Orgasme, masturbation… La sexualité féminine dévoilée

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Les pratiques féminines s’organisent de façon ritualisée, moins pulsionnelle que les hommes. « La stimulation manuelle du clitoris et l’excitation par les fantasmes sont prédominantes pour les femmes, alors que la pornographie est « la » source d’excitation majoritaire des hommes » détaille le psychiatre.

Au XXIème siècle, la femme affiche une libération sexuelle sans précédent. Mais au-delà des apparences, qu’en est-il réellement ? Que se passe-t-il au sein des couples ? Jouissance et orgasme ne semblent pas toujours au rendez-vous. Le psychiatre Philippe Brenot nous livre les 4 points essentiels des secrets des femmes que révèle son enquête conduite avec le concours de l’Observatoire du couple.

La sexualité au coeur du débat de l’évolution des femmes ! Tout porte à croire que le désir va bon train, que l’orgasme n’a plus de secrets, que les femmes belles et sensuelles disposent de leurs fantasmes comme elles le souhaitent. Au delà des idées reçues qui circulent sur la sexualité, le psychiatre et sexologue Philippe Brenot a choisi de donner la parole à 3 400 femmes autour d’un questionnaire comportant 187 questions. Leurs réponses ont permis de tracer des contours plus précis d’une sexualité au féminin, plus en phase avec la réalité. Il lève le voile sur ce qui se passe dans la tête des femmes, leur sexe et leurs ébats au sein du couple.

Une évolution tant de l’image que de la liberté d’expression

Libération sexuelle femme La libération sexuelle ne date pas d’aujourd’hui. Mais d’hier à peine. Des années 50 exactement et depuis, elle n’a eu de cesse de prendre son essor avec un pic « libertaire » dans les années 70. L’enquête menée par Philippe Brenot, son équipe et l’Observatoire du couple, révèle que la femme des années 2000 est résolument plus libre, tant dans sa tête, que ses paroles et son comportement.

La femme a gagné en image d’elle-même : elle se trouve belle et sensuelle à 69 % ! « C’est nouveau » commente le psychiatre. Seules 1/3 d’entre elles se posent encore des questions dans le cabinet du sexologue : « Suis-je normale ? ». En filigrane, elles sont de moins en moins à rejeter leurs fesses ou leurs seins. N’en déplaise à tous ceux qui nous vendent régime et chirurgie esthétique.

S’exprimer est devenu plus courant : tant dans l’expression de leur désir pour un homme que dans la capacité à relater des détails de leur vie intime ! Et ce n’est pas anodin ! On savait la femme grande communicante de l’intime, elle gagne aujourd’hui ses galons X.

La masturbation n’est plus taboue…

L’autoérotisme a pris une pace centrale dans l’épanouissement sexuel. Le message semble être passé : mieux se connaître ouvre des portes insoupçonnées. Plus de deux femmes sur trois (68 %) des femmes pratiquent la masturbation, seules 10 % culpabilisent. Un quart (25 %) d’entre elles ont une pratique régulière à raison d’une fois par semaine. Bien plus qu’une pratique solitaire hors couple, elle permet une connaissance de soi et l’accès à des ressorts corporels ou fantasmatiques avec des répercussions en termes de plaisir. Les pratiques féminines s’organisent de façon ritualisée, moins pulsionnelle que les hommes. « La stimulation manuelle du clitoris et l’excitation par les fantasmes sont prédominantes pour les femmes, alors que la pornographie est « la » source d’excitation majoritaire des hommes » détaille le psychiatre.

Un comportement qui n’est pas sans risques non plus : le principal danger à accéder à l’orgasme par une masturbation de type « automatique » est de freiner son accès en couple par d’autres voies. Philippe Brenot précise : « La ritualisation du déclenchement orgasmique clitoridien peut entraîner une gêne face à d’autres stimulations, y compris le coït ». D’où l’importance de développer son accès à l’érotisme seule ou en couple.

Hommes/femmes : Une asymétrie sexuelle

Les chiffres sont là, témoignant d’un désaccord sexuel que l’on ne peut plus taire. Lors du premier rapport, 76 % des hommes affirment avoir eu un orgasme, contre seulement 6 % des femmes. Ce qui entraîne beaucoup de culpabilité de leur part. Nombreuses sont les femmes terriblement déçues par cette première fois : 40 % l’avouent. La perte de la virginité est bel et bien perçue totalement différemment par les hommes et les femmes. Et ce n’est que le début d’un incroyable malentendu ! A cette première fois succèdent de nombreux ébats et là encore les chiffres parlent. Alors que la tyrannie de l’orgasme bat son plein, 90 % des hommes en jouissent à chaque rapport contre seulement 16 % des femmes. Ce fameux orgasme coïtal dont on nous rabat les oreilles, le fameux pompon à décrocher… Et bien les femmes y parviennent en moyenne seulement 1 fois sur 5 ! Une révélation qui entraîne un vrai questionnement. Mais alors qu’en est-il de cette jouissance polymorphe, dont est dotée la femme ? Pourquoi ne l’expérimente-t-elle pas davantage ? Il semblerait que les éléments ne soient pas rassemblés pour en permettre l’émergence.

L’orgasme, parlons-en ! Il est contemporain de l’éjaculation pour la majorité des hommes. Ce qui donnerait à penser que malgré l’évolution des moeurs, la norme en vigueur reste à dominante masculine. La parole s’est libérée, toutefois la possibilité d’explorer librement dans le couple d’autres modalités ne va pas de soi. Dans les faits, la sexualité reste axée sur la performance coïtale !

La face sombre de la sexualité féminine

« La vulnérabilité est une des composantes majeures de la sexualité féminine » témoigne Philippe Brenot. A la question : « Avez-vous éprouvé des émotions négatives intenses lors de rapports sexuels » la réponse est « oui » à 49 %, contre seulement 5 % des hommes. Les émotions qui y sont rapportées sont de l’ordre de la honte, de la peur, de l’angoisse… Des chiffres qui ont bouleversé le psychiatre : « Il y a quelque chose de l’ordre d’une position de fragilité de la femme sur le plan intime. Trop nombreuses sont celles qui se sentent obligées d’accepter des comportements malgré elles en rapport avec l’effraction de l’intimité corporelle ou de l’identité ». Les conséquences sont des phases de dépression, de dégout de soi, ou de rejet de la sexualité, qui ne trouvent cependant pas toujours avec le temps, une résolution. Philippe Brenot conclut : « Ce qui est terrible, c’est que les hommes n’en soient pas conscients ».

La liberté reste à explorer

En conclusion : la femme a acquis une liberté considérable, tant en termes de relation à son corps que de son esprit. Toutefois au sein du couple, des enjeux perdurent. « Le paradoxe vient du fait qu’à la fois, on observe une libération de la sexualité de la femme, mais toujours des freins à la vivre dans la relation », énonce Philippe Brenot.

Il y a une sorte de nouvelle domination masculine. Avec leurs conjoints, les femmes essaient d’être plus proches du désir de ces derniers pour ne pas leur déplaire. Et de nouvelles formes de soumission tacite. Or, la sexualité féminine est moins mécanique que celle d’un homme, ce qui remet en cause fondamentalement les ressorts du désir, l’accès au plaisir, et bien sûr à l’orgasme ! L’équation reste à résoudre, non sans difficultés.

Catherine Maillard

Lynx.info Santé

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