La lente marche de la Côte d’Ivoire vers la démocratie a été durablement éprouvée le 19 Septembre 2002 par une tentative de coup d’Etat muée en rébellion armée. Sans aborder les causes profondes de cette rébellion dont les acteurs et complices les plus lointains sont connus, il est bon de préciser que c’est cette action qui a permis le déploiement de la force licorne en Côte d’Ivoire. En effet, c’est en Septembre 2002 que la Force Licorne a été déployée avec comme mission première, la sécurisation des ressortissants français. Rapidement, cette force s’est vue attribuée deux autres missions supplémentaires : le contrôle d’un cessez le feu et l’appui au déploiement d’une mission de la CEDEAO en fin d’année 2002. Comme si cela ne suffisait pas, par des jeux de coudes diplomatiques sulfureux, la Licorne devient en 2004, une force de soutien à la force Onusienne : ONUCI.
A première vue, cette présentation sommaire, qui révèle le rôle classique d’une armée étrangère, pourrait faire penser que la Force Licorne est une force neutre. A la vérité, la Licorne répondait à un agenda politique bien ficelé depuis l’Elysée et successivement mis en œuvre par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Pour réussir la lecture intégrale de cet agenda, il a fallu que la force licorne tue lâchement et vachement, des ivoiriens aux mains nues. L’odyssée macabre débute le 06 Novembre pour s’achever le 11 Avril 2011.
Des ivoiriens assassinés sous l’ordre de Jacques Chirac du 06 au 09 Novembre 2004
Les évènements du début de mois de Novembre 2004 extirpent officiellement la force licorne de ses missions ci-devant énumérées. C’est suite à l’opération « Dignité » initiée par le gouvernement Gbagbo en Novembre 2004 qu’un cantonnement français est bombardé par deux avions Sukhoï 25. La version officielle fait état de neuf soldats tués et des blessés. C’est ainsi que le Président Jacques Chirac, sans un minimum d’enquête, ordonne la destruction de l’aviation ivoirienne. Chose ordonnée, chose faite. En quelques minutes, l’aviation ivoirienne est réduite en cendres. Immédiatement, Blé Goudé Charles, Président du COJEP, appelle le peuple ivoirien à manifester contre la Licorne qui vient de s’illustrer en véritable force d’occupation. Les ivoiriens, comme un seul homme descendent dans les rues pour exiger le départ de la force française. Ce fut le péché du peuple. Cette armée occupe les points stratégiques de la capitale : l’aéroport, les ponts De Gaulle et Houphouët Boigny, le corridor de Gesco (entrée nord d’Abidjan). Elle tire à partir d’hélicoptères sur les manifestants aux mains nues se trouvant sur les ponts et tentant de rallier le 43ème Bima, la base militaire française. Des jeunes et des femmes sont tués, avec des armes de guerre, des tirs de snipers, en face du camp français à Port Bouët, à l’aéroport, à l’hôtel ivoire, au corridor de Gesco, à Songon par la licorne visiblement préparée à cette œuvre macabre. Le bilan, selon le Collectif des Patriotes Victimes de la Licorne (COPAVIL), fait état d’une centaine de perte en vie humaine et de 2549 blessés. Jacques Chirac et ses collaborateurs nous auraient évité un tel bilan s’ils avaient initié une enquête avant de s’offrir la qualité d’assassins. Il est donc évident que l’objectif recherché était de faire tomber Gbagbo puisque des hélicoptères n’ont pas hésité à tirer sur sa résidence, cherchant à l’assassiner.
Les enquêtent diligentées bien plus tard patinent et tout indique clairement que le bombardement n’était qu’un prétexte, ce que souligne en filigrane l’avocat des familles des victimes françaises Me Balan : « Des éléments du dossier laissent apparaître des pistes plus que troublantes. Par exemple, que le bombardement était voulu afin de créer une situation propice pour se débarrasser de Laurent Gbagbo » (in l’inter du 04/11/2011).
Cet acte de guerre, ce crime de la droite française contre le peuple ivoirien n’a certainement pas satisfait l’envie funeste de cette classe politique. C’est pourquoi, Jacques Chirac, passant le témoin à Sarkozy, lui a sans doute confié la tâche de donner le coup de grâce.
