Poutine: plus jamais les erreurs faites en libye et en Côte d’Ivoire

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Notre village planétaire, le monde, aspirant à se doter d’un Gouvernement Mondial, est encore en phase d’expérimentation des stratégies de discipline des États et dirigeants d’États contrevenants aux lois qui leur seront imposées d’une manière ou d’une autre. Chaque situation de crise dans un pays supposé dirigeable (faible) par le Conseil de Sécurité des Nations Unies offre dès lors une formidable occasion de tester la puissance d’intimidation et de contrainte de ceux qui se considèrent comme les nouveaux maîtres du monde.

Là où le bât blesse, c’est quand les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU ne parviennent pas à un accord sur les méthodes de discipline des États en crise. Le cas de la crise syrienne en cours depuis quelques mois en est un.

État des lieux

Les prémices de la Gouvernance Mondiale sont mises en place par l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui, pour le moment, se veut être l’organisme de résolution des conflits entre les états dans le monde. Pour diriger le monde, l’ONU s’est dotée d’un Conseil de Sécurité composé de 15 membres dont 5 en réalité disposent du véritable pouvoir décisionnel. Ce sont les fameux membres permanents du Conseil de Sécurité : les USA, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine. Outre le fait qu’ils ne fassent pas l’objet d’un renouvellement, les membres permanents ont le droit de veto, un droit qui leur permet de bloquer toute résolution ou décision, quelle que soit l’opinion majoritaire au Conseil. Ainsi pour intervenir en Irak, en Libye, en Côte d’Ivoire, etc. il avait forcément fallu que ces cinq membres permanents soient tous d’accord sur la forme et le but des interventions ; et ils l’étaient!

Toutefois, les États membres de l’ONU sont dits souverains, la souveraineté nationale d’un État étant comprise comme la qualité de l’État de n’être déterminé que par sa propre volonté en respectant uniquement sa propre constitution. Si donc dans ses textes fondateurs l’ONU avait résolu de respecter la souveraineté des États, une dangereuse mais prévisible évolution a fait introduire dans l’ONU le concept de l’ingérence humanitaire fondée sur le slogan : « on ne laisse pas les gens mourir ».

Le droit d’ingérence humanitaire est dès lors la reconnaissance du droit que reçoivent des nations mandatées de violer la souveraineté nationale d’un autre État, ce dans le cadre d’un mandat bien précis accordé par l’ONU pour les buts humanitaires. Ainsi, il suffit que quelques rebelles défient l’autorité en place dans un État, reçoivent comme réponse des tirs de balles réelles et présentent des morts à l’ONU pour que l’ONU vienne leur donner le pouvoir comme sur un plateau d’or. Facile, non ? Quelle belle recette pour faire un coup d’État!

Bilan des interventions

Force est cependant de constater que sur le terrain des opérations, les choses ne sont toujours pas passées comme convenu. Non seulement les conséquences des interventions militaires n’ont pas toujours produit les effets escomptés pour les populations au secours desquelles l’ONU disait venir, mais aussi les nations chargées de conduire les opérations sur le terrain se sont trop souvent données la liberté d’agir au-delà du mandat à elles accordé.

Au regard de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire et en Libye, pour ne citer que ces deux cas, tout porte à croire que trois (3) des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU avaient des agendas cachés aux deux autres. En effet, sous le fallacieux prétexte de protéger des populations civiles contre les armes lourdes utilisées par les parties en conflit, il s’agissait, toujours secrètement pour les USA, la France et le Royaume-Uni, de désigner les bons qu’il fallait mettre au pouvoir et les méchants qu’il fallait tuer ou envoyer à la CPI.

Sur le théâtre des opérations, les bons étaient pourvus d’armes lourdes, recevaient le soutien logistique, le conseil de guerre et un renfort combattant de l’ONU tandis que les méchants désignés étaient accusés de tous les crimes de guerre, bombardés sans discernement en même temps que les populations civiles et les dirigeants assassinés ou transférés à la CPI. Alors que l’ONU faisait miroiter la mise en place de la démocratie, la relance du développement du pays et la réconciliation nationale après son intervention pour obtenir l’adhésion de la Russie et de la Chine à ses projets macabres, la réalité est que les conséquences des interventions sont aux antipodes des prévisions.

