Obuts: Message à la nation à l’occasion de la commémoration du 27 avril 2012

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Mes Chers Compatriotes
Togolaises, Togolais,

 

Dans quelques heures, le marqueur indiquera le 52ième anniversaire de l’accession de notre jeune nation à la souveraineté internationale.

Ce moment est à la fois un moment de fierté légitime et  de joie au cœur, mais il doit être surtout un moment d’ introspection individuelle et collective, pour mesurer le chemin parcouru, prendre des résolutions et se projeter dans l’avenir en ayant pour feuille de route les défis à  relever.
Nos pensées en ce jour vont à ces héros connus ou anonymes, visibles ou invisibles qui par leur génie, leur souffrance, leur sacrifices au prix de leur vie ont écrit en lettre de sang et de larmes, sur le fronton de la Nation : cette trilogie de notre devise : Travail-Liberté -Patrie
Comment ne pas faire mémoire en ce jour de tous ces braves martyrs qui ont péri en versant leur sang sur le champ d’honneur dans leur engagement résolu et déterminé à faire régner sur la Terre de nos Aïeux l’Amour notamment celui de la vertu et de la loi, afin que le Togo soit une terre de liberté, de fraternité, de triomphe des droits de l’homme et de prospérité partagée ?

Ce sont leur mémoire, leur courage et leur sacrifice que  nous célébrons aujourd’hui et devant lesquels nous jurons  de poursuivre dans la droite ligne de leur filiation,  le combat pour que la liberté qui est un des principes cardinaux  de la condition humaine, ne soit plus un rêve inaccessible pour le peuple togolais.
Si l’indépendance rime avec le refus de l’asservissement du peuple togolais à la domination coloniale étrangère, elle ne saurait devenir la vassalisation du peuple à une faction, à une coterie quelle qu’elle soit, encore moins à une famille.

Mes Chers Compatriotes,
Togolaise et Togolais,

A la triple crise éthique, identitaire et managériale à laquelle est confronté depuis l’indépendance nominale du 27 avril 1960 notre pays se superpose aujourd’hui une triple crise de valeurs, d’efficacité et de légitimité dont les conséquences sont tout aussi funestes que dramatiques pour les générations actuelles et pour l’avenir de la nation.

Ainsi l’immaculée semence de sang de nos braves martyrs tarde à porter les fruits escomptés tandis que la désespérance est le lot de la plupart des filles et des fils du Togo tout entier.
Que de sacrifices consentis en vain !

Depuis la Conférence Nationale Souveraine, plus d’une dizaine de dialogues et d’accords politiques directs ou sous la médiation extérieure n’ont pu trouver des solutions définitives aux besoins de reformes politiques, de bonne gouvernance, de force donnée à la loi, de transparence et de vérité des urnes.

Notre pays traverse depuis plusieurs décennies une crise sociopolitique qui  n’en finit pas, mais dont les conséquences sont tout aussi funestes que dramatiques pour les générations actuelles et pour l’avenir de la nation
Depuis la conférence nationale, plus d’une dizaine de dialogues et d’accords politiques directs ou sous la médiation extérieure ont échoué à trouver des solutions définitives aux besoins de reformes politiques, de bonne gouvernance, de la force donnée à la loi, de la transparence et de la vérité des urnes.
D’un régime à l’autre, on peine à construire des réponses appropriées à ces questions cruciales et libérer le génie inventif de ce peuple, pour la prospérité partagée, la dignité et la fierté nationales. Comment en est-il ainsi ?

La réponse à cette interrogation est toute simple : la volonté des uns de conserver le pouvoir quoi qu’il en coûte, par des manœuvres politiciennes, l’instrumentalisation du monopole de la violence d’Etat, la corruption, d’un côté ; et de l’autre l’absence de véritable stratégie gagnante au sein des forces de l’alternance et du changement démocratique en raison de l’impasse des égos due à la crise de confiance.

Nombreux sont les Togolais qui espéraient que la mort du Général Eyadema ouvrirait un nouveau chantier pour la réconciliation nationale, la relance de l’économie, et une meilleure redistribution des richesses de la nation.

Mais force est de reconnaitre que malgré la propagande relayée par les thuriféraires du pouvoir, la situation sur tous les fronts s’est dégradée ; l’injustice et les inégalités se sont accentuées, l’impunité est devenue une règle d’or, la violation des droits de l’homme, une banalité, le mépris et l’arrogance une posture des puissants à l’égard des plus faibles.

Toutes ces dérives ont une récurrence qui justifierait que des parades leur soient trouvées dans la Constitution de la 4ième République.

