créateur des Peuples premiers, a généré dans toutes les civilisations noires, le refus de l’agression collective des autres peuples, avec en contrepartie, la foi naïve que la réciproque devait se vérifier. Malheureusement, ce ne fut pas le cas et c’est en cela que la trajectoire historique d’organisation d’une société des peuples noirs et d’ascendance africaine demeure une priorité, une urgence, voire un impératif compte tenu des agressions externes et internes, retardant la prise de conscience collective d’un objectif commun à atteindre.

Les pâles imitations cultuelles des libations ancestrales ont graduellement divisé le mouvement panafricain en deux principales grandes catégories interdépendantes :

  • celles et ceux qui ont choisi de n’agir que par la voie des pratiques religieuses ou mystiques, quelles que soient les obédiences ;
  • celles et ceux qui ont opté pour agir par la voie de la conscientisation des peuples et les actions politiques au sens le plus large du terme.

Dans chacune de ces catégories, les déclinaisons sont multiples, passant de celles et ceux qui parlent d’agir mais n’agissent pas, et celles et ceux qui agissent sans trop faire le bilan, souvent négatif, de leurs initiatives passées. Il va de soi que ces deux grandes catégories sont totalement interdépendantes dans la pratique. D’ailleurs, le mouvement panafricain qui se focaliserait uniquement sur l’une ou l’autre des catégories n’essuiera que des échecs, comme en témoignent l’histoire des dirigeants africains panafricains assassinés au cours des années des indépendances africaines ou dès lors qu’ils contestent l’usurpation des Africains par la force unilatérale de la suprématie occidentale.

Paradoxalement, la compétence et l’efficacité, donc les stratégies et les tactiques gagnantes sont à méditer, organiser, avant leur mise en œuvre. Malheureusement, là encore, les initiatives parcellaires, parfois en vase clos, ne sont pas de nature à favoriser l’accélération de l’objectif opérationnel plus connu qui consiste à : parvenir à organiser et unifier les peuples africains et d’ascendance africaine, à savoir la Diaspora africaine d’hier, d’aujourd’hui et de demain, en une communauté africaine transnationale :

  • qui a pris conscience de son histoire et sa destinée commune ;
  • qui, librement et volontairement, a choisi de s’organiser collectivement avec des représentants choisis sur le principe du non-alignement, de principes démocratiques et de prises de décision consensuelles ;
  • qui souhaite œuvrer pour une communauté inclusive sans « laissés-pour-compte » fondée sur l’innocence, la vérité, la justice, et la paix ; et
  • qui s’organise sur la base de réappropriation de la détermination de sa trajectoire historique, de ses richesses et de son savoir ancestral des relations de bon voisinage entre le monde du visible et de l’invisible, pour assurer un progrès vers le bonheur sur la terre et dans l’au-delà.

7. PANAFRICANISME AU SERVICE DES PEUPLES AFRICAINS : INTERDEPENDANCE, AUTO-DEFENSE ET NON-VIOLENCE ET CRÉATION DE VALEURS INCLUSIVES

Il n’y a donc pas de communauté africaine transnationale sans une organisation de l’interdépendance africaine aux plans politique, économique, social, environnemental, culturel et cultuel. C’est donc de cette interdépendance fondée sur des relations pacifiées, d’une gouvernance de la compréhension mutuelle, de la compensation universelle, toutes découlant des principes d’unité des sociétés des Peuples premiers, que pourra émerger un panafricanisme innovant, porteur de possibilités d’intégration d’autres sociétés adhérant à ces principes d’auto-défense et de non-violence.

Malheureusement, le passage par la case « interdépendance » a systématiquement été oublié. La négligence de ce paramètre explique grandement l’actualité de la situation sur le terrain de l’organisation africaine prônant l’union, puis l’unité tout en faisant dépendre leur budget, à plus de 80 %, d’entités étrangères aux valeurs africaines et ayant des intérêts contraires aux Peuples africains et d’ascendance africaine. Si l’interdépendance doit se décliner aux plans politique, économique, social, environnemental, culturel et cultuel, cette notion ne pourra pas faire l’économie de la sécurité militaire des Etats et de la solidarité entre les peuples.

