Pascal Bodjona prend fait et cause pour Gilchrist Olympio
Si l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts) d’Agbéyomé Kodjo a été dissous par décision scélérate de justice jeudi dernier, le prochain parti sur la liste à se voir disloqué pourrait bien être l’Union des forces de changement (Ufc), du fait de l’égo surdimensionné de son leader.
On s’attendait à le voir entreprendre sa vendetta pour son exclusion temporaire décidée par le Bureau national le 28 mai dernier, lui connaissant un instinct rancunier hors norme, histoire de reprendre le contrôle du parti qu’il a visiblement perdu au profit de Jean-Pierre Fabre et le reste du Bureau national. Eh bien les choses se précisent. Le calme n’était donc que temporaire.
Un congrès extraordinaire le 4 juillet
Gilchrist Olympio vient en effet d’enclencher sa vengeance. Ayant échoué dans sa tentative de rétablir son autorité perdue en recomposant le Bureau national contre toute disposition statutaire, il veut aller plus loin. Selon les indiscrétions, le « Maréchal » démobilisé se proposerait d’organiser un congrès extraordinaire le dimanche 4 juillet prochain. Des tractations seraient déjà entreprises pour embarquer dans cette aventure les membres de certaines fédérations du parti. Dans le camp de la légalité, celui de Jean-Pierre Fabre, on préfère en rire. « Ce sont là les ébats d’un moribond. Cette initiative de Gilchrist Olympio frise le ridicule. Les textes de notre parti sont clairs, c’est le Bureau national qui organise un congrès sur convocation du Secrétaire général qui propose l’ordre du jour. Dans le cas d’espèce c’est donc Jean-Pierre Fabre qui doit y procéder… Et puis aussi, Gilchrist Olympio à l’instant « T » est exclu du parti, il ne peut donc plus se prévaloir membre et organiser quoi que ce soit », réagit un responsable du parti. C’est le contraire qui aurait étonné.
La Justice comme alternative pour trancher
Il nous revient que l’« opposant historique » envisage de saisir le Tribunal de première instance de Lomé pour porter plainte contre le Bureau national du parti incarné par Jean-Pierre Fabre. Cette recette serait une alternative au cas où le Congrès extraordinaire n’aboutirait pas à réinstaller Gilchrist Olympio. Et tout ce scénario serait mijoté dans les laboratoires du pouvoir. Avec la jurisprudence Obuts, il y a de fortes chances que la Justice togolaise en voie de modernisation –humm….- lui donne raison. Malgré l’illégitimité de la plainte portée par le couple Vidada-Codjie, les arguments avancés par la Défense et la clarté de la charte des partis politiques, ce sont eux qui l’ont emporté. Et celui qui a joué le jeu trouble dans cette affaire, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales va sans doute récidiver.
Pascal Bodjona donne les couleurs
On se rappelle, Gilchrist Olympio a procédé le 15 juin dernier à un simulacre de recomposition du Bureau national de l’Ufc. Il a tout d’abord cassé le Bureau issu du congrès ordinaire des 18 et 19 juillet 2008, puis formé un autre, où sont reconduits bizarrement Jean-Pierre Fabre, Patrick Lawson, bref la presque totalité des membres de l’ancienne équipe, sauf la Vice-présidente Me Isabelle Améganvi et le Secrétaire national à la Communication Eric Dupuy. Ce Bureau made by Gilchrist Olympio a été également élagué des sections Jeunesse et Dame et ampliation de cette décision scélérate a été faite au ministère de l’Administration territoriale.
Après ce coup de tête du « Maréchal », le Bureau légitime incarné par Jean-Pierre Fabre a saisi par lettre datée du 23 juin ledit ministre pour lui faire part de certaines clarifications. Il a été rappelé à Pascal Bodjona, dans ce courrier signé de la 3ème Vice-présidente Isabelle Améganvi, la décision du Bureau national en date du 28 mai 2010 relative à l’exclusion temporaire de Gilchrist Olympio, et donné copie de la résolution N° 004 du 2ème Congrès ordinaire de l’Ufc relative à la révision des statuts et du règlement intérieur du parti. « Seule la composition du Bureau national telle qu’issue du 2ème Congrès ordinaire du parti est légale et régulière jusqu’ au prochain Congrès », précise le courrier. Assez donc pour montrer l’illégalité de la sortie de Gilchrist Olympio. Mais le préposé du gouvernement semble choisir le camp du nouvel ami du pouvoir.
Dans le courrier réponse daté du 25 juin 2010 à Mme Isabelle Améganvi, donc au Bureau national, Pascal Bodjona prend visiblement fait et cause pour Gilchrist Olympio, donnant ainsi les couleurs du dénouement probable sur ce mélodrame Ufc s’il devait finir à la Justice. « Il m’est loisible de rappeler que par lettre en date du 15 juin 2010, le Président national de l’Ufc a porté à notre connaissance, pour déclaration, le changement intervenu dans la direction de ce parti en annexant à sa lettre la liste des membres du nouveau bureau national », a répondu le ministre, avant d’assener : « Dès lors, vous conviendrez avec moi que votre lettre, postérieure à celle de M. Gilchrist Olympio, ne saurait produire d’effet rétroactif de nature à annuler les actes antérieurement posés par le Président national de l’Ufc ». Voilà qui est clair.
« Gilchrist Olympio est dans une logique de destruction systématique de l’Ufc », flairait tout récemment Eric Dupuy. C’est sans doute le scénario qui est ainsi enclenché. C’est tout de même regrettable que Gilchrist Olympio qui a passé toute sa vie à combattre le régime Gnassingbé et décrier la Justice togolaise, en vienne aujourd’hui à s’en servir pour détruire l’œuvre de tant de jours, son propre parti.
Tino Kossi
LIBERTE HEBDO TOGO