L’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme font partie d’un même mouvement idéologique qui a concouru et qui concoure à la mise en place et à l’épanouissement du capitalisme dans sa phase ultime :l’ultralibéralisme.
Et c’est le capitalisme qui les relie, comme un fil d’Ariane, pour en faire un tout idéologique dont nous pouvons parfaitement suivre et comprendre les mécanismes interactifs. Le capitalisme s’adapte aux époques et change de paradigme en fonction de l’évolution du monde, des peuples, et des intérêts des nouveaux gouvernants de ce Monde. Ceux que Jean Ziegler – un autre illustre ami du Président Gbagbo Laurent, trainé aujourd’hui devant le tribunal néocolonial de La Haye – appelle‘’les cosmocrates de la haute-finance, de l’industrie, de l’économie, et des services’’.
En effet, qui cherche le capitalisme trouve à son origine l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme. Ces trois moments historiques ont été et sont encore des moments de sueurs, de larmes et de sang pour les peuples qui les ont subit ou qui sont en train de les subir. Et la Côte d’Ivoire, notre pays, en fait aujourd’hui les frais. Au centre de cette réalité socioéconomique prédatrice, se trouvent deux continents dont les Histoires se mêlent et s’entremêlent dans un rapport dominant-dominé, toujours à l’avantage de la première. Ces deux continents, c’est l’Europe et l’Afrique.
En effet, du point de vue de la géopolitique, la crise ivoirienne, et notamment le transfèrement du Président Gbagbo Laurent à La Haye, s’inscrit dans la lutte engagée par les impérialistes contre les pays de la périphérie – notamment ceux d’Afrique principalement francophone – pour la survie du capitalisme dans sa phase ultime globalisée : l’ultralibéralisme. Et tous les conflits qui éclatent çà et là dans le monde, et aussi et surtout en Afrique, s’inscrivent dans ce projet. Parce que l’ultralibéralisme est une idéologie ‘’cannibale’’ qui ne peut s’imposer au monde que par la force. Tant ces dégâts sociaux, politiques, éthiques, moraux, culturels, économiques, et son impact négatif sur les fondements universels et les valeurs de notre humanité commune, entrainent des bouleversements de tous ordres, et créent des fractures sociales profondes qui divisent les peuples.
Des peuples qui se regardent comme des étrangers ou des ennemis irréductibles sur cette même planète terre. Le transfèrement du Président Gbagbo Laurent, à La Haye au Pays-Bas, met face-à-face, de nouveau, l’Europe et l’Afrique dans leurs rapports conflictuels séculaires. L’Europe et l’Afrique, malgré ce que nous laissent croire certains politiques au «grand coeur», qui n’en sont pas moins intéressés, n’ont jamais eu de relations philanthropiques, loin s’en faut. Parce qu’en réalité, ces deux regions du monde campent depuis des siècles dans un ‘’rapport’’ qui ressemble à celui qui existe entre le cavalier et le cheval.
En effet, les classes politiques qui se sont succédé en Europe n’ont jamais nourri l’ambition de développer l’Afrique. Pourtant, c’est ce que nous chante la rhétorique pseudo-philanthropique d’une Europe ou d’un Occident tellement généreux que l’Afrique qui croule sous le poids des problèmes du fait d’une faramineuse dette toxique au crédit des Institutions néocoloniales de Bretton Woods – dette génitrice d’une pauvreté endémique –, serait en voie ‘’d’émerger’’ du sousdéveloppement du fait des aides philanthropiques des Occidentaux. Et pourquoi d’ailleurs ce serait l’Europe et l’Occident qui développeraient ce continent pour le faire ‘’émerger’’? Personnellement, je n’ai jamais compris cette espérance et cette certitude que ce soit l’Occident, et notamment l’Europe, qui devrait développer l’Afrique à travers ses fameuses ‘’aides au développement’’. Si les aides au développement pouvaient développer l’Afrique, cela on l’aurait su !
Depuis plus d’un demi-siècle qu’ils nous tiennent ce discours. Mieux pour illustrer ce que nous disons – et Joseph stiglitz, l’un des rares vice-présidents qui aient démissionné des Institutions de Bretton Woods, l’avait déjà mentionné dans son fameux livre, parlant de la mondialisation et son impact négatif sur le développement humain, «La Grande Désillusion» paru chez Fayard en 2002 – c’est que, l’Occident et ses Institutions financières prédatrices ne veulent et ne peuvent développer l’Afrique. Croire le contraire, c’est faire preuve de naïveté ou pire, de niaiserie. Et stiglitz affirme que les pays africains, qui tirent leur épingle du jeu comme l’Ethiopie, par exemple, sont ceux-là qui ont eu le courage de refuser le diktat des Institutions de Bretton Woods. Nous avons vu ce que furent pour l’Afrique «les prêts-à-portés » des Programmes d’ajustements structurels (Pas) sortis des bureaux climatisés de ces Institutions. Une catastrophe qui entraina des millions de morts parmi les populations les plus fragiles du fait, par exemple, des coupes sombres dans les budgets de nos Etats. Ces coupes budgétaires ont plombé la réalisation d’infrastructures socio-économiques et notamment sanitaires.