La réalisation d’une organisation politique intégrée de toutes les nations et peuples d’Afrique demeure un rêve vivace qui suppose d’avancer uniquement avec celles et ceux qui y croient, s’engagent en prenant conscience de l’importance des obstacles, en particulier l’écueil de la déstabilisation, souvent extrêmement bien organisés et bien médiatisés, pour annihiler ou retarder les progrès vers l’interdépendance africaine. L’unité politique n’apparaît plus comme une condition sine qua non compte tenu du nombre trop élevé de dirigeants africains ne défendant plus en priorité les intérêts de leurs peuples respectifs, mais celui de leur intérêt propre ou d’intérêts étrangers. Il arrive que ces dirigeants soient tout simplement instrumentalisés, avec mission d’organiser la médiatisation d’un flou artistique auprès de populations peu informées et occupées à organiser, souvent pour simplement survivre, leur quotidien centré sur la santé, l’alimentation et l’éducation de leurs enfants.

Il est donc bien question de ne pas laisser le « panafricanisme » évoluer sur la base uniquement des frustrations du passé fondées sur les violations des droits humains par les peuples envahisseurs et génocidaires.

Mais il n’est pas question non plus de ne pas faire preuve de sagesse en évitant les insultes et invectives inutiles dans les constats quotidiens et les planifications stratégiques de neutralisation du panafricanisme intelligent. Aussi, la régénération du panafricanisme ne pourra pas faire l’économie d’une refondation de la culture afrocentrée de l’interdépendance et ses déclinaisons politiques, économiques, sociales, environnementales, culturelles et cultuelles. Rappelons que le message de Kwame Nkrumah sur l’unité de l’Afrique daté du 24 mai 1963 reste d’actualité : « J’ai souvent été accusé de mener une « politique de l’impossible ». Mais je ne peux pas croire à l’impossibilité de réaliser l’Union africaine… L’Afrique doit s’unir. Nous avons devant nous non seulement une opportunité mais un devoir historique[15] ».

Malheureusement, l’Union africaine (UA) des chefs d’Etat, créée en 2002, n’est pas l’Union africaine fédérale et panafricaine au service des Peuples africains comme le souhaitait le Dr. Kwame Nkrumah. Cette institution continentale se présente aujourd’hui comme plutôt comme un instrument d’asservissement et de domination des Peuples africains par leurs propres dirigeants, qui sont pour une grande partie, sournoisement manipulés et télécommandés par des pays étrangers qui n’ont pas encore intégrés les lois d’un monde multipolaire.

8. PANAFRICANISME FOURVOYÉ : FALSIFICATION DE LA DÉMOCRATIE ET RÈGNE DE L’AUTOCRATIE

Comment dérouter, désorienter et fourvoyer le mouvement profond et lent du panafricanisme ? Il suffit de falsifier la démocratie en des autocraties en télécommande. Clarifions les concepts.

La démocratie est redéfinie comme un régime politique dans lequel les citoyens, libres ou pas, exerceraient la souveraineté et disposeraient du pouvoir. Le pouvoir du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple. Or dans les faits, tel quel, ce régime n’existe nulle part.

Aussi, il s’agit principalement d’un régime politique dans lequel le Peuple se choisit, librement ou sous contraintes explicites ou implicites, ses représentants.

L’autocratie qualifie un système politique où un seul homme ou groupe d’individus travaillant en bande organisée, en priorité pour leurs intérêts propres ou pour la protection les intérêts étrangers, disposent de fait, de l’essentiel, sinon de tout le pouvoir régalien, constitutionnel ou pas, de l’essentiel, sinon de tout le pouvoir régalien. Cela ne les empêche pas d’émerger sur la liste tenue par les organisations de la société civile non instrumentalisées comme des tenants de la violence, des tortures, des abus de droit et des promoteurs de l’usage excessif de la force.

Aussi, lorsqu’on s’intéresse au Panafricanisme d’ici 2030, le problème n’est pas tant d’avoir un régime démocratique ou un régime autocratique, mais bien de s’assurer que les idéaux du panafricanisme vont de pair et sont en osmose avec les aspirations des populations. Or, en Afrique, les régimes « dits » démocratiques ou autocratiques en Afrique ont réussi, au cours des sept dernières décennies, à mettre en place une falsification de la démocratie et la promotion de l’autocratie. Les indicateurs et statistiques sur la « démocratie » peinent à faire état de cette situation captieuse et équivoque. Il faut donc bien rappeler que l’Union africaine actuelle n’est en rien une expression du panafricanisme souhaité par les fondateurs et promoteurs, encore moins le souhait des Peuples africains.

