Candidat à la primaire Les Républicains pour les présidentielles de 2017, Nicolas Sarkozy, s’est exprimé pendant plus de deux heures sur la chaîne télévisée France 2 le 15 septembre. Etant le premier à se prêter à ce genre d’exercice, le moins que l’on puisse dire c’est que sa prestation était attendue au tournant par les autres candidats ainsi que l’ensemble de la classe politique française.
«Vous m’accusez d’avoir fait tuer Monsieur Kadhafi ?»
Le journaliste David Pujadas n’a pas manqué d’attaquer l’ancien locataire de l’Elysée sur l’intervention française en Libye durant son mandat, comme il est coutume de le faire, lui demandant s’il regrettait «d’être allé jusqu’à tuer, ou faire tuer, faire livrer, le colonel Kadhafi».
Alors que la France était en pointe de l’intervention de l’OTAN qui a conduit, en 2011, à la chute du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy a formellement nié être responsable de la mort de ce dernier : «Vous perdez votre raison Monsieur, vous m’accusez… Monsieur Pujadas, vous m’accusez d’avoir fait tuer Monsieur Kadhafi, ai-je compris cela ?» Il a ensuite qualifié le colonel Kadhafi de «fou» et de «dictateur sanguinaire».
«Aucun mea culpa de Nicolas Sarkozy sur la Libye. C’est pourtant ce fiasco gravissime qui a conduit à aggraver les flux migratoires», a tweeté Nicolas Dupont-Aignan, président du parti souverainiste Debout La France.
Ce passage a également fait réagir Jean-Marie Le Pen, qui a rappelé que Nicolas Sarkozy, alors président, avait reçu le chef d’Etat libyen «avec tous les honneurs» à l’Elysée en 2007.
Mais l’ancien président du Front national est loin d’être le seul à avoir adressé ce reproche à Nicolas Sarkozy. A l’autre bout du spectre politique, François Hollande avait lui-même dénoncé en 2011 : «Rappelez-vous comment Nicolas Sarkozy avait accueilli Kadhafi à la fin de l’année 2007, avec quel protocole, avec quel déploiement de moyens et avec quel aveuglement par rapport aux crimes qui avaient déjà été commis.»
Sarkozy veut changer l’Europe
Au cours de l’émission, le candidat LR a rappelé son amour de l’Union européenne : «Européen je suis, européen je resterai. Je crois profondément à la civilisation européenne. Je ne laisserai pas exploser l’Europe.»
Il a cependant indiqué qu’il envisageait des réformes : «Je vous le dis, je ferai changer les règles européennes.»
«A chaque élection, les mêmes promesses. Après chaque élection, les mêmes trahisons», a réagi laconiquement Nicolas Dupont-Aignan.
Un effort de 100 milliards d’euros et 300 000 fonctionnaires en moins
L’ancien chef de l’Etat a ensuite exposé ses solutions pour résoudre la mauvaise «situation économique de la France qui peut faire plonger l’Europe».
«Le premier problème français est que le montant des dépenses publiques est très élevé», a indiqué Nicolas Sarkozy, avant d’expliquer qu’il espérait «ramener la dépense publique de 57,5% du PIB à 50% du PIB» en réalisant «un effort considérable de 100 milliards d’euros» et en supprimant 300 000 postes de fonctionnaires.
Problème ? Selon le Secrétaire d’Etat chargé du Budget et des Comptes publics Christian Eckert, le calcul est mauvais, puisqu’il faudrait en fait économiser 150 milliards pour atteindre l’objectif fixé par Nicolas Sarkozy.
Le coordinateur du Parti de gauche Eric Coquerel a quant à lui mis en cause la politique économique menée par l’ancien dirigeant.
Enfin, la ministre du Travail Myriam El Khomri a pour sa part indiqué qu’elle avait l’impression que Nicolas Sarkozy participait «à une primaire de l’extrême droite».
«L’agressivité, la vision de la France, des coupables désignés : des musulmans, des chômeurs, des fonctionnaires, des syndicalistes, voilà la réalité de ce qu’il présente aujourd’hui aux Français», a-t-elle déclaré dans l’émission RTL Matin.
Russia Today
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