Par exemple, dans le domaine de la santé, pour contrôler ces budgets, des modèles standards de système de santé ont été imposés par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) à des pays africains qui avaient réussi à mettre en place des systèmes de santé performants, spécifiques à leurs environnements et en fonction de leurs moyens. Ces coupes budgétaires ont impacté négativement les programmes de formations dans les facultés de Médecine et ont conduit à la formation plus ou moins bâclée de toute une génération de médecins. Pis, elles ont conduit à la fermeture ou à la dégradation d’hôpitaux et de centres médicaux. Parce qu’au cours de ces dernières années, et sous la poussée de ce nouveau concept de la mondialisation, notre modèle de développement qui a pour fondement une volonté politique exogène, c’est-à-dire qui nous est dictée de l’extérieur, était voué à l’échec.
En réalité, personne d’autre que nous-mêmes ne pouvait exprimer nos besoins en termes de priorité de développement. C’est ce que des pays, comme l’Ethiopie, ont compris en refusant le diktat des Institutions financières internationales et qui leur vaut leur relative prospérité. Ces aides au développement étaient autant de chevaux de Troie qui cachaient les vraies intentions des occidentaux. Ils nous endettaient et nous endormaient – ils l’ont réussi par ailleurs, et ils continuent sur leur lancée – pour mieux nous exploiter, en même temps qu’ils se donnaient bonne conscience. C’est une réalité connue de tous les grands économistes et/ou humanistes que la dette est une entrave féroce que les Occidentaux ont fixé aux pieds des pays africains, pour annuler tous leurs efforts de développement.
Qui ambitionne de s’en sortir pour chercher une voie alternative endogène de stabilisation et de développement, court le risque d’être rappelé violemment à cette réalité d’assujettissement. C’est ce qu’a vécu le régime du Président Laurent Gbagbo, pour avoir innové – par le budget sécurisé – dans la gestion de la faramineuse dette ivoirienne, véritable cercle vicieux d’où il voulait sortir la Côte d’Ivoire, notre pays. Donc comment s’est opérée la mise en place de cette idéologie capitaliste prédatrice ?
Nous verrons qu’au commencement de ce capitalisme, fut d’abord l’esclavage (I) qui a fourni, à travers la traite négrière transatlantique, le capital humain et la force de production des Africains transplantés dans le nouveau monde. Ensuite, la colonisation (II) qui a exploité et qui continue d’exploiter l’Afrique et les Africains pour consolider l’épanouissement du capitalisme. Enfin, le néocolonialisme (III), postindépendance, qui consacre aujourd’hui la phase ultime du capitalisme globalisé : l’ultralibéralisme.
Il convient de nous rappeler que la globalisation de Marshall Mc Luhan ou la mondialisation, qui atteindra son apogée par l’implémentation de l’ultralibéralisme comme modèle économique planétaire et universel, est un concept économique exploiteur et ‘’broyeur’’ des peuples et de leurs leaders politiques, destructeur de la souveraineté des Etats-nations, à travers son instrument juridique de légitimation dirigé prioritairement contre l’Afrique et les Africains: la Cour pénale internationale. Et la présence du Président Gbagbo Laurent à La Haye à la Cpi, au terme d’un simple contentieux électoral national, donne la mesure et l’ampleur de ce qui adviendra aux Africains dans ce nouveau changement de paradigme en Occident. Au commencement du capitalisme était donc la traite négrière transatlantique.
I- A l’origine du capitalisme était l’esclavage transatlantique
Pour comprendre notre thèse, faisons un petit retour dans l’Histoire de ces deux protagonistes, l’Europe et l’Afrique. En fait, c’est de cela qu’il s’agit: d’un combat à peine avoué entre deux protagonistes pluriséculaires. 1492, l’Espagnol d’origine italienne, né à Gênes en 1451, Christophe Colomb découvre l’Amérique pour le compte du roi d’Espagne. Dans ce même 15e siècle, et bien avant la découverte des Amériques, se situant toujours dans la perspective du projet de colonisation et surtout d’exploitation des nouvelles terres découvertes, l’Eglise catholique apostolique et romaine, dans sa volonté d’aider à l’épanouissement du projet colonial – elle y trouvait aussi ses intérêts, surtout matériels : l’énorme fortune du saint siège vient de là aussi et surtout –, prend une Bulle, celle du 8 janvier 1454 du Pape Nicolas V, de son vrai nom Tommaso Parentucceli (1398-1455), 206ième successeur de Pierre à Rome, qui consacre ‘’l’inhumanité’’ de l’homme noir à qui on peut infliger toute sorte de maltraitance physique, morale, psychologique etc. sans préjudice moral aucun pour celui qui lui inflige cette maltraitance. Il est à retenir qu’en ces temps-là, le pouvoir temporel était assujetti au pouvoir spirituel des Papes et Evêques faiseurs « d’Empereurs et Rois de droit divin ». Ces Papes et Evêques étaient les représentants de Dieu sur terre. Il était de notoriété qu’ils soient «infaillibles.»