9. RAPPORT SUR LA DÉMOCRATIE DANS LE MONDE EN 2021

Un important travail d’analyse de l’évolution et le changement de nature de la démocratie et les alternatives autocratiques a été accompli par un réseau de 3.700 experts sous la coordination de l’Université de Gothenburg en Suède en 2022 Le rapport dit « Rapport annuel de l’Institut V-Dem pour Varieties of Democracy[16] » dit le « Rapport sur la démocratie » porte sur l’évolution dans la durée et les tendances ou pas à la démocratisation ou à l’autocratisation des régimes politiques dirigeantes dans le monde. Sur la base de nombreux indicateurs s’étalant principalement entre 2011 et 2021, une typologie a permis un classement des 202 pays choisis en quatre catégories mettant en exergue l’évolution ou la régression des pays et des régimes politiques en termes de droits, liberté et égalité : 1/ les « démocraties libérales » ; 2/ les « démocraties électorales » ; 3/ les « autocraties électorales » ; et 4/ les « autocraties fermées ».

Les résultats pour l’année 2021 ont conduit les auteurs du Rapport à constater que « L’expansion massive des droits et des libertés démocratiques, qui avait suivi la fin de la guerre froide, a été perdue », ce particulièrement entre 2011 et 2021[17].

En effet, la population mondiale vivant dans des régimes autoritaires est passée de 49 % à 70 %. Pour la même période, le nombre de pays classés comme « autocratie » est passé en 2011 de 5 pays à 32 pays en 2021. En corollaire, le nombre de pays où la liberté d’expression a régressé est passé de 5 en 2011 à 35 en 2021. Aussi, il ne sera plus possible de considérer comme une démocratie un pays où la liberté d’expression est muselée par des lois liberticides ou l’arbitraire d’un Etat policé ou militaire. Cette régression fâcheuse s’est accélérée en Afrique au cours de la période de pandémie Covid-19 et se renforce avec les attaques terroristes.

En constatant qu’entre 2011 et 2021, la part de la population mondiale vivant dans un pays mettant en œuvre une gouvernance autocratique est passée de 49 % à 70 %, il faut bien se rendre à l’évidence de la responsabilité de la « communauté internationale » et principalement les pays occidentaux démocratiques de l’erreur stratégique consistant à adouber, voire promouvoir les démocraties de façade, notamment en Afrique en fonction :

  • de la défense directe ou par réseaux interposés de leurs intérêts primaires d’accès aux matières premières à des conditions largement en dessous du prix du marché ; et
  • de la défense de leurs intérêts stratégiques individuellement ou collectivement pour préserver des pré-carrés et des influences en assurant une présence discrète par télécommande ou en sous-traitance.

Le Rapport sur la Démocratie 2022 offre trois angles d’analyse à partir des indicateurs collectés.

  1. Le classement des pays en 2021 à partir de l’indice de démocratie libérale (IDL) et de l’indice des régimes [type de gouvernance, ndlr]du monde (RdM) ;
  2. Le classement des pays qui sont en train d’évoluer vers une plus grande démocratisation et ou de régresser vers une plus grande autocratisation ;
  3. Le classement des pays avec une « concentration » de données portant sur des coups d’État, la polarisation de signaux portant sur l’absence de transparence comme la désinformation, avec en filigrane la mise en valeur d’une démocratie fourvoyée.

Notons tout de même dans ce Rapport qu’à peine 3 % de la population mondiale ont pu expérimenter une phase de démocratisation en 2021. Selon le Rapport sur la Démocratie, le processus de démocratisation ou de régression vers l’autocratie n’est pas un phénomène spécifique à l’Afrique et que les 15 pays qui se démocratisent et les 32 qui s’autocratisent se retrouvent dans toutes les régions du monde[18].

10. RAPPORT SUR LA DÉMOCRATIE : LES COUPS D’ETAT CONSTITUTIONNELS SONT EXCLUS

En Afrique subsaharienne, quatre pays ont progressé sur la voie de la démocratie : Madagascar, Malawi, Seychelles et Gambie. Onze pays africains ont régressé par rapport à 2011 : Bénin, Botswana, Burundi, Comores, Ghana, Côte d’Ivoire, Mali, Maurice, Mozambique, Tanzanie, et Zambie. Il est donc étonnant que des pays comme le Togo ou le Tchad ne figurent pas dans la liste compte tenu des lois liberticides, des interdictions de manifester, des emprisonnements arbitraires qui prévalent dans ces deux pays, pour ne citer que ces deux-là.