Tous  les services publics sont sclérosés, gangrenés par la corruption, l’absentéisme, le laisser à aller, le quant à soi ,  et ont tourné le dos à l’éthique et à l’obligation de servir l’intérêt général.
Le pays est devenu une jungle où ce sont les plus malins et les plus forts qui triomphent au mépris de la loi et de la justice, faisant ainsi du Togo, une plaque tournante où prospèrent toutes sortes de trafics.

Togolaises et Togolais
Chers Compatriotes

Plus d’un demi-siècle après notre indépendance, satisfaire ses besoins les plus élémentaires reste une véritable prouesse !

Notre système de santé laisse aujourd’hui à désirer tandis que notre système d’éducation et d’enseignement est en complet décalage par rapport aux réalités de nos sociétés et des exigences du monde du travail et de l’emploi, de même que par rapport aux enjeux de la compétition internationale.

L’emploi et le travail sont les parents pauvres de l’improvisation qui tient lieu de politiques  gouvernementales. Les centres de soins et les hôpitaux sont devenus pour la plupart de nos concitoyens les ponts qui mènent vers la mort.  Le système des retraites est en totale déconfiture, la cohésion nationale est sacrifiée sur l’autel du népotisme et de l’oligarchie, l’avenir est sombre,  la désespérance totale.

Pourtant tout  ce que réclament  les Togolais c’est un peu de dignité, et la possibilité de pouvoir espérer que demain les besoins les plus simples soient un tant soit peu satisfaits, que l’école ouverte à tous donne à chacun les moyens de s’insérer et de s’épanouir dans la société, notamment grâce à un emploi décent, que l’hôpital soit un lieu de soins et de guérison, que la retraite après une vie de travail ait un autre visage que la clochardisation et la misère.

Alors que l’univers a doté notre pays de ressources inégalées par rapport à la grande majorité des pays de la  sous-région,  la navigation à vue, la cupidité, la mauvaise gouvernance et la concussion ruinent hélas toutes les chances de notre nation pour  pouvoir créer les conditions du bien-être de tous ses enfants.
Cette asymétrie entre les potentialités économiques de notre pays et la grave précarité ambiante, cette fracture entre  la minorité de nantis qui a tout et en surabondance en face de la grande majorité qui n’a en surabondance, que l’indigence et la désespérance, est la source de l’agitation légitime sans précédent qu’a connu le front social depuis bientôt un an.

Le cas le plus marquant reste la violence dont les milieux universitaires sont le théâtre, avec des leaders étudiants embastillés alors qu’avec une petite dose de bon sens et d’humanité, des réponses judicieuses auraient pu être apportées à cette frange de notre jeunesse qui incarne l’avenir de la nation.
Le sort des agents de l’état, notamment ceux du personnel de la santé, des enseignants, et surtout ceux émargeant sur la caisse APE Associations des Parents d’Elèves contrastent avec les déclamations du pouvoir : tant vaut l’école tant vaut la nation.

Sur le plan politique le gouvernement manque d’une réelle volonté pour impulser les reformes politiques nécessaires pour créer un cadre politique apaisé et de grande qualité à même d’ assurer le progrès économique et social de notre pays.

Les  reformes constitutionnelles et institutionnelles, la mise en œuvre des pertinentes recommandations des Missions d’Observation Electorale  de l’Union Européenne, l’élaboration d’un code électoral consensuel entre tous les acteurs politiques, pour garantir la transparence électorale et la vérité des urnes, en  vue d’énucléer les germes des  conflits post électoraux , sont des urgences que malheureusement les deux cadres parallèles  de dialogues politiques  mis en place par le pouvoir n’ont pas réussi à traiter créant ainsi des tensions et une psychose au sein de la population qui redoute un nouveau coup de force électoral lors des prochains scrutins.
C’est dans ce contexte que fidèle à l’éthique au cœur de l’action politique, nous avons conformément à notre engagement vis-à-vis du Peuple togolais lors de notre lettre ouverte du 19 novembre 2011, œuvré aux côtés des autres leaders de l’opposition et des organisations des défenses des droits de l’homme ainsi que celles de la société civile  pour l’émergence d’un large front citoyen dénommé Collectif « SAUVONS LE TOGO »

Nous sommes confiants au niveau du Collectif « SAUVONS LE TOGO », qui incarne depuis le 4 avril 2012,  la  Première Force Citoyenne  au Togo, que le pouvoir devra incontestablement compter avec nous pour définir les conditions idéales de transparence et d’égalité de chance pour toutes les formations politiques avant d’engager le peuple togolais  dans les prochains processus électoraux.
Il y va de l’avenir de notre pays, et il s’agit bien pour OBUTS de l’un des enjeux majeurs du Collectif « SAUVONS LE TOGO » déterminé à œuvrer pour l’émergence d’une démocratie apaisée sans violence que tous les togolais appellent de tous  leurs vœux.

