Politique et Violences au Togo ! [Par Me.Maxmibubé Sitti]

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Un signe révélateur et traumatisant qui restera la marque de fabrique du régime des Gnassingbé : la violence, voire la barbarie !

Qu’il nous  souvienne des brimades infligées au public dans les stades par les forces armées togolaises, à chaque défaite de leur équipe de foot, les  «Diables rouges» !  Sans que le gouvernement d’union et de réconciliation n’intervienne et s’impose à cette armée auréolée de son putsch et nul ne semblait y faire attention ! Un mauvais augure en fait ! Deux pouvoirs parallèles en somme  et virtuellement antagoniques qui finiront par en découdre ! ! Une armée omniprésente et arrogante  avec un ennemi intérieur : le peuple. Déjà ! Mieux, la violence  sera l’outil de prédilection d’un régime militaro-tribal pour asseoir son pouvoir à partir de 1967. Arme de rattrapage ethnique pour humilier les autres composantes de la patrie, arme de maintien au pouvoir d’un clan et d’une dynastie autoproclamée et assumée par son exécuteur testamentaire, digne fils de son père !

Il serait toutefois injuste d’attribuer à ce régime autocratique et dictatorial, le monopole de la violence au Togo.

Elle a d’abord été coloniale et le reste soit sous la forme de caution à la violence militaire  et donc d’une intrusion permanente dans la vie politique de notre pays, soit sous la forme d’assassinats politiques ciblés  dont le plus symbolique est celui d’un président de la  république en fonction, Sylvanus Olympio.

Comment, par ailleurs,  expliquer le refus par Sylvanus Olympio de l’offre de collaboration de son beau-frère, Nicolas Grunitzky dont le parti , le parti togolais du progrès ( PTP), venait de  ratifier comme un seul homme,  le vote des togolais en accordant son investiture au nouveau premier ministre , Sylvanus Olympio , ainsi auréolé par le vote unanime de l’assemblée territoriale, unanimité dont, hélas, il n’a pas su tirer les bénéfices politiques que l’on pouvait en attendre !   

Quoiqu’il en soit, Le Togo venait de perdre une chance rare de rassembler  ses filles et fils vers un destin exceptionnel !

La violence coloniale sera suivie de celle des gouvernements civils, celui du régime de l’autonomie du premier ministre  Grunitzky et  celui du futur premier président du Togo indépendant, Sylvanus Olympio. Ce fut la période impitoyable des Ablodé Sodja ! C’était déjà un dévoiement des institutions républicaines dont l’apprentissage n’en était qu’à ses premiers balbutiements. Dès 1961, ce fut une sorte de chasse aux sorcières : la juvento, l’alliée d’hier fut embastillée, ses leaders jetés en prison dont les plus connus, Maître Anani Santos, Ben Apaloo, Max Aithson, Firmin Abalo !  L’opposition n’était guère mieux traitée. L’une et l’autre sont exclues des élections législatives de  cette année-là !

La voie vient de s’ouvrir pour le parti unique avec son lot de brimades, d’arbitraire, bref de toutes les dérives.

Cette période va laisser de profonds stigmates entre acteurs politiques de la période pour la plupart, originaires du Sud.

Le retour au pouvoir du président Grunitzky et son idée géniale d’un gouvernement d’union et de réconciliation nationale en 1963, n’auront pas suffi à conjurer le phénomène de la violence qui continue de croître dans la vie politique et s’étend insidieusement à la société togolaise.

La guère ou une certaine guéguerre va se poursuivre entre ces acteurs politiques sudistes  regroupés autour de Gnassingbé père, désormais à la tête de l’armée et du pays, mais  désespéré de ne pouvoir compter sur ces hommes du Sud dont il s’était entouré  pour faire décoller le pays ! Plus occupés à des règlements de compte personnels et aux intrigues de cour qu’aux affaires du pays !

Et, cerise sur le gâteau ,dans cette course aux faveurs du prince, des «intellectuels» oublieux de l’histoire , décident de renouer avec les démons du  parti unique donnant ainsi une nouvelle arme aux Gnassingbé, le RPT et le RPT/ UNIR. L’arsenal parfait de la violence politique est dorénavant en place !  La géopolitique ne demandait pas mieux ! Pourvu qu’elle n’ait pas à le regretter !

L’idée d’une « nation kabyè » prêtée au vice-président d’alors, Antoine Méatchi, émerge entretemps  et sera récupérée par le régime et ses vassaux, arrivistes et aventuriers politiques, après la chute de Grunitzky en 1967.  Ce sera aussi le début de la « tribalisation » du Togo.

Au grand dam de ses initiateurs,  le peuple, dans ses profondeurs et avec une  volonté aussi constante qu’inébranlable ne cesse de s’opposer à cette évolution dont témoigne encore son choix indiscutable du 22 février 2020, montrant ainsi la seule issue : le respect de la volonté populaire souveraine et le rejet de solutions imposées de l’extérieur !

Que le Dieu de nos ancêtres, le Dieu d’Afrique et de l’univers daigne délivrer le Togo et l’Afrique !

AMS

Ancien 1er vice –président de l’Union Togolaise pour la Démocratie (UTD)

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