Donc Nicolas V était dans son droit et pouvoir divins en jetant l’anathème et la ‘’malédiction divine’’ sur les sarrasins, les Africains. Voici un Extrait de la Bulle du Pape Nicolas V, qui a eu pendant des siècles, des conséquences désastreuses sur les Africains : «Nous avions jadis, par de précédentes lettres, concédé au Roi Alphonse du Portugal, entre autres choses, la faculté pleine et entière d’attaquer, de conquérir, de vaincre, de réduire et de soumettre tous les sarrasins (c’est-à-dire les Africains), païens et autres ennemis du Christ où qu’ils soient, avec leurs royaumes, duchés, principautés, domaines, propriétés, meubles et immeubles, tous les biens par eux détenus et possédés, de réduire leurs personnes en servitude perpétuelle, (…) de s’attribuer et faire servir à usage et utilité cesdits royaumes, duchés, contrés, principautés, propriétés, possessions et biens de ces infidèles sarrasins (Africains) et païens… Beaucoup de Guinéens et d’autres Noirs qui avaient été capturés, certains aussi échangés contre des marchandises non prohibées ou achetées sous quelque autre contrat de vente régulier, furent envoyés dans lesdits Royaumes».
Par cette Bulle, le 206e représentant de Pierre à Rome opère une rupture éthique, morale et spirituelle dans la foi chrétienne, qui rend tout ce qui va suivre en Afrique humainement possible et religieusement acceptable. Ces réalités sont certes difficiles à découvrir et à savoir aujourd’hui. Cependant, il semble qu’il faille connaitre ces choses, quelles que dures qu’elles fussent, pour mieux comprendre aujourd’hui et mieux appréhender demain. On ne peut saisir la colonisation dans tous ses aspects si on ne remonte pas à l’esclavage transatlantique et à ses fondements idéologiques. Comme on ne peut comprendre le fait néocolonial, et l’impérialisme qui lui est inhérent, si on ne remonte pas au colonialisme. Assurément, ces trois moments de l’histoire de l’Afrique, dans ses rapports à l’Occident, sont reliés par un fil d’Ariane qui met en évidence un continuum anthropologique qui facilite la compréhension de ce que nous vivons aujourd’hui. Là-dessus commence au 15e siècle, en vue de l’exploitation de ce nouveau continent, l’Amérique, au profit des monarques européens – avec une intensité jamais égalée quoique disent certains historiens occidentaux, adeptes patentés du révisionnisme, qui couvrent cette partie de notre histoire commune d’un voile pudique –, la traite négrière qui dura 4 siècles.
En effet, 20 millions d’Africains noirs, hommes et femmes, furent déracinés et expédiés en esclavage, dans des calles de voiliers aux tréfonds sordides, vers les plantations de canne-à-sucre et de tabac dans les Amériques. Certains d’entre ces Africains n’atteindront jamais le but de leur voyage sans retour et seront jetés par-dessus bord aux requins de l’Océan Atlantique, pour leur festin macabre. Ceux qui ont survécu à la traversée transatlantique seront les pionniers de la naissance de la puissance coloniale occidentale impérialiste dans les Amériques, et contribueront de façon décisive à la création de la puissance économique capitaliste outre-Atlantique.
Le capitalisme à son origine était et demeure jusqu’à nos jours une idéologie sanguinaire. L’esclavage prendra fin le 27 avril 1848 au terme du décret d’abolition dont le grand initiateur fut Victor schoelcher. L’esclavage est aboli ; mais le capitalisme doit lui survivre. Aussi, l’Occident européen et outre- Atlantique passent-ils à l’étape suivante de leur programme : la colonisation des terres et des peuples africains.
II- Le colonialisme pour donner un souffle nouveau au capitalisme en vue de le pérenniser :
Ainsi, en 1885, c’est-à-dire 393 années après le début de l’esclavage et 37 ans seulement après son abolition, l’Europe et l’Afrique se font-elles de nouveau face-à-face à Berlin, chacune dans sa posture, celle du cavalier européen et du cheval africain. Mais ce qui parait étrange encore une fois, c’est que tout se décide à Berlin, en l’absence physique – sans aucun représentant – de l’Afrique, là où le sort de dizaines, voire de centaines de millions d’humains à la peau noire et de civilisations multiséculaires va être scellé de nouveau.
L’Afrique et les Africains n’avaient pas droit à la parole, leur volonté ne comptait pas parce que l’Europe reste toujours attachée à la Bulle du Pape Nicolas V qui chosifiait ce continent et ses habitants. En plus, 4 siècles de domination et d’assujettissement ont créé un complexe de supériorité qui fait que l’Europe ne peut concevoir l’Afrique que dans sa situation d’un continent qui doit subir la domination. Et tout le comportement des Européens vis-à-vis de ce continent et de ses habitants, comportement fait de mépris et d’arrogance – menace de Sarkozy contre le Président élu et légitime de Côte d’Ivoire, sem Gbagbo Laurent, en vertu des dispositions pertinentes de notre Loi Fondamentale – tire sa source dans cette donne historique.
