Les plus modérés du FPI et de l’opposition en sont tout blazés. Ils viennent tous de jeter l’éponge samedi dernier après la sanglante répression et le meurtre des militants pro-Gbagbo à la place Ficgayo samedi dernier.Le médicament ADO qu’ils voulaient malgré tout essayer s’est révélé, non pas amer, mais un poison mortel.
C’est l’impasse totale au niveau de l’opposition FPI-CNRD, qui a vu samedi dernier son dernier espace d’expression, les meetings et marches, disparaître, voire enterré.
Pour Miaka Ouretto, qui a tenu à s’adresser en quelques mots à la foule, «la Côte d’Ivoire, notre pays marche sur la tête… Est-ce cela la démocratie ? Cette Côte d’Ivoire-là n’est pas une démocratie. C’est une tyrannie… Je suis heureux de ce que vous êtes témoins de ce qui ce qui passe aujourd’hui, ici sous nos yeux. La terreur, la haine et la violence qui s’abattent sur nos militants aux mains nues pour un meeting pacifique.
La violence de ceux qui ont peur de perdre un pouvoir mal acquis. Je salue la maitrise de soi et la détermination de tous ceux qui ont effectué le déplacement de ce matin pour soutenir le Président Gbagbo et dire non à l’injustice. Je félicite les journalistes, notamment ceux de la presse internationale, qui ont bravé toutes les difficultés pour être ici au risque même de leur vie. Comme nous ne sommes pas pour la violence, nous demandons à nos militants de rentrer dans le calme chez eux, le pari de la mobilisation ayant été largement gagné ».
Pour beaucoup d’analystes, la démocratie en Côte d’Ivoire est morte samedi dernier à la place Ficgayo de Yopougon. Une mort sanglante, très violente. Même les observateurs les plus avertis n’avaient pas prévu pareille issue morbide de la démocratie en Côte d’Ivoire.
Car tout avait été prévu et fait dans les règles de l’art, tant du point de vue administratif que sécuritaire.Les forces de l’ordre et l’Onuci s’étaient résolus à encadrer le meeting et éviter tout débordement.
De plus, il ne s’agissait pas d’une marche, mais d’un rassemblement.
Et patatras, voilà que le gouvernement envoie ses FRCI et ses tueurs infiltrés et armés, attaquer sauvagement la manifestation pourtant pacifique et bien organisée du front populaire ivoirien.
Attaque soldée par 2 à 3 morts et des centaines de blessés parmi les pro-Gbagbo.Les chiffres définitifs seront bientôt disponibles, mais l’envoyé spécial d’IvoireBusiness à la place Ficgayo a aperçu deux morts et deux blessés très graves, qui ont été transportés dans un hôpital de la place pour des soins intensifs.
Pourquoi le pouvoir a-t-il entrepris de réprimer de façon sanglante une manifestation autorisée du FPI avec des militants aux mains nues ?
Quel signal veut-il donner à l’opposition et au monde ?
Mystère.Partout dans le monde, c’est l’indignation la plus totale, devant pareille boucherie inexpliquée.La répression intervient juste après le séjour d’Hillary Clinton à Abidjan, et juste avant la visite officielle de Ouattara en France du 25 au 28 janvier 2012.
Les médias français tels que RFI, France 24, AFP, ITélé, prompts à encenser Ouattara ont dû se rendre à l’évidence devant pareille boucherie, et se fendre d’un communiqué, pour condamner le régime Ouattara.
L’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), dont le rôle trouble durant la manifestation n’est pas passé inaperçu, a condamné énergiquement les incidents survenus samedi à Yopougon lors du meeting du Front Populaire Ivoirien (FPI) faisant de nombreux blessés.
« L’ONUCI tient à rappeler son attachement à la liberté de rassemblement et d’expression, indispensable à la vie démocratique.
L’ONUCI invite le Gouvernement à prendre les mesures appropriées pour déterminer les circonstances de ces incidents malheureux, en identifier les auteurs pour les arrêter et les traduire en justice conformément à la loi en vigueur », a déclaré dans un communiqué, Hamadoun Touré, porte-parole de ladite organisation.
Pour beaucoup d’analystes, la place Ficgayo marque l’acte de décès de la démocratie en Côte d’Ivoire.
De toute évidence, la démocratie et l’Etat de droit exaspèrent Alassane Ouattara, qui semble en être très allergique.
Tout se passe comme s’il vivait avec ses suppôts dans un monde à lui, où fort de son soutien français, il serait devenu imperméable à la critique et à la démocratie. Un monde couvert de haine dans lequel la tyrannie se le dispute à la dictature.
Mais la visite de Clinton à Abidjan a permis de comprendre que Barack Obama a commencé à prendre ses distances vis-à-vis du régime Ouattara, qui a une grande aversion pour la démocratie et les droits de l’homme, chers aux américains.Pour la majorité d’ivoiriens, épris démocratie et de valeurs républicaines, l’impasse est aujourd’hui totale. Alassane Ouattara ne leur offre que sang et pleurs.
Un sursaut national leur est plus que jamais nécessaire pour lui imposer la démocratie et les droits de l’homme, qu’il méprise royalement.
La balle est désormais dans le camp des hommes politiques et des résistants de tous poils. A eux de trouver le médicament nécessaire pour résoudre l’équation Ouattara et délivrer la Côte d’Ivoire de sa dictature.
Catherine Balineau