No Gbagbo, no Côte d’Ivoire ?

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L’être humain n’est pas éternel. La science, malgré tous les progrès réalisés, n’est pas encore arrivée à repousser les limites de l’espérance de vie de l’homme. Une espérance de vie qui tend – malheureusement – à se réduire avec l’avancée des années.

Laurent Gbagbo, dont le procès de « Confirmation des charges » se tient en ce moment à la CPI et qui focalise toutes les attentions, n’échappe pas à ce principe de la condition humaine. Laurent Gbagbo est – bien entendu – un être mortel.

Mais la Côte d’Ivoire, ce pays qu’il dirigea dix ans durant, n’est pas soumise à cette règle. La Côte d’Ivoire est appelée à exister bien longtemps encore après que des générations d’ivoiriens se seront succédées. Bien longtemps encore après Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire – sauf cataclysme – continuera d’exister.

Alors, quelle incidence le sort de cet homme peut-il bien avoir sur l’avenir de ce pays ? Peut-on– en toute objectivité –  conditionner le sort de ce dernier à celui de la Côte d’Ivoire ? Peut-on accorder du crédit aux partisans du « No Gbagbo, no Côte d’Ivoire » (pas de Gbagbo, pas de Côte d’Ivoire ndlr) ?

Cette question mérite d’être posée. Si – du moins – l’on se donne la peine de songer au bilan socio-politique de ce pays, depuis la prise de pouvoir d’Alassane Ouattara – dans des conditions que nous savons – au détriment de son adversaire Laurent Gbagbo. Un bilan jusqu’ici, très peu reluisant.

Aussi, pour ne pas s’enfoncer dans un radicalisme fanatique, reformulerons-nous la question en d’autres termes : « Quels sont les enjeux pour la Côte d’Ivoire, si d’aventure, Laurent Gbagbo devrait être condamné ou acquitté ? ».

La Côte d’Ivoire est certes comme un long fleuve qui s’écoule. Mais dont le point d’aboutissement reste incertain. L’avenir de ce pays dépend – sans aucun doute – des faits qui se déroulent aujourd’hui et qui le touchent de près ou de loin.

Un principe inaltérable tiré des expériences de la vie, n’enseigne t-il pas que « demain sera ce que l’on fait d’aujourd’hui » ? Ce déterminisme impose que l’on accorde une attention et un effort soutenus aux actes que nous posons aujourd’hui, de sorte à envisager l’avenir avec sérénité.

Il en va aussi de cet historique procès de Laurent Gbagbo devant l’histoire et de la longue marche de la Côte d’Ivoire en quête de réconciliation.

La Côte d’Ivoire pourra-t-elle retrouver sa quiétude après que ce dernier aura été condamné ou acquitté ?

Car il y a d’un côté cette Côte d’Ivoire qui sort de guerre. Une Côte d’Ivoire dont les fondements même de la cohésion sociale ont été ébranlés.

Puis de l’autre, Laurent Gbagbo, présumé coupable. Accusé d’avoir orchestré cet état de fait. D’avoir, selon ses accusateurs, « refusé de quitter le pouvoir après avoir perdu les élections ». Laurent Gbagbo, vainqueur au premier tour des élections, déclaré vaincu au second tour avec près de 46% des voix par Youssouf Bakayoko et par L’ONU.

Ses nombreux partisans – en Côte d’Ivoire et partout dans la diaspora –  ne cessent de crier au complot et ne comptent pas se laisser faire, tant que leur leader est tenu à l’écart de la vie socio-politique de la Côte d’voire, dans les geôles de la CPI   . Chantage ou réalisme politique ?

Reconnaissons, tout de même que quel quelque soit l’issue de ce procès, la Côte d’Ivoire continuera certes d’exister.

Mais que vaudrait en revanche, une existence sans quiétude ? Que vaudrait une nation sans la paix dans les cœurs ? Que vaudrait un pays dans lequel règne un réel sentiment d’injustice ? A quoi peut-on s’attendre dans un tel pays où le tissu social est sans cesse fragilisé par un régime dont la gestion politique se caractérise par une volonté de régner dans la violence, un désir de réprimer sans état d’âme tout ce qui s’oppose à lui ?

N’est-ce pas là le visage hideux qu’offre la Côte d’Ivoire sous le règne d’Alassane Ouattara ? Un pays où Arrestations, extraditions, meetings réprimés, goulags remplis  de prisonniers politiques et militaires, violations graves des droits de l’Homme, recrutements à caractères régionaux et tribaux dans l’administration…, ne se comptent plus ?

Aussi, ne pouvons-nous que constater ce tableau sombre et avilissant de la Côte d’Ivoire actuelle. Mais pourquoi donc ?

Parce que des personnes, réunies au sein d’une alliance maléfique (rebelles pro-Ouattara, la France et l’Onu), animées de pensées malsaines, mues uniquement que par leurs propres intérêts, ont refusé le vrai jeu démocratique là où il s’imposait. Ils ont préféré des voies et moyens détournés pour s’arroger le pouvoir en Côte d’Ivoire, en massacrant au passage des milliers d’ivoiriens, au grand dam de Laurent Gbagbo, de tous ceux qui se reconnaissent en lui et même du peuple ivoirien, littéralement floué.

Et cela, les partisans de Laurent Gbagbo n’entendent pas l’accepter d’avantage, comme on peut le constater dans toutes leurs interventions et manifestations.

Libre, Laurent Gbagbo pourrait donc être un acteur vital dans la quête pour la réconciliation en Côte d’Ivoire. Au pire des cas, la Côte d’Ivoire continuera-t-elle d’exister sans lui?

Laurent Gbagbo est certes un être mortel, mais le symbole d’une lutte pour l’émancipation de l’Afrique toute entière. Or les symboles sont éternels.

Marc Micael La Riposte

 

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