Des ivoiriens assassinés sous les ordres de Nicolas Sarkozy du 06 au 11 Avril 2011
Sous le couvert de la résolution 1975 du conseil de sécurité de l’ONU, la Force Licorne, appendice de l’ONUCI a opéré un crime contre l’humanité en Cote d’Ivoire. Comme nous le savons tous, cette résolution est survenue après « le traquenard électoral» savamment organisé depuis l’Elysée et l’hôtel Sébroko, siège de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). Après avoir inspiré les résolutions de la CEDEAO et de l’Union Africaine et plombé le travail du panel, Nicolas Sarkozy a fait voter la présente résolution afin d’achever l’œuvre entamée par son prédécesseur Jacques Chirac. Le paragraphe 6 enjoignait l’ONUCI et son appendice la Licorne à « utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de la tâche qui lui incombe de protéger les civils menacés d’actes de violence physique imminente, dans la limite de ses capacités et dans les zones de déploiement y compris pour empêcher l’utilisation d’armes lourdes contre la population civile…. ». La résolution, n’ayant ni définit les parties en présence, ni indiqué le contenu du terme « armes lourdes » laissait ainsi à la Force Licorne le soin de faire une interprétation malsaine de ladite résolution et donner ainsi le coup de grâce au régime exécré. Bien entendu donner le coup de grâce va de paire avec tuer vachement les partisans de Gbagbo. Et pour cette mission officieuse, la Force Licorne a l’imagination très fertile. Elle bombarde, à partir du 06 Avril 2011, à l’aide de ses hélicoptères les sites stratégiques des FDS. Pendant ce temps, les rebelles du MPCI, devenus par action décrétale, une force régulière, font leur avancée avec le soutien de l’ONUCI et de la Licorne. Cette force pro-Ouattara n’avait visiblement aucune arme lourde, elle avançait avec des coutelas, des pistolets automatiques, des flèches et sabres des chasseurs traditionnels Dozos!
Le peuple ivoirien voit la nécessité de faire bloc autour de la résidence du Président Gbagbo. En dépit de la situation sécuritaire préoccupante, des jeunes et des femmes, prennent le risque d’abandonner leurs foyers et converger vers la résidence présidentielle, les mains nues. Certains empruntent des pirogues, d’autres rallient la résidence à pied. L’occasion est donnée à la Force Licorne de voir en ses patriotes, des armes lourdes. Ces mains nues, chantant et dansant devant la résidence de Laurent Gbagbo ont a été goulûment massacrées par les hommes de Nicolas Sarkozy. Pourtant, aucune des dispositions de la résolution n’autorisait la Licorne à tirer sur des jeunes aux mains nues. Au contraire, le paragraphe 6 appelait à la protection des civils. Seulement, dans l’entendement de Sarkozy, seuls sont civils les partisans de M. Alassane Dramane Ouattara.
Nicolas Sarkozy et ses amis ne cessent de se cacher derrière la résolution 1975 pour légitimer leurs ignobles crimes en Côte d’Ivoire. Le faisant, ils sont dans leur rôle, faire croire à l’humanité qu’ils ont agi dans le strict cadre de l’application de la résolution en question.
Alors si tel est le cas, ne réprimons aucune question que le bons sens précipiterait vers notre conscience. La résolution 1975 autorisait-elle la Force Licorne à exécuter des civils fussent-ils des soutiens de Gbagbo ? La résolution 1975, invitait-elle à bombarder la résidence de Laurent Gbagbo? La destruction des armes lourdes devait-elle s’interpréter comme s’appliquant uniquement au camp Gbagbo ? Si non, quelles sont les armes lourdes des forces pro-Ouattara détruites par la Licorne ? Toutes ces questions aident à évacuer l’argument de la résolution 1975, pour conclure à un ensemble de crimes dont la connaissance relève de la compétence de la Cour Pénale Internationale.
Que retenir au terme de notre analyse? Durant la guerre de 10 ans qu’a connu la Côte d’Ivoire, la Force Licorne a assassiné autant que les forces pro-Ouattara. Il est certes vrai qu’au niveau du nombre de victimes, la Force Licorne et les ex rebelles pro-Ouattara ne peuvent être ex aequo, mais retenons que pour avoir tué des civils aux mains nues, la Licorne a commis des crimes. Cependant, en sa qualité de personne morale, cette force pourrait être qualifiée de « l’arme du crime. » Les vrais auteurs sont donc Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy pour avoir formellement donné l’ordre de commettre le forfait.
Ils devront répondre devant la justice car la vie d’un soldat français en Afghanistan ou celle d’un civil français entre les mains d’islamistes au Maghreb, est aussi importante que celle d’un civil ivoirien lâchement assassiné par la Force Licorne.
Aussi pour la licorne et sarkozy la machine judiciaire devrait être rapidement réactivée dès le 7 mai 2012 au lendemain de sa défaite annoncée aux présidentielles françaises. Le futur Président Français François Hollande devrait logiquement tirer toutes les conséquences de ce désastre pour rappeler les forces françaises sur les différents théâtres d’opérations dans le monde tel que prévu au programme de Parti Socialiste français.
Alain Bouikalo
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