En effet, à Berlin, en cette année de la fin de la dernière moitié du 19e siècle, et seulement 37 ans après l’abolition de l’esclavage, est convoquée une conférence qui réunit les pays d’Europe élargie aux Usa. A cette conférenceorganisée par Otto Eduard Leopold Von Bismarck, à l’initiative du Portugal, le 15 novembre 1884 qui finissait le 26 février 1885, étaient donc présentes les Nations suivantes : le Portugal, l’Allemagne, l’Autriche- Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Empire Ottoman (l’actuelle Turquie dans ses dimensions impériales), l’Espagne, laFrance, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Russie, la suède-Norvège ainsi que les États-Unis. si à cette conférence, l’Afrique ne compta aucun représentant, elle fut présente néanmoins à travers sa carte géographique qui va servir d’instrument de travail au nom des intérêts des prédateurs réunis ce jour. Cette conférence de Berlin va aboutir à la définition et à l’officialisation des règles de la Colonisation.
Il faut noter qu’à une réunion antérieure, il avait été déjà question de la conquête du Congo qui marquait le prélude à la conquête et aux luttes coloniales en Afrique. Il faut bien retenir le cas du Congo à cette étape du processus colonial, et noter la cohérence parfaite qui guide toutes les actions qu’entreprennent les Européens dans leurs rapports aux autres, et notamment aux Africains. Du point de vue de la prospective en effet, on peut même dire que la création de la Cour pénale internationale (Cpi) est un projet qui daterait de cette conférence de Berlin. Et je n’exagère pas. Ce qui se passe aujourd’hui à la Cour pénale internationale conforte cette hypothèse : la Cpi voit le jour, et le premier être humain à être jugé à son siège, est un Congolais, du nom de Thomas Lubanga Dyilo ! Etonnant non ?
Il existe dans la relation Congo/Cpi, un ‘’gestalt’’, comme cela se dit en Allemand, un lien de causalité. C’est-à-dire que l’évocation de ce qui se passa à Berlin en 1885 et bien avant cette date, la réunion qui décida de la conquête et de l’exploitation du Congo par les Européens présents à Berlin, renvoie au procès du premier pensionnaire de la Cpi, un Congolais. Une coïncidence ? Un hasard ? Non, bien sûr !
Les européens sont dans la prospective constante qui leur permet de programmer et d’exécuter des plans, des projets sur des décennies, voire des siècles. ‘’Nihil es nihil’’, disent les latins, rien de ce qui existe dans ce monde ne procède du néant. Autrement exprimé, tout ce que nous observons et vivons a un fondement, en l’occurrence historique, et répond de quelque chose ou fait qui a déjà été, conçu ou conclu de longue date. La guerre de la France contre la Côte d’Ivoire, en ce début du 21 siècle, n’est pas une génération spontanée.
Cette guerre est l’une des solutions, au même titre que la dé-ferlante terroriste sur l’Afrique francophone, que la France des politiques avait programmée pour affaiblir et diviser afin de maintenir les pays francophones d’Afrique sous sa domination. Et ce n’est pas par hasard qu’à chaque crise, elle se positionne comme le pompier de service pour proposer et faire ses offices interventionnistes ‘’au nom de son amour profond pour les Africains qui ne lui rendent pas suffisamment en termes de reconnaissance’’. Tout autre Président français que sarkozy – de la droite ultralibérale – aurait attaqué la Côte d’Ivoire, au moment où la Côte d’Ivoire était arrivée à bout de la France, celle des politiques affairistes, après plus d’une décennie de rébellion et de guerre. La gestion de la crise ivoirienne telle que faite par son successeur Hollande – un socialiste (?) –, montre la pertinence d’une telle thèse. La France des politiques, et non des peuples, avait intérêt à faire la guerre à la Côte d’Ivoire. Cela parait clair. Et l’angle d’attaque frontale des Avocats de la défense à La Haye contre cette France politique conforte notre analyse.
Pour revenir à la conférence de Berlin, retenons seulement que 37 ans après l’abolition de l’Esclavage, l’Europe change de paradigme dans ses rapports à l’Afrique. En effet, de l’Esclavage brutal et deshumanisant, l’Europe passe, au terme de la conférence de Berlin en 1885, à la colonisation non moins brutale et humiliante du continent africain en vue de procéder à son exploitation au profit de l’épanouissement du capitalisme, du bien-être et du bonheur des populations occidentales. Le capitalisme prit dès lors son envol. Avec l’Esclavage, l’Europe exploita le capital humain – en termes de force de production – des Africains, pour asseoir son système capitaliste qui connaîtra son plein épanouissement dans les Amériques.
Avec la Colonisation, l’Europe va passer à une autre étape de soumission des peuples africains par l’exploitation des immenses richesses de ce Continent et le maintien des peuples africains dans la précarité existentielle. Et ce projet continue en ce début du 21e siècle. Le schéma qui fut appliqué aux autochtones Amérindiens est le même qui se déroule, plus étalé dans le temps en Afrique, par le maintien des peuples africains dans un sous-développement qui n’en finit pas malgré les ‘’aides au développement’’. Avec, bien entendu, la complicité de certains autochtones africains. Mais dans l’histoire, cet aspect de la complicité des autochtones africains aux désastres socio-économiques et culturels que subit l’Afrique, depuis des siècles, est une constante. Et le comportement de certains de nos camarades d’hier ne doit pas nous surprendre. Ce qui se passe dans notre pays nous conforte dans notre analyse que l’ennemi de l’Afrique c’est d’abord l’Africain lui-même. Et cela est vrai malheureusement.