Deux pays d’Afrique subsaharienne, à savoir le Bénin et les Comores, se classent au premier rang en termes de diminution des contraintes législatives au cours des dix dernières années. Pourtant, le Bénin figure parmi les pays où l’opposition a été empêchée de compétir et c’est justement le pays qui a mis le plus de contraintes pour faciliter la participation des partis d’opposition. Un paradoxe du rapport sur la Démocratie.

Parmi les principaux sous-indicateurs marquant les progrès ou régression des libertés et de la démocratie, on trouve : l’Etat de droit, la liberté d’expression, la liberté d’association, les élections propres que nous considérons comme transparentes fondées sur la vérité des urnes non falsifiée ; les contraintes législatives ; les contraintes judiciaires. De nombreux autres indicateurs sont pris en compte et sont en régression[19].

Aussi, l’approche afrocentrique consiste à analyser quelques pays du G7 comme la France et certains pays africains, le Togo, le Tchad, le Mali et le Rwanda pour mettre en valeur les insuffisances du rapport quant aux décisions stratégiques qu’il pourrait susciter en Afrique. Il est question de rappeler le « score » des pays choisis pour chacun des quatre grands indicateurs du Rapport sur la démocratie à savoir : 1/ les « démocraties libérales » ; 2/ les « démocraties électorales » ; 3/ les « autocraties électorales » ; et 4/ les « autocraties fermées ».

INDICATEURS DU RAPPORT SUR LA DÉMOCRATIE

Régimes du monde choisis en 2021*

Pays choisis parmi 202 pays Démocraties libérales

DL

Démocraties électorales

DE

Autocraties électorales

AE

Autocraties fermées
AF
Coup(s) d’Etat** Régression des libertés
Autriche DE ↓
France DL –
Afrique du sud DE ↓
Bénin AE ↓ Oui
Burkina-Faso DE
Mali AF ↓ Oui
Congo (Rep. Dém.) AE
Gambie AE +
Guinée AF ↓ Oui Oui
Maroc AF
Nigeria AE +
Rwanda AE Oui
Soudan AF ↓ Oui Oui
Tchad AF ↓ Oui Oui
Togo AE Oui
Arabie Saoudite AF Oui
Haïti AE Oui Oui
V-DEM (2022). Democracy Report 2022. Autocratization Changing Nature? Department of Political Science. University of Gothenburg: Gothenburg Sweden. Accédé le 31 juillet 2022. Voir https://v-dem.net/media/publications/dr_2022.pdf, p. 45 et ss.

* le signe – indique qu’en tenant compte de l’incertitude, le pays pourrait appartenir à la catégorie inférieure (régression en cours)

Le signe + signifie que le pays pourrait également appartenir à la catégorie supérieure (progression en cours).

Le signe ↑ indique que le pays voit un mouvement vers le haut d’un niveau 2011 à un autre 2021

Le signe ↓ indique que le pays voit un mouvement vers le bas d’un niveau 2011 à un autre 2021.

** Coups d’Etat militaires (les coups d’Etat constitutionnels sont absents du rapport sur la Démocratie).

Il va de soi qu’en comparaison, le classement de l’Arabie saoudite n’empêche pas les relations géostratégiques, faisant passer l’impératif des libertés et de la démocratisation au rang des principes théoriques face à la Real Politik pour la France. En effet, l’Arabie saoudite a régressé en termes de démocratie libérale, classé parmi les 10 % des pays classés derniers[20].

La dynamique autoritaire et privative des droits des peuples est en marche depuis une décennie et cela n’empêche pas certains pays du G7, au mieux de « fermer les yeux », au pire de coopérer activement avec les dirigeants de ces pays dès lors que les intérêts des pays du G7 (publics comme privés) sont satisfaits.

Il faut bien constater que la France est un acteur actif dans la politique à géométrie variable en matière de promotion des libertés et de la démocratie en Afrique et dans le monde. Le fait que la France n’a pas d’inconvénient à travailler avec des pays disposant d’une gouvernance, souvent en régression, classés comme Démocraties électorales (ex : Burkina-Faso), Autocraties électorales (ex : Bénin, Rwanda et Togo) et/ou Autocraties fermées (ex : Guinée, Soudan, Tchad ou Arabie Saoudite) avec parfois des coups d’Etat militaires ou constitutionnels et des atteintes graves aux libertés posent le problème des limites du Rapport sur la Démocratie pour les stratégies à adopter par les panafricanistes.

