Tours de passe-passe, assassinats et fraudes constituent le fond du système.Le vieux parti de quarante ans,en faisant de la résistance au scrutin présidentiel à deux tours comme le revendique le peuple, il est bien conforme à son identité.Pour s’en convaincre, il suffit de prêter attention aux arguments que jettent pêle-mêle les responsables du parti pour justifier le mode de scrutin a un tour.C’est du désordre complet, sur fond d’une peur intense.La peur de la transparence, sûrement pour le pouvoir, synonyme d’une sanction populaire dans les urnes.La majorité dont se targue le RPT et soupçonnée de façade montre son vrai visage.
Tantôt, l’argument est que le mode du scrutin ne conditionne pas sa transparence.Tantôt, c’est le model américain qui est cité en exemple comme justificatif.Du n’importe quoi!Les togolais en ont entendu de pires. Le ministre de la Coopération, Gilbert Bawara, trouve que“le pays a trop de difficultés financières, trop d’écoles et d’hôpitaux à construire pour s’engager dans une coûteuse élection à deux tours.”
Quant à son homologue de l’Administration Territoriale, Pascal Bodjona, il mélange les contextes, et s’emploie à ce qu’il sait faire le mieux : la falsification.Le bonhomme fait découvrir que “le scrutin à un tour n’est pas une invention de son parti le RPT et que…c’est Sylvanus Olympio, le premier président qui avait, en 1961, consacré ce mode électoral au Togo.” Fable ou réalité, ce discours est l’expression d’une haine inépuisable pour une bonne partie de la population togolaise. Finalement, on se demande s’il y a dans cet univers un Patron pour ranger ces petits bricolages dans un ordre un peu plus parfait?
Les monstres qui ont semé la mort en 2005 ont repris du service.Leur préparatif pour commettre de nouveaux crimes ne dérange, ni n’émeut le Président;obsédé qu’il est par la création de nouvelles préfectures et sous-préfectures et par le parrainage des associations fantômes de soutien qu’il fait créer à tous les vents, à défaut des emplois pour les jeunes.On verra notre Président dans son supposé fief, à Kara, distribuer des ustensiles de cuisine aux bonnes femmes dont la plupart n’allument que rarement le feu, faute d’aliments à cuir.Les togolais sont amusés d’entendre que “de sa propre poche”, le chef de l’Etat fait don de ceci ou de cela à des collectivités locales.Du populisme à bon prix.Dans son entendement,C’est ça, le “Développement à la Base”. Pendant qu’on assiste à cette gestion informelle du pays, les plans de réformes – s’ils en existent – sont restées dans les tiroirs.
Pour ce Président, les affectations effectuées au sein de l’Armée sont sa réforme des FAT. Résultat, les Forces Armées Togolaises, contre l’éthique militaire et et la règle républicaine, apporteront leur soutien au candidat Faure Gnassingbé. C’est interdit en démocratie! Mais dans le “Gnassingbéland ”, on fait les affaires comme d’habitude.Celui qu’on appelle à Lomé le jeune Président ne gouverne pas.Ou, il gouverne, mais dans le passé, laissant le Togo dans un état de territoire tribal sans loi, un paradis pour criminels et trafiquants.
On est bien loin du “Président du peuple ” que chantent Kofi Olomidé et son groupe folklorique du “Quartier Latin”. Le griot congolais des palais africains a failli de peu distraire les togolais avec son monotone vidéoclip de propagande, à la limite de l’obscénité.
Plus surface que profondeur, le régime panique aux mots comme “scrutin à deux tours”, “report de la date du 28 Février”ou encore “retour à la constitution de 1992”. Il est aux abois et montre des signes d’une dangereuse nervosité : expulsion intempestive de diplomate par-ci, érection déguisée de milices locales par-là ou encore, intimidation des adversaires politiques.Ceux qui pensent que les évènements tragiques de 2005 ne pourront plus se reproduire ont de quoi commencer à revoir à la baisse leur optimisme.La grande inconnue, actuellement, est qu’on ne saura dire combien va-t-on compter de morts et de candidats à l’exile.
C’est le moment ou jamais de râteler très large et d’exiger la refondation de notre démocratie sur du solide,lequel incarnent l’esprit et la lettre de la date historique du 14 Octobre 1992. L’idée du boycott de l’élection par l’opposition est une solution impopulaire.Elle n’est pas bonne.Il aurait fallu placer la barre plus haut et plus tôt.Par contre, l’idée d’agir dans le sens de ne voir une élection se tenir au Togo que seulement si les conditions acceptables sont réunies n’est pas mauvaise.S’il y a un défi à lancer à tous les démocrates togolais, au Togo et dans la Diaspora, c’est celui-là .
Kodjo Epou
Washington DC
USA