Parce que l’Africain a du mal à comprendre qu’en dehors d’une union sacrée entre les Africains, point de salut pour l’Afrique. Parce que hors le cynisme dont peuvent faire preuve des esprits pervers, au nom de quelle éthique et de quelle morale une pauvre fille d’Afrique, de surcroit poussant son cynisme jusqu’à exposer son incompétence et/ou sa mauvaise foi au monde, peutelle s’acharner à charge – seulement – contre un Président africain, légitimé et soutenu par son peuple, devant une juridiction néo-coloniale comme la Cpi ?
A Berlin en 1885, sous une vague de signatures de traités, l’Europe va imposer son impact direct sur l’Afrique. Comme un gâteau, l’Afrique sera morcelée en territoire sous la domination administrative des puissances coloniales, européennes notamment, qui vont se lancer dans l’exploitation de ses ressources. Cette exploitation massive s’accompagne de terreur de massacres de populations autochtones sur toute l’étendue du Continent africain. Il faut reconnaitre qu’en Europe même, ce projet colonial était en bute à l’éveil des consciences éclairées qui le trouvaient inhumain et immoral.
Ce projet heurtait l’intelligence humaine dans tous ces aspects : sociologique, politique, éthique, moral, spirituel etc. Cet éveil des justes, c’est-àdire des hautes consciences éthiques, morales, intellectuelles, spirituelles et philosophiques, est l’aiguillon essentiel qui remet à chaque fois l’humanité sur le chemin du ‘’bien’’. Et le peuple européen, notamment les progressistes, qui subit les foudres des nouveaux monarques cosmocratiques des multinationales, sait retrouver de temps en temps la voie de l’humanité pour mettre de l’ordre là où le désordre et l’immoralité sévissent. Donc à la suite de l’Esclavage, va se mettre en place un nouveau système d‘exploitation de l’Afrique et des Africains : la colonisation. Cette colonisation prendra fin théoriquement avec les indépendances conférant des souverainetés aux nations anciennement colonisées.
En réalité, la valeur de ces indépendances ‘’relatives’’ est fonction des circonstances de leur survenue, et surtout du rapport colon-colonisé. La question, que nous sommes en droit de nous poser, est celle-ci : ces indépendances ont-elles été acquises au terme d’un aggiornamento entre les puissances coloniales et l’élite nationale corrompue des anciennes nations colonisées ? Une élite compradore ! Une élite achetée par le colonisateur au service duquel elle s’est mise avec foi et servilité, contre l’intérêt des peuples asservis, au terme d’une sorte de combinazione, de compromissions qui débouchent sur le statu quo colonial avec des indépendances octroyées sans transfert effectif de souveraineté formelle ! C’est le cas de la plupart des pays francophones d’Afrique qui a plié l’échine devant la brutalité de la puissance coloniale française.
Par exemple, cette puissance coloniale a réussi, par un coup de force barbouzard, à maintenir le Franc des Colonies françaises d’Afrique (Franc Cfa) en l’état dans des pays dits indépendants, vidant ces indépendances de tout contenu objectif. Ou bien ces indépendances ont-elles été arrachées au terme d’une lutte politique, qu’elle soit armée ou non, entre l’ancienne puissance coloniale et les Nations colonisées ? C’est le cas des anciennes colonies anglaises, espagnoles, portugaises etc. qui livrèrent de vraies guerres d’indépendance à leurs anciennes puissances coloniales.
Attention ! Loin de moi l’idée de faire l’apologie des guerres de libération qui garantiraient une indépendance réelle ! Je ne fais qu’un constat ici en observant les deux (2) Afriques, la francophone et la non-francophone. Je crois profondément en la force de la pensée et de l’esprit pour trouver des alternatives pacifiques à la coexistence entre les hommes à travers le monde. Là réside d’ailleurs la doctrine et le fondement du Front populaire Ivoirien : que tout pouvoir légitime est dévolu par le peuple au terme d’élection générale et de l’expression du suffrage universel. Mais pour y arriver, il nous reste à devenir vraiment des hommes. Car on ne nait pas homme, on le dévient. Etant bien compris que ce sont les expériences heureuses ou malheureuses, les souffrances que nous endurons individuellement et/ou collectivement qui nous montrent ou nous indiquent la vraie voie de notre humanité, et font de nous des hommes au sens ou l’entend le Cynique Diogène. C’est-à-dire un homme vertueux qui privilégie l’esprit à la matière, et relativise tout ce qui fonde notre existence.
Le monde et les peuples évoluent. Et je crois profondément que nous pouvons faire l’économie de ces guerres qui finissent par des négociations de paix là où des pourparlers engagés d’emblée entre les protagonistes auraient épargné des vies humaines. Et la crise ivoirienne qui n’en finit pas, n’échappera pas à cette réalité historique : on sort d’une crise ou d’une guerre par des négociations. Pas par des procès, comme celui qui se tient aujourd’hui à La Haye, dont on mesure le contenu immoral et l’impact destructeur sur la cohésion nationale dans ce pays.
En définitive, qui a intérêt à un tel procès ? Certainement pas le peuple ivoirien qui voit un fossé abyssal se creuser entre ses populations.On observe donc que si vous êtes anglophones, hispanophones, ou lusophones en Afrique, vous êtes bien décolonisés. Oui, parce que la culture, les traditions et la prise de conscience nationale aigüe des peuples anglophones, hispanophones, ou lusophones d’Afrique, ont permis à ces peuples frères d’Afrique de prendre conscience de leur identité propre et de couper le cordon qui les liait à ces puissances coloniales.
