L’armée étasunienne et la CIA utilisent des drones en Afghanistan, Pakistan, Irak, Yémen et Somalie. Washington doit clarifier la base légale de sa politique d’assassiner des leaders et des membres présumés des Talibans et d’Al Qaeda au lieu d’essayer de les capturer selon un rapport de Christof Heyns, le rapporteur spécial des exécutions sommaires, extrajudiciaires, ou arbitraires. Ce rapport de 28 pages adressé au Conseil des droits humains de l’ONU a été publié en avant-première du débat de cet organisme sur le sujet à Genève.
« Le gouvernement doit clarifier les procédures mises en place pour garantir que tous les assassinats ciblés soient conformes au droit humanitaire international et aux droits humains et il doit spécifier les stratégies et les mesures prises pour empêcher qu’il y ait des victimes ainsi que les mesures prises pour permettre des enquêtes indépendantes, rapides et efficaces sur les violations éventuelles » précise le rapport. « Bien que les chiffres des estimations d’attaques de drones varient énormément, toutes les études s’accordent sur un point important : leur nombre a augmenté dramatiquement dans les trois dernières années » selon Heyns.
Les officiels de l’ONU citent des chiffres de la Commission des droits de l’homme du Pakistan selon lesquels les drones étasuniens ont fait 957 morts au Pakistan rien qu’en 2010. Il est généralement admis que sur les milliers de personnes tuées par des drones depuis 2004, environ 20% sont des civils.
« Il est capital de révéler ces meurtres pour que des comptes soient rendus aux victimes ou à leurs famille et qu’elles puissent obtenir justice et réparation » selon le rapporteur.
Heyns a souligné que le droit humanitaire international exige que tous les efforts soient faits pour arrêter un suspect et il exige aussi que la force soient employée selon des critères de nécessité et de proportionnalité. Il a ajouté que Washington n’avait pas répondu de façon satisfaisante aux inquiétudes exprimées par son prédécesseur Philip Alston dans un rapport en 2009.
« Le rapporteur spécial demande à nouveau au gouvernement de clarifier les règles qui régissent les assassinats ciblés… (et) réitère la demande de son prédécesseur que le gouvernement précise les raisons pour lesquelles il est décidé de tuer « des cibles humaines » plutôt que de les capturer et aussi qu’il précise si la nation dans laquelle l’assassinat a lieu a donné son accord » a dit Heyns.
Les attaques de drones créent aussi des problèmes dans les relations de Washington avec ses alliés. Elles ont été un des principaux points de discorde entre les Etats-Unis et le Pakistan et elles ont été la raison pour laquelle le passage des marchandises et fournitures destinées aux troupes étasuniennes déployées en Afghanistan à travers le territoire pakistanais a été interrompu.
L’ambassadeur pakistanais Zamir Akram a déclaré lundi dernier pendant la session d’ouverture du conseil des droits humains de l’ONU, que son gouvernement considère que l’usage de drones sur son sol est illégal et contreproductif et constitue une violation de la souveraineté du Pakistan.
« Des milliers d’innocents, dont des femmes et des enfants, ont été assassinés sans discrimination au cours de ces attaques », a-t-il dit.
Pour consulter l’original : http://www.rt.com/news/un-questions-us-drones-185/
Traduction : Dominique Muselet
http://www.legrandsoir.info/des-meurtres-injustifies-l-onu-demande-aux-etats-unis-de-justifier-les-attaques-de-drones.html