Au cours actuel du pound britannique, 1.875 GBP font environ 1.478.628,75 francs cfa. (1 pound = 788,60 fcfa). Ce qui fait que le prix du kilogramme de fèves de cacao à la bourse des marchandises de Londres serait de 1.478, 62 fcfa. Arrondissons à 1.478 francs.
L’an dernier, selon les dires du gouvernement à l’issue du dernier conseil des ministres, le prix fixé pour la campagne intermédiaire était de 700 francs cfa et le chef de l’Etat a tenu, en raison de ce qu’il sait du prix sur le marché international (dont ne parle pas le communiqué du conseil), à ce que le prix pour la campagne intermédiaire qui s’ouvre le premier avril 2014 , le prix soit fixé à 750 francs cfa, c’est à dire au même niveau que le prix de la campagne principale passée. Et le gouvernement souligne que c’est la première fois (de notre histoire ?) que le même prix reste valable sur les deux types de campagnes en Côte d’Ivoire.
Si, comme le disent certains sachants, 60% de ce prix sont pour le producteur, alors ce sont 908 francs environ, et non 750 francs, qui devraient être «généreusement accordés» par le gouvernement au producteur, dont on ne connaît ni les coûts de production, ni les coûts fixes, ni les charges variables dans le calcul de ce qu’on décide de lui verser arbitrairement comme prix de son produit. Cette générosité consiste à ne verser au paysan qu’environ 51% du prix international de sa production. [(750/1478)x100= 50,74%]
Supposons que les sachants aient raison, alors le paysan en plus du prix qui est arbitraire, perd près de 158 francs par kilo (908 fcfa-750 fcfa).
En outre, le gouvernement, selon les sachants, garde pour lui même 22% du prix international, soit 325 francs par kilogramme. Au total le généreux et altruiste gouvernement gagne dans l’affaire 483 francs cfa par kilogramme, c’est à dire (325 fcfa + 158 fcfa).
Belle façon de rendre service aux paysans, quand on voit à quoi cet argent usurpé sert par la suite: convoitises, conflits, haines. Le cacao, qui aurait dû être une bénédiction pour notre pays, devient une malédiction. Notre État vole le paysan. Ce n’est pas moral et les conséquences sont là. Les paysans, sur lesquels repose le succès du pays, comme dit la propagande, en sont aussi les plus pauvres, comme le montre la réalité.
A LIDER, nous voulons changer la malédiction en bénédiction.
Pour mémoire, il faut savoir que ce qui est décrit n’est pas la fixation du prix du cacao, qui dérive normalement de l’offre mondiale et de la demande internationale en la matière. Ce dont on parle ici, en pourcentages, ce sont les clés de répartition par l’Etat de la rente ou du prix international du cacao entre lui-même État (22%), les producteurs (60 %) et les exportateurs (18%).
Si on peut comprendre les parts des deux derniers qui produisent pour les uns et exportent pour les autres, il n’est pas facile de comprendre pourquoi c’est l’Etat qui partage la rente et pourquoi il s’offre à lui-même 22% du prix extérieur.
S’agit-il de l’équivalent de la Tva? Dans ce cas pourquoi, ne prend-il pas 18% au plus ? S’agit t-il d’un impôt sur le bénéfice industriel et commercial des cacaoculteurs ? Dans ce cas, pourquoi le prélever alors sur le prix du marché et non sur le bénéfice du paysan?S’agit-il d’un impôt foncier, d’une rente foncière que le propriétaire des terres prélève sur ses métayers ou sur ses serfs ?
Le paysan ivoirien est parmi les plus pauvres du monde rural et il est spolié depuis toujours du fruit de son travail. Il est amoral, inefficace et injuste de ne lui verser que la moitié du prix international de son produit. Après, on ira chercher le crime économique partout sauf au sein de l’Etat de Côte d’Ivoire officiellement criminalisé.
Mamadou Koulibaly
Président de LIDER