En réalité, ces peuples n’ont jamais été assimilés à la culture de l’ancien colonisateur. Ils sont de ce fait et par ce fait, restés profondément attachés à leurs cultures et à leurs traditions. On observe bien qu’en Afrique noire, ce sont ces pays et ces peuples qui présentent les meilleures performances et les progrès spectaculaires en termes de développement humain. Ces peuples, ont de fait, plus de chance de sortir du sous-développement en amorçant une vraie dynamique de développement. Ils évoluent loin de la rhétorique galvaudée des slogans politiques creux qui ne reflètent pas les réalités vécues dans les pays francophones ‘’sur la voie de l’émergence’’ de ce continent. En revanche si vous êtes francophones, la politique coloniale assimilationniste aura alors provoqué une telle aliénation politique, économique, intellectuelle, culturelle, spirituelle, morale, affective, artistique etc., que, comme cet esclave qui revient toujours chez son maître après que ce dernier lui ait accordé sa liberté, l’Africain francophone est tétanisé par l’enjeu d’une indépendance totale qui se présente pour lui comme un défi qu’il ne saurait relever ; ce qui le contraint à tourner son regard vers son ancien «maître» colon pour se mettre de nouveau sous sa domination.
Vous comprenez pourquoi, malgré les méfaits et dégâts du Franc des Colonies françaises d’Afrique (Franc Cfa) sur nos économies et nos vies, certains Africains continuent de soutenir et de travailler pour la pérennisation de cette ‘’monnaie de singe’’. En réalité, l’Afrique francophone est émasculée et détruite avec cette génération corrompue, vendue et maudite de leaders qui se sont volontairement mis au service de la France, et qui laissent leur peuple mourir dans la misère plus de 50 années après ces indépendances factices. Cette élite crapule, bourrue de complexe d’infériorité, inculte de surcroit, oublie qu’il n’y a pas de peuple qui n’ait pas connu la colonisation dans l’histoire de l’humanité. Cette élite cache son incompétence et son impuissance dans des certitudes farfelues comme «les Blancs sont trop forts, on ne peut pas les affronter !» Mais qui lui demande, à cette élite corrompue, d’aller à l’affrontement contre le Blanc ou la France ?
Ce que les circonstances de notre existence commune nous demandent, c’est d’user de notre intelligence, de notre capacité de réflexion, d’action et d’anticipation pour exiger à cet ancien colonisateur le respect de notre humanité. Tout en sachant que les colonisateurs d’hier et d’aujourd’hui furent les colonisés d’avanthier.
Ce qui est vrai et qui devrait raffermir nos convictions dans cette lutte pour notre indépendance totale, c’est qu’aucun de ces peuples qui nous ont colonisés hier et aujourd’hui n’a accepté cet état de fait comme une fatalité, en y demeurant éternellement quand il s’est retrouvé dans la position de colonisé que nous occupons aujourd’hui. Aussi, quand nous parlons de pays indépendants en Afrique, faut-il bien savoir identifier de quels pays nous parlons. Aucun pays africain, ancienne colonie française, n’est réellement indépendant. Il est donc aisé de dire que c’est maintenant que le combat pour notre indépendance effective commence avec le transfèrement du Président Gbagbo Laurent à la Haye.
Oui assurément, j’ai l’intime conviction que quelque chose va changer dans ce pays, et au-delà dans ce continent, pour tous les habitants de ce pays et de ce Continent. J’ai la ferme conviction que nous aurons une nouvelle Côte d’Ivoire qui retrouvera ses racines culturelles plus raffermies à travers les pactes multiséculaires d’’’Alliance à plaisanterie’’ tissés entre ses différentes populations. Une Côte d’Ivoire plus joyeuse, plus agréable, plus vivante, plus tole lérante, plus respectueuse des principes de vie et des lois qui régissent notre existence commune. Et le procès de La Haye, de mon avis, marquera l’An 1 de cette nouvelle Côte d’Ivoire qui ne saurait être une réalité vécue sans le Président Gbagbo Laurent – qui subit à La Haye son initiation à la grandeur historique – et son parti le Front populaire ivoirien (Fpi).
Les Africains francophones viennent de se rendre compte que les ‘’fameux pères fondateurs’’ qui ont joué un rôle, dans la lutte émancipatrice, et qui ont survécu à ce combat, parce que tolérés par la France colonialiste, n’ont été que des collaborateurs qui ont vendu pour certains, l’Afrique francophone pieds et mains liés à cette France qui tue leurs compatriotes en ce début du 21e siècle commençant. A leur décharge, avaient-ils vraiment le choix ? Tant les rapports de force étaient déséquilibrés à leur désavantage, en face d’une France sans scrupule (…)
A ceux qui ont osé faire ce transfèrement, nous disons merci pour avoir permis que les Africains francophones aient pris conscience – dans cette partie de l’Afrique humiliée et détruite – de ce combat que nous engageons enfin ensemble avec Gbagbo Laurent. Oui nous disons qu’aucun pays africain, ancienne colonie française, n’est réellement indépendant. Et l’ancien président français, monsieur Nicolas sarkozy, l’aurait confirmé. Il aurait menacé les pays africains francophones qui nourrissaient l’ambition de battre leur propre monnaie, qu’ils n’y ont aucun droit, y compris même à cette espérance. Etant bien entendu et compris que pour une Nation, un pays, battre monnaie est un attribut de souveraineté qui ne saurait être assujetti à un autre pays, fut-il l’ancienne puissance coloniale comme dans le cas d’espèce, la France.
