La France et son indéfectible « amour » pour notre « pauvre » Afrique, un amour si envahissant !
La main sur le cœur, la France s’est toujours précipitée au chevet de nos Etats africains « agonisants ». Sans changer un seul iota à son refrain : « rétablir la démocratie, lutter contre l’injustice, sauver l’humanité, lutter contre le terrorisme…, ». Pourtant… après son passage, il n’y a que chaos et confusion.
C’est pourquoi, nous autres africains, témoins privilégiés, des agissements de cette France, puissance coloniale, nous, observateurs avertis de ses passages remarquables et remarqués, nous ne nous laisserons pas séduire. Non, nous n’applaudirons pas les actions d’éclat de la France. Ni aujourd’hui au Mali, ni demain, ailleurs sur le continent.
Quoique son intervention pour stopper l’avancée des islamistes radicaux sur Bamako, la capitale aura permis d’éviter des pertes en vies humaines, nous le reconnaissons certes. Tout le mérite de cette intervention se trouve-là. Pas plus.
D’ailleurs, l’on aurait évité d’en arriver-là. D’en avoir recours à une intervention occidentale, notamment française. Si nous, africains avions accepté de prendre nos responsabilités an anticipant sur les évènements. Mais hélas, mille fois hélas. L’Afrique et ses tares ! Son manque de volonté réelle de s’affranchir du joug colonial, ses atermoiements, son laxisme démesuré… Tout ceci, les uns dans les autres a contribué à faire le lit des occidentaux, notamment de la France.
La France, cette puissance en pleine désuétude envers laquelle nous africains restons pourtant obligés et invariablement redevables. La France qui se permet – et à qui nous permettons aussi – de jouer « les gendarmes » sur le continent avec en toile de fond, des intérêts – ses intérêts – aux contours volontairement flous…
On peut le dire, le Mali, aujourd’hui, est entre peur et espoir. L’espoir de voir les agresseurs renoncer à leurs projets de déstabilisation. Mais aussi et surtout la peur de voir la guerre s’éterniser et la France s’accaparer plus de « droits » qu’elle n’en avait, en sa qualité de « super-défenseur » du Mali. Mettant du coup en péril la souveraineté (si du moins il n’en a jamais eu) du Mali.
Ainsi, sitôt le ouf de soulagement poussé, nous envahit cette sensation de honte. Honte de nous-mêmes. Honte d’être si impuissants, honte d’étaler nos tares africaines au vu et au su du mon entier. Le Nigéria dit ne pas être prêt. Les voisins nigériens, sénégalais…, n’en disent pas mieux. L’armée Malienne quant à elle, est devenue subitement inexistante. Afrique indigne !
La France, encore et toujours la France en expédition chez nous en Afrique. Alors surgit des souvenirs douloureux. Hier en Côte d’Ivoire, en Libye, au Rwanda… aujourd’hui au Mali. Et ensuite ?
Après, nous saute en plein visage, la question lancinante de la « reconnaissance » envers la France, cette France conquérante en terre africaine. Parce que nous avons failli. Parce que nous, éternels africains assistés, nous voulons faillir.
Faut-il y croire ? Faut-il accorder du crédit aux propos de monsieur Holland, représentant français, quand il clame haut et fort, au sujet du Mali que « la France n’a d’autre but que la lutte contre le terrorisme » ?
En fait, pour qui lutte l’armée française ? Pour qui est-ce qu’un soldat français irait-il risquer sa peau, donner sa vie ? Pour sa patrie, la France, bien entendu. Aucun soldat ne dira le contraire.
Toute nation qui combat, combat d’abord et avant tout pour ses propres intérêts, secret de polichinelle. En voici l’axiome : « les pays n’ont pas d’amis… ». Les entreprises françaises implantées au Mali, sont des intérêts français. Les ressortissants français vivants au Mali, sont des intérêts français. Le pays lui-même, ex-colonie française, est un intérêt français. Qu’aurait pensé l’opinion publique française si ces intérêts étaient mis à mal ? C’est là qu’il faut aussi chercher et rester vigilants par-dessus-tout.
Au-delà de notre indignation, quoiqu’impuissants – si du moins, nous voulons le rester – force est de reconnaitre que le Mali, pays naguère « vitrine de la démocratie africaine », est inexorablement, en pleine décomposition avec tous ces évènements malheureux se succédant en cascades, dont on saura tôt ou tard ceux qui en tirent les ficelles.
Et ce n’est ni l’usage des armes pour la prise du pouvoir, ni l’intervention militaire française qui y changeront grand-chose.
Marc Micael La Riposte