S’il y ‘a une chose pratiquement admise dans les mœurs et coutumes pour accéder au pouvoir ou briguer la magistrature suprême et dont personne ne parle ou n’ose parler en public, c’est bien sûr les rites comme la magie blanche et noire, le fétichisme, le Djaratuta et autres sortilèges ou incantations auxquelles l’Africain est tellement attaché. Ici la phrase de l’écrivain Amadou Kourouma l’auteur de « Soleil des Indépendances » a tout son sens : « A Togobala, tout le monde est musulman, mais chacun dans sa chambre craint le fétiche »
En photo le ministre guinéen chargé de la Sécurité de la Présidence le sergent-chef Claude Pivi alias Coplan. Natif de la Guinée Forestière, l’homme dit ne cacher rien de son « Djaratuta », lequel Djaratuta serait une composition mystique faite de queux de bêtes, de têtes de chiens, de chats, de testicules de cheval, de cornes de buffles lui donnant la force d’affronter ses ennemis et d’être invincible.
En somme, pour le ministre Claude Pivi, tous les dirigeants africains et leurs opposants ne vivent pas en marge de cette réalité.
Etat de ces pratiques au Togo et dans d’autres pays africains
Le pouvoir du Maréchal Mobutu Sesé-Seko Wazanbaga a eu une longévité grâce à tous ces pouvoirs mystiques.
La journaliste belge Colette Braekmann rapporte dans son livre, Le Dinosaure que : « Les fétiches et autres gris-gris, aidaient Mobutu à damer le pion à l’opposition et lui conseillaient de respecter le chiffre 4. Le chef ne se séparait jamais d’une valise extraordinairement puante au contenu mystérieux, d’où il tirait des exorcismes » Plus loin, le confrère la Conscience écrit : « Nos chefs d’Etat pratiquent la magie noire et blanche pour se maintenir au pouvoir au détriment du peuple. »
Dominique Sakombi, le ministre de la propagande sous le Maréchal Mobutu, une sorte de Bodjona Pascal bis au Togo, ajoute devant des chaînes de télé du monde entier : « J’ai vu Mobutu boire du sang humain ».
Agboyibo le Bélier noir
Au Togo, l’histoire qui avait retenu l’attention de tout un peuple en plein mouvement démocratique est la fable que le Bélier noir de Kouvé, Me Yawovi Agboyibo avait laissé entendre autour de lui. Selon cette fable, Me Agboyibo qui avait maille avec le dictateur Eyadema devait au final lui montrer qu’intellectuellement il avait de l’avance et que dans la magie noire, il était aussi le meilleur. Lors d’une discussion houleuse, Eyadema qui menaçait de tuer son hôte a vu et le siège et Agboyibo lui-même disparaître. La témérité de ce fils qu’on qualifiait du plus mystique des opposants togolais s’est achevée dans les geôles du Guide Eclairé. Pendant 6 mois le Bélier noir de Kouvé aurait tenté de disparaître en vain !
Kofi Yamgnane : le Crocodile
Lui au moins reconnaît que le crocodile, totem en pays Bassar est son dieu, sa force (cliquez sur la rubrique Vidéo du Lynx). Martin Kofi Yamgnane, on peut le dire sans être contredit va à la messe et vénère le crocodile. Ne dit-on pas en pays Bassar que c’est quand tout marche bien qu’on est à l’église ou à la mosquée ? Quand on est rattrapé par les malchances dans la vie, le Bassar retourne au village et Kofi Yamgnane semble ne pas faire le contraire. Pour L’instant, personne ne lui reconnaît une loge maçonnique ou une secte.
Faure Gnassingbé : Il baise l’anneau du Pape, se fait lire le Coran par l’Imam, visite les gourous de la Rose Croix et va s’asseoir sur les fétiches Bassar
Pour être président, il a dû nager dans des flaques de sang, tremper ses doigts dans l’abominable et faire du sang des Togolais son apéritif. Alors pour avoir un temps soit peu des nuits tranquilles, Faure juste après sa capture du pouvoir en 2005 est parti avec sa mère se laver chez le pape au Vatican. Dans le jargon africain, il fallait le « rendre fréquentable, tellement il puait le sang de ses concitoyens. »
Toujours en 2005, son ministre Foli-Bazy Katari susurre à son mentor qu’il faut que le Coran vienne à la rescousse contre les nuits blanches qui hantent le premier préfet de la République. On ameute les Imams et des prières sont lues des nuits entières pour que les ennemis de Faure soient anéantis à jamais. Lui qui en a tant tué !
Les amis Rosicruciens viennent aussi au secours du rejeton de Gnassingbé Eyadema. Son père adoptif Omar Bongo lui intime l’ordre de se faire initier par une loge maçonnique condition sine-qua-non pour la pérennité de son pouvoir. Sur le tas Faure accepte. Mais aura-t-il les nerfs et la force pour une concentration digne de celle maçonnique?
Le général Zoumaro Gnofam qui dit être de tous les temps un précepteur des fils Gnassingbé dit aussi qu’il a le devoir de veiller la nuit comme le jour sur les fils à Gnassingbé Eyadema; mais seulement les plus riches. Dans la nuit d’avril soit deux jours avant la proclamation des résultats par Mme Tchangaï Kissem Walla, Faure descend nuitamment accompagné de papa Gnofam à Bassar. Un Bassari envoyé en éclaireur chez le féticheur raconte : « Faure est arrivé tard dans la nuit. Il me paraissait comme un enfant. Je devrais jouer le rôle de traducteur. Le général avait son grand frère qui est aussi féticheur à côté. A la fin, nous l’avons fait asseoir sur le fétiche de nos aïeux mais normalement il n’est pas conseiller de le faire pour un étranger et après, nous avions enterré un bœuf vivant ».
Pour 2010, il se murmure que la mère de Faure fervente catholique s’est reconvertie dans le Vaudou. Somme toute, l’ennemi à combattre n’est plus seulement le peuple togolais mais aussi ses frères biologiques issus d’autres mamans que les oncles dans l’Agou, la maman et Faure taxent désormais d’avoir tous des « Aléwas », ce qui signifie des diables en langue kabyè.
Finalement, la question que les Togolais se posent est de savoir si au moins leur président est un croyant lui qu’on n’a pas encore vu le dimanche á l’église et le vendredi á la mosquée ?
Mabizo Kiri Lynx.info
*Pour les lecteurs du Lynx, le frère du général Zoumaro Gnofam est un féticheur. Eclaboussé en 2003 par une affaire de meurtre d’un enfant pour ses rites, le général Gnofam avait usé de son talent de tyranneau à Bassar pour étouffer l’affaire. Le féticheur n’a pas été interpelé et comme pour se moquer de Dieu, Gnofam l’a envoyé faire un pélerinage à la Mecque. Depuis, le féticheur a pris le titre « El-Hadj »mais vénère toujours son fétiche chéri.