Ouest ivoirien – Le jeu trouble de Blaise Compaoré, les dessous d’un calvaire

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Le village de Petit-Guiglo, dans la sous-préfecture de Tinhou (Bloléquin), a été attaqué samedi à l’aube par des inconnus armés, qui ont incendié un quartier de la localité, a appris l’Aip auprès d’habitants de ce village ayant fui pour se réfugier à Tinhou.

A en croire ces témoins, un groupe d’individus armés a lancé un assaut aux environs de 4h du matin contre le village, où ils s’en sont pris aux habitants d’un quartier essentiellement habité par des allogènes burkinabé. La quasi-totalité des habitations de ce secteur a été incendiée. Cette attaque qui intervient dix jours après celle de Zilebly et deux jours après celle de Tiobly, a créé une psychose généralisée au sein des populations de Petit-Guiglo.

Les dessous d’un calvaire

C’est une vérité de La Palice. Les populations autochtones de l’Ouest sont victimes de leur géographie : la forêt dense. Une forêt propice à l’agriculture dont la cacaoculture. Son premier rang mondial de cette fève, la Côte d’Ivoire le doit à une main d’œuvre diverse : autochtones, allochtones et allogènes Burkinabé. Ce, au lendemain de l’indépendance. La politique du premier Président, feu Félix Houphouët Boigny, basée sur l’agriculture a favorisé un flux migratoire vers la partie occidentale du pays Avec son corolaire de pression sur la terre cultivable. Peu à peu, la démographie s’est recomposée. Pour basculer du côté d’un nomadisme ouest-africain à la faveur de la crise militaro-politique de 2002. Avec un fort contingent burkinabé. De gré ou de force, ceux-ci ont acquis des lopins de terre. Et ne sont prêts à les perdre pour rien au monde.

Le jeu trouble de Blaise Compaoré

Assuré du soutien de leur Président, Blaise Compaoré, ils dictent leur loi à l’Ouest. Régentent la zone à leur guise. Font monter la météo en fonction de leurs intérêts et ceux de leurs parrains internes ou externes. C’est un euphémisme que de dire Blaise Compaoré fait et défait les chefs d’Etat ivoiriens. Henri Konan Bédié a payé cash sa préférence nationale concernant la loi sur de le foncier de 1998, loi qui confère le titre de propriétaire aux seuls nationaux ivoiriens. Le coup d’Etat qui l’a évincé du pouvoir en 1999 a un fort parfum de Po, camp militaire qui sert de refuge à ceux qui sont en rupture de banc avec l’armée de leur pays. Charles Gankkay Taylor a longtemps bénéficié de cette base dans sa déstabilisation du Libéria, avec la complicité des autorités ivoiriennes d’alors. Laurent Gbagbo a aussi fait les frais de la capacité de nuisance du locataire du palais de Kosyam. Son souverainisme a été jugé dangereux par Blaise Compaoré. Alassane Ouattara le sait.

A-t-il la volonté de résoudre le problème de l’Ouest ?

Ses détracteurs pensent qu’il n’en a pas le coffre, ni la volonté. Parce que redevable à cette colonie qui a fait sauter le verrou de l’Ouest sur la route du Palais. Même si malgré tout, il était gagné pour un remord tiré de la Constitution, celui de protéger les Ivoiriens et leurs biens, il réfléchirait par deux fois, parce que Compaoré, de là où il se trouve, passe à la loupe la politique en Côte d’Ivoire. Mieux, lui dont le pays ne dispose d’aucun plant de cacao, mais qui est devenu par la force des choses, exportateur de l’or brun, n’est pas prêt à mettre un terme à cette plus-value pour l’économie burkinabé.

Le déguerpissement des forêts, l’étincelle qui a rallumé la flamme à l’Ouest. Les indiscrétions notent qu’il disposerait de vastes étendues de plantations de cacao gardées par ses compatriotes en armes. Amadé Ouéremi, le seigneur du Mont Péko et le sieur Adama des forêts de Bloléquin en font surement partie. La décision gouvernementale d’user de la force pour libérer les forêts classées a été perçue comme une menace au sein de la colonie de peuplement. D’où la guerre ouverte, avec le secret espoir de reléguer aux calendes grecques cette décision. Et, en dehors des élucubrations coutumières du ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, tendant à indexer les pro-Gbagbo, le mutisme des autorités semble clairement indiquer que cette option sera vite abandonnée. Au grand dam des écologistes, en particulier, et des Ivoiriens en général. Pauvre Côte d’Ivoire !

Ces attaques qui marquent l’impuissance du régime Ouattara

Presqu’à la même cadence, il ne se passe plus de semaine, sans que les armes ne retentissent et fassent entendre de leurs macabres échos, le péril qui se déroule dans le bourbier de l’Ouest. Des pétarades qui ne manquent pas pour une énième fois de déculotter le pouvoir Ouattara qui se perd en conjectures dans ses déclarations, en annonçant publiquement que des dispositions ont été prises pour sécuriser la zone. Chaque fois que survient une attaque à l’Ouest. Mais rien n’y fit. Les attaques se multiplient et se ressemblent. Ce qui semble être désormais un disque rayé, la sortie du sécurocrate du régime, Paul Koffi Koffi, ministre délégué à la Défense est frappée de caducité. Le pouvoir est vraiment dans la tourmente. Les attaques de Zilébly le 13 mars 2013, de Tuobly, le 21 mars 2013 et dernièrement celle de petit Guiglo du 23 mars ont le dénominateur commun de mettre à nu l’impuissance et l’incapacité du pouvoir de venir à bout de l’insécurité qui s’est sédentarisée à l’Ouest. A laquelle le régime Ouattara offre d’ailleurs de la matière à terroriser les populations locales, notamment les Wê. En laisser sévir en toute impunité des bandes armées à l’instar de celles d’Amadé Ouérémi.

Tché Bi Tché

Marcel Dezogno

LG Info

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