Mediapart révèle pour la première fois les propos d’un colonel français sur l’état d’esprit qui était celui du général Poncet avant le massacre de l’Hôtel Ivoire, le 9 novembre 2004. « Le bombardement de Bouaké a créé une ambiance plus que tendue, propice aux représailles, régnant fin 2004-début 2005 au sein de la force Licorne. « Je veux des morts ivoiriens’’, aurait ainsi déclaré le général Poncet, le patron de la force Licorne, lors de la prise par les soldats français de l’aéroport d’Abidjan, et de la destruction des bombardiers et hélicoptères de l’armée ivoirienne selon le témoignage d’un colonel qui figure dans le dossier Mahé. » Et effectivement il y eut des morts ivoiriens.
Mediapart s’étonne également de la « clémence » dont a bénéficié Poncet au sujet de l’assassinat de Mahé, dont il avait pourtant été décrit comme le cerveau. « C’est un officier écœuré qui a fini par dénoncer à sa hiérarchie l’assassinat de Firmin Mahé. Ce crime est ensuite signalé au procureur du tribunal aux armées, le 12 octobre 2005, par le chef d’état-major de l’armée de terre, et donne lieu quelques jours plus tard à une information judiciaire pour «homicide volontaire». (…) La magistrate met en examen le général Henri Poncet, fin 2005, pour «complicité d’homicide volontaire». Le patron de la force Licorne a en effet été mis en cause au cours de l’instruction par le colonel Burgaud. Le général dément, et explique qu’il a seulement couvert ses hommes a posteriori, en validant une version tronquée de la mort de Firmin Mahé. Après le changement d’affectation de la juge, la collègue qui reprend le dossier Mahé, Florence Michon, accorde – en juillet 2010 – au général un non-lieu qui étonne les spécialistes, et a un parfum entêtant qui évoque la «raison d’Etat». Une « raison d’Etat » liée à ce que Poncet sait sur la vraie histoire du bombardement du camp français de Bouaké en novembre 2004 ? Il n’est pas interdit de se poser la question.
Philippe Brou
Le Nouveau Courrier