Alors que les discussions sur les reformes actées dans l’APG signé depuis aout 2006, sont dans l’impasse, les tortionnaires en liberté, les falsificateurs du rapport de la CNDH en balade, le peuple poursuivant son chemin de croix, la misère en bandoulière,  le pouvoir quant à lui mobilise les populations de nos villes et campagnes et déroule sa machine électorale : dissolution du RPT et annonce de la création d’une nouvelle formation politique, incitation et   facilitation de la transhumance politique, recours massifs illégaux à  des moyens de l’Etat au service d’une cause partisane, et dans la foulée examen à la hussarde d’un nouveau code électoral élaboré unilatéralement , contrairement aux dispositions pertinentes  de la CEDEAO en la matière.
Tout se passe comme si la seule préoccupation du pouvoir est d’organiser des élections législatives bâclées, pour s’octroyer une victoire frauduleuse, quoiqu’il en coûte.
OBUTS lance une mise en garde au pouvoir et en appelle à la communauté internationale notamment l’Union Européenne, à demeurer vigilante face aux manœuvres du pouvoir en place qui rechigne devant la vérité des urnes.

L’occasion me permet de m’adresser à nos forces armées, dont la compétence dans l’exécution des missions de maintien de la paix sur les théâtres extérieurs et parfois dans des conditions très difficiles est reconnue et saluée par la présence de notre pays au sein du Conseil de Sécurité  de l’ONU. Comme vos frères d’armes de la sous région, vous méritez de meilleures conditions de travail et de retraites, Vous êtes au service de la république, et non au service des factions politico-tribales dont les intérêts ne sont pas les vôtres, encore moins ceux de la République togolaise, dont vous êtes les fiers garants de l’intégrité territoriale nation.
Le combat pour un Togo meilleur, juste, solidaire et prospère  pour tous ses filles ses fils vous concerne et vous interpelle.

C’est pour cela que des soldats des rangs aux officiers généraux en passant par des officiers subalternes  vous devez rester vigilants et impartiaux car de votre réelle neutralité dépendent maintenant et plus que jamais l’unité de la nation, la paix et l’avenir de notre pays.
Je veux pouvoir compter sur votre ferme engagement à défendre la démocratie et la vérité des urnes. Ensemble, nous sommes les intendants avisés de notre environnement politique !

Dois-je vous rappeler que sans des élections libres et transparentes, sans le respect absolu de la vérité des urnes, il ne peut y avoir démocratie, et sans elle il n’y a pas d’alternance au pouvoir, et le risque que vous apparaissez comme une caution solidaire d’une monarchie en construction et d’un règne au long cours serait grand, et préjudiciable à l’avenir de notre pays.
Aux anciens militants du RPT laissés sur le bas côté de la route dans des conditions plus que humiliantes : Voyez par vous-même que notre combat engagé dès le  printemps 2002  pour reconfigurer les méthodes de gestion du parti,  le purger des avatars staliniens et  débrider les entraves qui minent le fonctionnement régulier des institutions de la république était juste et justifié.
Nous aurons pu faire, depuis plusieurs années, des réformes de fond, progressives  et largement démocratiques parce que voulues et portées par les militants et non imposées avec sournois et  mépris par les héritiers de l’immobilisme et du conservatisme.
Non seulement ces réformes nous auraient honoré et inscrit de façon crédible le RPT dans le jeu démocratique mais surtout, elles auraient favorisé la croissance et l’emploi, et débouché l’avenir de notre jeunesse debout devant l’ascenseur social qui est resté trop longtemps bloqué.
Aujourd’hui l’histoire semble  nous donner raison, la confusion dans laquelle  se trouve le pays est la conséquence logique de ce refus d’anticiper et de prendre en compte les mutations qui affectent notre monde en perpétuel mouvement.

