Togo. UFC / ANC : malhonnêteté et mesquinerie politiques

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Le  Mémorandum de l’UFC, publié récemment dans la presse (avec ses annexes 1, 2, et 3), démontre, s’il en était encore besoin, de la nature mesquine et malhonnête de l’Union des Forces de Changement (UFC), depuis sa création, le 2 février 1992…

Gilchrist Olympio, Jean-Pierre Fabre, Patrick Lawson, Isabelle Améganvi, feu Eric Armerding, et les autres, n’ont pas été politiquement honnêtes avec leurs partenaires politiques de l’opposition. L’ANC, née de la scission de l’UFC (et dirigée par des anciens fanatiques de l’UFC), a gardé la même logique d’arnaque, de mesquinerie, et de malhonnêteté politiques…et en pire !

Au commencement, était la Conférence Nationale Souveraine (CNS) ; mais, au commencement du commencement, étaient la révolte populaire du 5 octobre 1990,   l’Accord politique du 6 juin 1991, et le Comité Préparatoire de la Conférence Nationale(CN)…

Pour préparer la CN, un Comité préparatoire de 26 membres fut mis sur pied (13, du côté du pouvoir, et 13 de l’opposition). Côté opposition, il faut citer Me Yaovi Aboyibo, Me Joseph Koffigoh, Mr Léopold Gnininvi, Dr David Ihou et 9 autres membres ; côté  pouvoir, c’est Mr Barry Moussa Barqué qui conduisait la barque du Général Eyadema.

La délégation de l’opposition a insisté et obtenu la matérialité de l’amnistie générale, la liberté de la presse et les libertés d’opinions et d’associations, ainsi que la neutralité des forces armées togolaises…

Quand les 2 délégations sont arrivées à un accord définitif, la date du début de la CN fut fixée, et quand les conditions matérielles et sécuritaires sont réunies, la CN pouvait débuter… C’est lors des travaux de cette CN, qui s’est proclamée Conférence Nationale Souveraine (CNS), que tous les togolais virent vraiment pour la première fois, en chair et en os, Gilchrist Olympio, le futur leader de l’UFC, l’enfant chéri d’alors d’une grande partie de la population togolaise…Et c’est dans la salle FAZAO que tous les partis politiques ont pris leur envol, même le RPT, qui s’est conformé aux nouvelles dispositions de création de partis politiques au Togo… Pendant toutes ces négociations et durant toute la CNS, tout le monde avait les yeux rivés sur Gilchrist Olympio, et toutes les pensées de l’immense majorité des  togolais allaient vers cet homme, qu’on croyait providentiel…

Puis, le gouvernement de transition fut mis en place, et eut le mérite, entre autres réussites, de faire adopter par référendum populaire, la Constitution du 14 octobre 1992. Plusieurs partis politiques se mirent alors en ordre de bataille, pour conquérir le fauteuil présidentiel, à l’élection de 1993 : le RPT, l’UTD, le CAR, l’UFC, la CDPA, le PDR, etc. La candidature de Gilchrist OLYMPIO fut invalidée, au motif qu’il n’a pas résidé depuis un an sur le territoire togolais, comme l’exige le code électoral ! Qu’à cela ne tienne, les yeux des togolais se tournèrent vers Edem KODJO, le patron de l’UTD, propulsé candidat unique de l’opposition.

L’ancien SG de l’OUA, ancien ministre de l’Economie et des Finances, ancien ministre des Affaires Etrangères a l’étoffe d’un chef d’Etat. Parmi tous les candidats, il est honnêtement le plus sérieux, le plus compétent et le plus crédible sur le plan international. Et, fait capital, son élection allait  être acceptée par le général Eyadema et les siens. Tous les sondages commandés par les chancelleries et les nationaux donnaient Edem Kodjo largement vainqueur du scrutin. L’Elysée avait même fait connaître les résultats du sondage au président EYADEMA, qui a accepté de se retirer, s’il était vraiment battu, à condition que l’amnistie et les autres mesures d’accompagnement suivent. Le texte de l’amnistie et de ses mesures lui fut même présenté ; et il fit même des corrections et des ajouts au texte…

C’est alors que les fossoyeurs de la démocratie togolaise entrèrent dans la dance ! Les cadres de l’UFC et certains politiciens véreux firent feu de tous bois pour qu’Edem Kodjo se retire, et que l’opposition boycotte le scrutin, sous le prétexte criminel que la candidature de Gilchrist Olympio n’étant pas retenue, l’élection ne sera plus crédible !…

Et Edem Kodjo se retira du processus électoral…à trois jours du scrutin ! Apprenant la nouvelle, Eyadema sauta de joie et sabla le champagne !