Alors ceux qui jouent au jeu de la traitrise sachent bien que nous avons raison d’être ce que nous sommes : des ‘’pro-Gbagbo’’, c’est-à-dire des souverainistes, pour l’Afrique et le monde sans entraves, le monde libre. Quelle ironie du sort ! Les hommes qui se sont battus hier pour la liberté, sont contre ceux qui se battent aujourd’hui pour la liberté ! Quel paradoxe ! Quelle duplicité !
En suivant donc ce fil d’Ariane, nous pouvons dire que la fin théorique de la colonisation, à partir des indépendances factices octroyées, ne signifiait pas la fin du système colonial capitaliste. En tous les cas, les pays francophones d’Afrique par leur gestion quasi-patrimoniale sous le néo-leadership de la France, plus que jamais impliquées dans leurs affaires, donnent un poids à cette affirmation. La France va prendre soin de maintenir ses anciennes colonies dans une sorte de dépendance de fait, qui va constituer une entrave grave à la prise en main de leur propre destin par les Africains francophones. Usant de sa position au Conseil de sécurité de l’Onu, la France va se dresser comme la gardienne des intérêts du camp occidental, notamment américain, contre toute velléité d’émancipation de ces pays francophones. Elle ne suivra pas l’exemple de l’Angleterre dans ses rapports à ses anciennes colonies. A travers ses anciennes colonies d’Afrique francophone, la France est aux commandes du néocolonialisme au bénéfice du clan occidental anglo-américain des multinationales prédatrices de nos richesses.
À l’aube d’un nouveau changement de paradigme – sur les traces et les bases, ouvertement critiquées par d’éminents économistes, du Consensus de Washington – dans le cadre de la Globalisation qui désarme les Etats-nations et soumet les souverainetés sous l’autorité des cosmocrates, ces nouveaux monarques des multinationales qui sont les vrais gouverneurs du monde, la France retrouve son rôle historique de puissance colonialiste et néocolonialiste qui n’entend pas se remettre irrémédiablement en cause pour un nouveau départ dans ses rapports mutuellement profitables avec ses anciennes colonies d’Afrique.
III- Le néocolonialisme et son instrument juridique de légitimation : la Cour pénale internationale
En poursuivant notre analyse, disons que le colonialisme s’installa dans une brutalité bestiale qui terrorisa les populations autochtones, soumit les peuples à l’asservissement et à l’exploitation pendant plus d’un siècle pour certains pays, et pour d’autres 70 à 80 ans. Le contexte était propice à une telle situation de fait : les autochtones n’étaient pas suffisamment préparés pour s’opposer et résister à une telle fureur née de la conférence de Berlin.
Aujourd’hui, le néo-colonialisme est une version rénovée et plus perfide du Colonialisme. Ce néo-colonialisme évolue dans un contexte autre. Avec des peuples intellectuellement instruits, indépendants d’esprit et a priori libres. Mais comment soumettre ces peuples instruits qui aspirent à la liberté et à la prise en main de leur destin ? D’abord en neutralisant toutes les Institutions multilatérales qui constituent autant de cadres de règlement pacifique des conflits socio-politiques qui surgissent çà et là dans le monde. Ensuite en imposant l’argument de la force – ici la possession de l’arme nucléaire devient un moyen efficace de coercition contre les Etats de la périphérie, d’où l’interdiction pour certains pays d’en posséder – comme seul moyen de règlement des conflits au sein d’une nation. Et toutes les interventions militaires à travers le monde participent de la primauté de la force militaire comme voie de règlement des conflits régionaux, où le plus fort, au sens propre du terme, impose ses règles aux plus faibles.
Enfin, sous la menace des interventions militaires, soumettre les leaders nationaux ‘’récalcitrants’’ qui luttent pour le bonheur de leur population en réclamant une juste répartition des fruits de l’exploitation de leurs ressources. Il est donc clair que le Président Gbagbo Laurent et le ministre Blé Goudé Charles sont à La Haye, devant la Cpi, dans le cadre de ce projet de néo-colonisation du continent africain et de ses peuples. En Afrique noire francophone, la Côte d’Ivoire constitue un modèle d’essaie qui ouvrira le cycle des guerres d’agression et de prédation contre les Etats et leurs souverainetés.