Mieux, il ne reste que désolation pour les populations, chômage, pauvreté, endettement, délabrement des infrastructures du pays, rupture de la paix sociale, partition du pays et mise en place des dictatures d’une autre forme soutenues comme en Côte d’Ivoire à bras le corps par un détachement militaire français permanent pour maintenir artificiellement les bons au pouvoir. Une fois leurs objectifs atteints, nos pyromanes se transforment en pompiers proposant leurs services non moins intéressés pour la reconstruction du pays ainsi sinistré. Mais de fil en aiguille, la Russie et la Chine, ainsi que d’autres nations et personnes qui naïvement avaient cru aux déclarations de bonnes intentions des USA, de la France et du Royaume-Uni, se sentent désabusées pendant que l’ONU continue de perdre sa crédibilité quant à sa neutralité dans la gestion des conflits.

Plus jamais ça!

A la faveur de la crise syrienne, voulant faire prendre à la Russie et à la Chine des vessies pour des lanternes, nos trois larrons nous resservent le même discours rhétorique : « la protection des populations civiles. » La mélodie est pourtant déjà connue et le disque rayé. Ce qui ne les empêche pas de fredonner sans relâche ce refrain dans l’espoir de faire craquer ces deux pays. La visite que M. Vladimir Poutine, Président de la Russie a accordée à M. François Hollande, Président de la France, le 01 juin 2012 à Paris a donc été l’occasion pour le second de tâter à nouveau le terrain.

Niet, niet, niet et niet, a dit le Président Russe à François Hollande. Certes il arrive qu’il y ait des oppositions et des conflits entre les ressortissants d’un même pays. Dans les cas de la Libye et de la Côte d’Ivoire, à l’insu de la Russie et de la Chine, les USA, de la France et du Royaume-Uni ont désigné les bons et les méchants. Mais au fait, qui leur donne le droit de décerner les certificats de qualité ? Leur jugement et leurs approches étaient-ils seulement justes et justifiés ? Et que dire de la désolation qui s’est installée dans ces pays après les bombardements ? Pourquoi les journalistes, complices de ces mascarades, ne parlent plus des conséquences de ces actions une fois les forfaits accomplis ? Et que dire de ce que l’OTAN va toujours au-delà des résolutions de l’ONU ?

Fortes de la mémoire de ces mensonges, la Russie et la Chine ne participeront plus jamais à de telles entreprises criminelles. Vladimir Poutine affirme qu’il préconisera sans relâche le dialogue entre les belligérants, les solutions diplomatiques et politiques. Si donc M. Bernard Henri Levi veut tant la fin de la crise en Syrie, alors qu’il cesse de faire rêver les rebelles syriens qu’ils auront un jour l’approbation de la Russie et de Chine pour chasser Bachar al-Assad du pouvoir. Qu’il les invite à la table de la négociation et de la véritable réconciliation nationale. Ce d’autant que le fait de soutenir des rebellions est une porte ouverte pour susciter d’autres rebellions dans le monde qui irait alors de guerre en guerre.

Si les images qui nous sont montrées à la télévision peuvent nous amener à dire avec M. Hollande que «Le régime de Bachar el-Assad s’est conduit de manière inacceptable, intolérable», il est légitime de se demander si les rebelles eux sont des enfants de cœur. A l’adresse de ceux qui veulent prétendre que la Russie sacrifie des vies innocentes des syriens sur l’autel des intérêts égoïstement politiques et économiques, Vladimir Poutine déclare que « la Russie n’a pas d’intérêts commerciaux en Syrie, pas d’intérêts militaires, elle ne soutient ni Bachar ni son opposition. Elle veut juste la fin des violences et mettre toutes les parties autour de la table…»

L’occident doit évoluer

Un observateur attentif de la marche du monde et des actions de l’ONU, Monsieur Ahoua Donmello, à qui nous avons demandé sur Facebook ses impressions au terme de cette conférence de presse a d’abord remarqué que les journalistes français étaient rentrés dans leurs petits souliers après le raisonnement nourri de l’expérience de Poutine. « La sagesse se nourrit de l’expérience et l’expérience se nourrit des erreurs du passé », dit-il. Selon lui, « il est temps que l’occident évolue vers la sagesse en arrêtant l’arrogance contre les faibles qui ne profitent qu’à quelques multinationales et n’entraîne pour le peuple occidental que le gonflement de la dette publique et l’immigration avec pour conséquences le chômage et le néonazisme. »

Guy François Olinga

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