« Ils sont vraiment bêtes ! Je me serais contenté d’Edem Kodjo comme Président ; il est comme un fils pour moi ! » a jubilé EYADEMA…

Devenu candidat unique, Eyadema  remporta donc ce scrutin, sous le regard désabusé des diplomates accrédités au Togo, et au grand découragement de la population togolaise…

Quelle malhonnêteté, quelle mesquinerie de la part des dirigeants de l’UFC d’alors, dont certains se complaisent aujourd’hui dans une ANC, plus fanatique et plus myope que l’UFC !

Tout le staff de l’UFC d’alors, applaudit la victoire du général EYADEMA ! Ainsi, le slogan de l’UFC, « Si Gilchrist n’y va pas, personne n’y va !» s’est concrétisé ! Ou encore :

« Si ce n’est pas nous, mieux vaut que ce soit EYADEMA ! »

Puis, vinrent les législatives de 1994… Par mesquinerie politique, l’UFC boycotta ce scrutin, entraînant, comme un boomerang, d’autres partis politiques dans le boycott. Ici encore, tous les sondages donnaient l’opposition largement gagnante, avec 60 à 67 sièges pour  les partis d’opposition (UFC, CAR, UTD, PDR etc.), et seulement 14 à 21 sièges pour le RPT !

Gilchrist Olympio et ses lieutenants d’alors, avaient- il connaissance de ce sondage ? Seuls  eux et Dieu le savent ! Pourquoi l’UFC, avec ces perspectives plus que favorables à toute l’opposition réunie, boycotta ce scrutin ? Et c’est là que les rumeurs à nous parvenues, nous laissèrent pantois : Eyadema promit, en secret à l’UFC, de partager le pouvoir avec elle, si elle boycottait le scrutin, avec, en prime, le poste de Chef de gouvernement à l’UFC !

« Par contre, si toute l’opposition gagne, vous allez morceler le gâteau ! », aurait dit Eyadema à Gilchrist Olympio !

Sans l’UFC, EYADEMA et Gilchrist étaient persuadés que le RPT allait rafler la mise et obtenir la majorité absolue à l’issue du vote ! Mais Eyadema eut sa plus grosse surprise, de même que Gilchrist : le CAR et l’UTD obtinrent seuls la majorité absolue, malgré le «cafouillage» de dernière minute du pouvoir, avec 6 sièges pour l’UTD et 36 au moins pour le CAR, ce qui fait, tout de même, 42 sièges sur les 81 d’alors !…

Mais Eyadema avait plus d’un tour dans son sac…Il nomma Edem KODJO Premier Ministre, et Me AGBOYIBO  refusa de faire rentrer le CAR dans le gouvernement, qui devint un gouvernement RPT-UTD ! Eyadema aurait alors dit à Gilchrist OLYMPIO :

« Tu vois, je n’ai pas la majorité absolue mais je suis obligé de composer avec KODJO ! »…

En 1998, l’élection présidentielle donna le général Eyadema vainqueur dans la contestation et tous les espoirs de l’opposition et de Gilchrist s’envolèrent ! Pourquoi alors, l’UFC a accepté « d’entrer en négociation avec le RPT, au lendemain de ce scrutin de 1998, que Gilchrist Olympio affirme avoir gagné » comme le dit le mémorandum ?

Il y avait une obsession morbide de partager à deux ce pouvoir, coûte que coûte, avec le RPT ; sinon, comment et pourquoi entrer en négociation avec un président qui « avait perdu » une élection présidentielle ?

Le mémorandum éclaire enfin les togolais, sur les raisons qui ont alors poussé l’UFC au boycott des législatives de 1999, entraînant malheureusement les autres partis politiques dans ce piège. Le CAR et l’UTD, qui avaient gagné, à deux, les législatives de 1994, tombèrent aussi dans le piège… de la mesquinerie de Gilchrist Olympio, Jean-Pierre Fabre, Patrick Lawson, Isabelle AMEGANVI, feu Armerding et les autres ténors de l’UFC d’alors…

Et le RPT alla seul dans une Assemblée nationale monocolore, qui modifia, en bonne et due forme, la Constitution du 14 octobre 1992…

En juillet 2003, le 28 juillet 2004, le 21 juillet 2005, le 10 novembre 2005  sont les dates où l’UFC  négocie avec le RPT, sous la houlette de la Communauté Sant’Egidio, « avec la participation de tout le staff de l’UFC » ! Des rencontres directes bilatérales eurent  lieu entre les deux parties (entendez RPT et UFC) le 6 juin 2006, au domicile parisien de Gilchrist Olympio, puis à Accra, où fut conclut « un accord de partage du pouvoir entre les deux partis principaux togolais »…