Le désastre humain d’avril 2005, n’aurait pas existé si nous avions été écoutés et suivis dans nos aspirations réformatrices  du RPT pour protéger les institutions de la République et assurer la gouvernance   sur des bases vertueuses.
Je voudrais en ce jour de mémoire pour la République  vous rappeler que la rancune et la vengeance n’ont pas de place dans le combat que nous menons pour un Togo démocratique et prospère, encore moins dans mon cœur

Même si nous n’avons pas été suivis dans notre projet de réforme, il y a dix ans, je considère que le moment est venu face à l’état d’urgence dans lequel le Togo se trouve confronté,  qu’ensemble nous donnions une véritable chance de rédemption à notre pays.
Je suis persuadé que le peuple en lutte pour le changement démocratique a besoin de votre énergie et de votre expérience du combat politique
C’est pourquoi à cette heure cruciale de l’avenir du Togo, à l’instar de l’invitation à vous faite le 19 novembre 2011 dans ma lettre ouverte au Peuple togolais, je vous invite de nouveau à rejoindre la Marche citoyenne et républicaine qu’incarne aujourd’hui le Collectif « SAUVONS LE TOGO » pour construire un Togo véritablement uni, fraternel, prospère et digne.

Ensemble Unis et Solidaires, nous mettrons fin à cette exception togolaise, qui fait de nous la risée des voisins.
Ensemble, nous mettrons fin à cette dérive dictatoriale, qui sous le couvert d’un semblant de démocratie, gangrène toute notre société et consume à petit feu, notre république.
Ensemble, unis et solidaires, devenons à jamais des préparateurs zélés de lendemains meilleurs pour tous au Togo !

Cher(e)s militantes et militants orphelins du RPT,

J’ai foi dans le génie créateur de notre peuple, et je compte fédérer toutes les compétences et toutes les intelligences au service du bien-être commun.
Ensemble nous ferons aimer le Togo à nos enfants et aux générations futures et laisserons des marques positives dans notre histoire commune.
A ce travail exaltant et plein de belles promesses, la nation nous invite  pour le bonheur de nos populations.
Si le printemps 2002 est marqué par le temps de l’espérance, le temps de l’action est venu avec le printemps 2012.
Dans ce nouveau contrat social auquel  je vous convie et pour lequel je serai votre humble serviteur, il y a un seul maître : le Dieu Tout Puissant ; un seul ordre de mission : le Togo uni et indivis ; une seule et même récompense : le sentiment du devoir accompli pour la prospérité partagée pour tous.

Il s’agit désormais de gouverner autrement notre pays. Cela signifie clairement mettre fin aux passe-droits,
au favoritisme, et au trafic d’influence.  Mettre l’intérêt public au-dessus de toutes autres considérations et traiter tous les citoyens avec la même dignité et le même respect.
Il s’agira de sacraliser la vie humaine et de respecter le patrimoine national commun en luttant contre tous les prédateurs, qui ne bénéficieront ni d’indulgence ni d’aucune  protection.
Dans la nouvelle gouvernance que nous prônons  pour la Terre de nos Aïeux;  il n’y aura plus de place à  l’arrogance, à l’autoritarisme, aux privilèges et avantages indus.

La Constitution de la République sera rétablie dans son esprit et sa lettre de  1992, et des dispositions seront prises pour la protéger des appétits et caprices des citoyens entièrement hors la loi.
Toute modification touchant des dispositions essentielles du contenu de la loi fondamentale, fera l’objet d’un référendum.
Le triple pacte éducatif, redistributif et productif que j’ai annoncé dans mon adresse de fin d’année 2011 à la nation constituera le cœur de nos priorités avec un intérêt particulier à la jeunesse et à l’agriculture.

Togolaise et Togolais
Mes Chers Compatriotes

Il y a 52 ans de cela que le Père de l’indépendance, Sylvanus Olympio interpellait la sentinelle sur la nuit du Togo. Je sais que la nuit fut longue, pénible, jonchée des obstacles de toute nature durant le cycle qui s’achève en ce jour. Les premiers rayons du cycle qui s’ouvre devant nous cette année 2012  sont ceux d’une grande lumière nonobstant la brume à notre horizon.
Tout indique que de  nouvelles pages de notre histoire commune vont commencer par s’écrire en larmes de joie pour le peuple togolais, pour qui sur le plan divin tout est déjà accompli. Malgré le dénuement matériel, malgré  la désespérance qui est la chose la mieux partagée sur la terre de nos aïeux,  je ne puis m’empêcher de vous convier à rendre avec moi grâces à Dieu pour ce 27 avril 2012 qui marque un tournant majeur dans notre histoire commune.

Demeurons tous ensemble dans l’espérance car Dieu fait briller déjà sa lumière sur le Togo !
Que Dieu soit béni, et qu’il bénisse davantage le Togo et chacun de ses enfants !

Vive le 27 Avril,
Vive la démocratie,
Vive la République libre, démocratique et prospère,
Vive le Togo.

 

 

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