Propos recueillis par Rom Dominique Hollo (Savoir News)
Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, facilitateur du dialogue intertogolais :
« Je voudrais très sincèrement féliciter les membres des délégations, les forces politiques représentées à l’Assemblée nationale du Togo, d’abord pour leur persévérance, leur clairvoyance mais aussi pour la grande disponibilité et surtout l’esprit d’ouverture dont ils ont fait preuve tout au long de nos discussions. Bien sûr, je me réjouis des conclusions auxquelles nous sommes parvenues, qui ont surtout aidé à aplanir les divergences qui existaient au plan politique entre les différentes délégations. Nous pouvons aujourd’hui nous réjouir ensemble d’avoir pu surmonter les obstacles politiques. Je souhaite que nous puissions accompagner toujours de nos réflexions, de nos observations, de nos conseils, les actions, les activités à la fois de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et aussi de toutes les structures qui seront associées à la mise en oeuvre du processus électoral. Nous avons réalisé l’essentiel car, le consensus était nécessaire pour aller vers des élections présidentielles apaisées, mais nous savons qu’il reste encore beaucoup de travail à la fois technique, administratif et même politique. Il nous faut encore mobiliser la société civile togolaise, mobiliser les hommes et les femmes des différentes ONG, mobiliser les médias aussi car, nous avons échangé longuement sur l’éthique de la presse dans une compétition aussi majeure que l’élection présidentielle. C’est important pour la stabilité du processus électoral et pour la stabilité même du pays ».
Gilchrist Olympio, président de l’Union des forces de changement (UFC) :
« Nous avons fait beaucoup de progrès au cours de ces deux ou trois derniers jours. Nous n’avons pas résolu tous les problèmes, mais nous croyons que dans les jours, les semaines ou peut-être dans les mois à venir, nous allons nous revoir entre nous et avec le facilitateur pour encore améliorer cette situation. Il y a des points qu’on a laissés par exemple, la question du mode de scrutin. Nous continuons la réflexion et avec un peu de chance, nous trouverons une solution qui convient à tout le monde.
Sur la composition de la CENI, nous nous sommes mis d’accord sur les modalités, le nombre et même le côté arithmétique a été satisfait ».
Solitoki Esso, secrétaire général du Rassemblement du peuple togolais (RPT, pouvoir) :
« Nous sommes venus en tenant compte d’une ligne de conduite exprimée clairement par notre président (Faure Gnassingbé) en ce qui concerne sa volonté d’organiser des élections pacifiques sans violence. Nous sommes venus pour examiner les difficultés qui apparaissaient encore dans certains de nos textes concernant la loi électorale et avec le concours du facilitateur, essayer d’aplanir avec les autres collègues. Nous avons été satisfaits du fait que sur le plan des conditions d’éligibilité, il n’était pas nécessaire d’aller au-delà du code électoral pour nous entendre sur une organisation apaisée des élections ».
Me Dodji Apevon, président du Comité d’action pour le renouveau (CAR, opposition)
« Depuis un certain temps, toute la classe politique au Togo a une préoccupation, c’est l’organisation d’élections apaisées, tranquilles dans notre pays. Parce que de par le passé, nous avons connu des difficultés, c’est pour cela que nous considérons l’élection présidentielle de 2010 comme un tournant majeur devant faire en sorte que le pays retrouve l’apaisement. Nous ne pouvons pas passer notre temps à tourner sur des questions politiques, alors que le pays a besoin de nous pour son développement. C’est pour cela que nous voulons créer les meilleures conditions pour que ces élections se déroulent dans les meilleures conditions. Nous sommes venus voir le facilitateur pour lui soumettre nos doléances, il nous a écoutés, il a pris les points des uns et des autres. Mais vous savez que lorsque vous venez à ces genres de discussions, vous ne pouvez pas tout obtenir. Vous êtes venus avec un certain nombre de points, mais vous vous contentez du minimum. L’essentiel est que le minimum sur lequel nous nous sommes entendus puisse être mis en application pour que ces élections se déroulent sans heurts pour nous tous. C’est ce que nous souhaitons pour le Togo ».
Pascal Bodjona, ministre de l’Administration territoriale, porte-parole du gouvernement
« Je voudrais rappeler que nous sommes venus à ces discussions avec un esprit d’ouverture conforme à l’engagement maintes fois renouvelés par le président de la République, celui de faire des élections présidentielles de 2010 au Togo, un rendez-vous qui puisse rompre avec tout ce que le pays a connu. Grâce à la facilitation du président du Burkina Faso, nous sommes parvenus à une entente. Au nom du gouvernement, je voudrais réaffirmer notre satisfaction de savoir que désormais le problème majeur qui divisait la classe politique notamment la structure d’organisation des élections – la CENI – que ce malentendu est classé. Nous venons ensemble avec nos amis de l’opposition d’adhérer à la composition de la CENI telle que prévue dans la loi portant modification du code électoral du 29 juin. Cette structure est composée de dix-sept membres. Les modes de désignation ont été réaffirmés. Nous nous sommes entendus sur les modalités qui permettront de consolider les bases d’une élection transparente et démocratique. En tout cas, en ce qui concerne le gouvernement, tout ce qui a été l’objet d’une entente sera très rapidement mis en oeuvre une fois arrivé au pays, pour que les étapes nécessaires pouvant concourir à une élection transparente puissent être engagées très rapidement.
Il n’y a pas eu de changement sur la composition de la CENI, l’article 15 de la loi modifiée préconise une CENI de dix-sept membres avec des composantes politiques: majorité et opposition au Parlement, la composante des partis politiques extraparlementaires, la société civile et l’administration. Sur la composition des dix-sept membres, nous venons de réaffirmer notre adhésion de même que sur le statut de tous les membres qui ont désormais voix délibérative.
Il y a seulement un point de désaccord qui a été soulevé légitimement par certains acteurs politiques notamment de voir si à l’étape actuelle, on pouvait discuter sur le mode de scrutin parce que notre Constitution consacre le mode de scrutin à un tour. Certains ont soulevé leurs préoccupations et l’intérêt qu’ils portent sur le mode de scrutin à deux tours. Mais les modes de scrutin c’est un débat, ce n’est pas anticonstitutionnel, ce n’est pas antidémocratique que ce soit deux tours ou un tour. Mais ce sont des réflexions à faire. La modification d’une constitution ne relève pas d’un jeu de hasard, il faut un débat. Donc, nous avons face à la difficulté, convenu que la réflexion puisse se poursuivre. Si elle aboutit tant mieux mais sinon, la Constitution actuelle à laquelle nous avons tous affirmé notre adhésion consacre le mode de scrutin à un tour ».