Et l’UFC ne s’est pas arrêtée là ! Le 22 novembre 2007, nouvelle rencontre UFC-RPT, dont le rapport fut rédigé par Patrick Lawson, et « qui révèle les ambitions ministérielles, au lendemain des élections législatives du14 octobre 2007, de plusieurs dirigeants actuels de l’ANC »

Apres cette cascade de négociations RPT- UFC, l’UFC éclata avec la naissance de l’ANC, composée des principaux membres du staff négociateur de l’UFC. Et l’UFC donna l’assaut final en signant l’accord dit historique du 26 mai 2010 avec le RPT…

Pendant toutes ces négociations UFC-RPT, aucun autre parti politique du Togo n’était appelé pour participer aux négociations. L’UFC voulait tout, et pour elle toute seule: c’est ce que nous appelons la malhonnêteté politique, pire que la mesquinerie, dont ont fait preuve « les copains et coquins » de l’UFC-ANC. Au moment des dures négociations avec EYADEMA pour une amnistie, pour que Gilchrist Olympio puisse rentrer au Togo, on n’a pas beaucoup vu ceux qui ont négocié seuls, avec le pouvoir, pour un gâteau exclusif, sans les AGBOYIBO, GNININVI, Edem KODJO, Zarifou AYEVA etc.… qui ont balise le terrain, pour que Gilchrist Olympio puisse atterrir. Prenons la querelle entre de l’UFC et de l’ANC, cela nous fait rire et nous ne pouvons que crier :

La grosse malhonnêteté vient surtout  de l’ANC qui a participé, par tous ces membres fondateurs, aux négociations avec le RPT et qui crient aujourd’hui à la trahison du vieux leader. Qui se ressemblent s’assemblent et l’ANC (16 députés aujourd’hui) et l’UFC (3 députés aujourd’hui), ne totalisent que 19 députés, au lieu des 27 obtenus par l’UFC en 2007. C’est la rançon de la trahison de Gilchrist Olympio, de Jean Pierre FABRE, de Patrick Lawson, et des autres. On comprend maintenant pourquoi Gilchrist Olympio ne s’est pas présenté a la présidentielle de 2010 (on n’est pas convaincu de son accident domestique ; il peut être amené par avion médicalisé des USA au Togo pour les formalités de candidature). On comprend moins par contre pourquoi Jean- Pierre FABRE est devenu BRUTUS, parricide d’Olympio, et nous appelons désormais Patrick Lawson « monsieur le premier Sinistre »…

Patrick LAWSON voulait être bombardé Premier Ministre sans avoir la majorité parlementaire de son parti à la suite de législatives normales ! Un PM frauduleusement désigné ! Le PM doit être issu de la majorité parlementaire, Mr Lawson !

On comprend aujourd’hui pourquoi Fabre pense que les accords politiques sont au-dessus de la Constitution… et ça veut diriger un pays !

Aujourd’hui, les souvenirs nous reviennent et nous éclairent. On dit et comprend pourquoi l’UFC  refuse de participer au gouvernement d’union nationale de Mr AGBOYIBO en 2006, pourquoi l’UFC  refuse de prendre part au Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC). Alors pourquoi cette obsession de l’UFC d’être « seul et unique vrai parti d’opposition au Togo? »  C’est cette logique moyenâgeuse que le parti de Brutus aussi adopte, depuis sa création. Mr Gilchrist Olympio et Jean Pierre FABRE doivent apprendre cet adage Akposso qui dit que : « La politique est un pagne, qu’on ne peut jamais  porter seul ».

Alors que dans les pays voisins (GHANA, NIGERIA par ex.) la tendance est la refondation de toute l’opposition en un seul et unique Parti, face au parti au pouvoir, pour aboutir au bipolarisme à l’américaine, «les copains et coquins » de l’UFC et de l’ANC, en sont encore aux théories de « nous sommes le seul et vrai parti de l’opposition, les autres sont des béquilles du pouvoir ». A cette allure, on ne glane que trois députés, ou, au mieux seize députés. Insuffisant pour bomber le torse… Celui qui me fait pitié, malgré tout, est Gilchrist Olympio. Trahi par Jean- Pierre Fabre et ses pélerins hebdomadaires de la plage, trahi par Djimon ORE, Nicodème HABIA, une sorte de malédiction suit le vieux leader comme son ombre. On l’entend, a la fin de sa vie, crier à Jean- Pierre Fabre, Patrick Lawson, Isabelle Ameganvi, Djimon Ore, Habia Nicodème et Cie : « Vous aussi… mes fils et ma fille ? »

Dr David IHOU

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