Si le nombre record de coups d’État enregistrés ces dernières années en Afrique est élevé, certains pays du G7 ne sont pas neutres si l’on recherche avec application les causes de leurs avènements. Pour certains pays, de nombreux panafricanistes récoltent des éléments de preuves qui pourraient conduire à la conclusion qu’ils seraient même à la manœuvre de manière discrète et par des cascades de sous-traitance qui résultent en des « mains-basse » sur le Peuple africain par des coups d’Etat constitutionnels ou également par des opérations de déstabilisation par des terroristes ou autres armées privées, comme le Mali est en train de l’expérimenter.

11. CONCLUSIONS : RE-CENTRER LE PANAFRICANISME SUR LE BIEN-ÊTRE DU PEUPLE AFRICAIN

A la lumière de la fixation des objectifs de bien-être et de bonheur envers un peuple, une gouvernance démocratique ou autocratique ne peut donc se limiter à l’acception sans approfondissement complémentaire de la mise en valeur d’un classement aussi exhaustif qu’il soit, tel que proposé dans le Rapport sur la Démocratie.

Par ailleurs, la vision eurocentrée du problème, conduit à négliger la prise en compte de la capacité des pays disposant d’un rapport de forces militaire et économique, voire culturel, pour imposer à la tête d’un pays des groupes d’individus appartenant aux mêmes réseaux ésotériques, financiers ou politiques, faisant disparaître le manichéisme blanc-noir au profit d’un manichéisme plus subtil que constitue l’antagonisme de la défense des intérêts des pays occidentaux et alliés aux dépens de la défense des intérêts des populations africaines. Ces dernières demeurent, dans la grande majorité, très mal défendues par les dirigeants africains qui tirent eux-mêmes de substantiels bénéfices personnels dans la défense des intérêts étrangers, quitte à faire croire à une partie de la population africaine naïve qu’ils les défendent, sans jamais « gagner » …

Le vent de l’histoire est porteur de signes précurseurs qui montrent que les élites africaines qui ne défendent pas les intérêts des peuples africains seront de plus en plus démasquées. Les dirigeants autocratiques, malgré le clientélisme et la promotion de l’ignorance avec la complicité des obédiences religieuses, éprouveront de plus en plus de difficultés à constituer des bases politiques et sociales grâce au clientélisme ou l’usage de l’arbitraire, de la violence et des abus de droit et de pouvoir.

Le Peuple africain, grâce à l’apport du panafricanisme et des afrodescendants regroupés au sein des Diasporas africaines, ne supportera plus les violences des chocs culturels niant leur propre culture et civilisation. La polarisation des élites africaines défendant les intérêts étrangers devra imploser de l’intérieur car les « détournements » des institutions de l’État à des fins partisanes et claniques, le « clientélisme de masse », le phagocytage d’oppositions politiques alimentaires et la désinformation permanente auront de moins en moins de prise sur le Panafricain et l’Afrodescendant (homme ou femme) conscients des enjeux mondiaux et de l’évolution d’un rapport de forces où les intérêts africains sont passés par pertes et profits.

Les infrastructures critiques de la « fausse démocratie », pur produit de la contre-vérité des urnes, vont commencer à lézarder les murs des citadelles autocratiques. Au point de transformer les fragilités initiales de ces systèmes, masquées par la prégnance de la force qui seule permet à ces régimes de perpétuer la gouvernance de l’arbitraire et des violences d’Etat envers le Peuple africain, en un regain de force pour l’engagement panafricain des citoyens conscients qu’il s’agit de leur survie existentielle. Les vieilles méthodes éculées des déstabilisations systémiques d’antan ne passeront plus inaperçues. Le Peuple africain va exiger des projets de société conformes à leur besoin de bien-être, ce en respectant la culture ancestrale de l’interdépendance, de la sécurité et de la création de valeurs ajoutées inclusives. Les choix politiques émaneront de plus en plus de l’imaginaire du Peuple africain, et de moins en moins de l’imaginaire de substitution trop longtemps transposé.

Les Africains, mais surtout les Panafricains et afrodescendants sont confrontés au défi du renouveau du panafricanisme dans un monde multipolaire en devenir. Tôt ou tard, les Africains ne manqueront pas de briser les frontières géographiques, culturelles, économiques et spirituelles qui brident encore leur liberté et de reconstruire l’imaginaire collectif qui fonde la reprise du cours de leur histoire commune violemment interrompu. La régénération du panafricanisme devra alors conjuguer l’interdépendance, la sécurité, les valeurs ajoutées et la solidarité dans un monde multipolaire. YEA.

Dr. Yves Ekoué AMAÏZO

Directeur Afrocentricity Think Tank

3 août 2022

© Afrocentricity Think Tank

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