En effet, pour s’institutionnaliser, ce néo-colonialisme va se couvrir des oripeaux d’un semblant de cadre juridictionnel, la Cour pénale internationale (Cpi), qui soutiendra ses agressions de prédation. Aussi, trois nouveau concepts, en porte à faux avec le Droit International et la Charte des Nations unies, vont-ils être crées ex-nihilo pour justifier des actions militaires d‘agression contre des pays souverains membres des Nations unies. Ces pays sont ciblés comme étant des pays riches qui ne rentrent pas dans le cadre du schéma d’exploitation de leurs richesses au profit des supers-états que constituent les entreprises multinationales. Ces nouveaux concepts sont : le Droit d’ingérence humanitaire (Dih), la Communauté Internationale – réduite, il est vrai, aux trois (3) membres occidentaux, c’est-àdire les Etats-Unis d’Amérique, l’Angleterre, et la France d’une part, et d’autre part la Russie et la Chine, constituants tous les cinq (5) les membres permanents du Conseil de sécurité –, et le génocide des populations.
Aussi, des présidents de pays souverains qui se battent pour préserver les intérêts de leur pays et de leurs peuples agressés par des rébellions, vont-ils être désignés, par la propagande médiatique des états agresseurs et prédateurs commanditaires de ces rébellions, comme étant des ‘’dictateurs’’ ou des ‘’génocidaires’’. Autant de situations de conflit qui obligeraient cette fameuse Communauté internationale à intervenir militairement, au nom d’un droit de l’homisme alibi, afin de neutraliser ces présidents récalcitrants et insoumis.
Les deux derniers cas qui illustrent notre thèse, nous ramènent toujours au Président Gbagbo Laurent – Président légitime de la Côte d’Ivoire en vertu des dispositions pertinentes de la Loi Fondamentale de ce pays – déporté à La Haye, et au Guide Colonel Mouammar Kadhafi, père de la Jamahiriya Arabe Libyenne moderne et prospère, assassiné par la coalition française et anglo-américaine. Ce cadre juridictionnel nouveau qui constitue le couronnement de la mise en place du nouveau paradigme socio-économique de la mondialisation, à travers l’instauration de la machine néo-coloniale et ultralibérale, c’est la création de la Cour pénale internationale (Cpi). La Cpi est créée, sous la manipulation et la pression exercée par les occidentaux sur les pays africains et autres, pour accompagner l’économie néolibérale dans sa phase ultime de la Globalisation qui soumet les Etats-nations, piétinent le droit international et les souverainetés
des Etats.
Ainsi, la question posée par Jacques Attali, dans son livre du même nom que la question posée, quant à savoir ‘’Demain, qui gouvernera le monde ?’’, paru chez Fayard en 2011, avait-elle déjà eu sa réponse, dans celui, oh combien sublime !, de Jean Ziegler : ‘’L’empire de la honte’’, paru chez Fayard en 2005. Pour ce dernier auteur, demain est déjà là ! Et ce sont les cosmocrates des multinationales qui gouvernent désormais le monde, en y semant la mort par la faim, la gestion de la rareté, et les conflits meurtriers entre les peuples et les Nations. Ces cosmocrates mettent leur ‘’honneur’’ à faire sauter, au propre, les frontières entre les Nations– suivez bien mon regard – qu’ils soumettent à leur domination.
Conclusion
Il y a donc un lien organique, comme un fil d’Ariane, entre esclavage, colonialisme et néocolonialisme : c’est le capitalisme. Ce capitalisme dans sa phase ultime ultralibérale prédatrice s’est alors couverte d’une tunique pseudo-juridique, comme instrument de la légitimation de l’oppression des peuples d’Afrique : c’est la Cour pénale internationale (Cpi). Une telle grille d’analyse permet de comprendre le sens de la présence de notre Président, sem Gbagbo Laurent, et du ministre Charles Blé Goudé à La Haye.
Au-delà de ce constat historique, il est à noter, au plan géostratégique et géopolitique, qu’après l’échec de l’unilatéralisme anglo-américain qui a mené l’humanité au bord de la menace nucléaire – d’ailleurs cette menace n’est pas encore totalement écartée et la crise syrienne nous donne des raisons de nous en inquiéter – nous assistons, comme au cours de la guerre froide, à une recomposition de nouveaux blocs autour de leaders régionaux puissants qui garantiraient une stabilité régionale et subséquemment la paix sans laquelle il ne peut y avoir de développement. Nous revenons donc à une multilatéralité salutaire pour cette humanité en bute à la chute des valeurs et surtout, à la remise en cause du Droit international, socle de la paix dans le monde.
L’Afrique est manifestement la région la plus fragile dans cette nouvelle recomposition parce qu’elle n’a pas ce leader qui jouerait ce rôle de stabilisateur. Et cela explique le fait que la totalité des pensionnaires de la prison de scheveningen soit tous des Africains. Ainsi, la Cpi comme instrument de légitimation de l’ultralibéralisme forcené perpétue-t-elle l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme en Afrique en ce début du troisième millénaire. Il va sans dire que l’Europe et l’Occident sont en plein changement de paradigme dans leurs rapports au continent africain, comme hier pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme. L’Afrique et les Africains seront-ils capables de relever le défi pour la conquête de leur liberté définitive?
C’est aux Africains d’en prendre conscience et de se donner tous les moyens pour éviter aux générations à venir, de vivre dans un continent sous-domination de quelques natures qu’elle fut et d’où qu’elle vienne.
Pr Gnagne Yadou Maurice
Vice-président chargé de la Mondialisation et de la Politique d’intégration,
Sga de la Curfp
In Le Temps N° 3705
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