Je veux, à travers ce courrier, rafraîchir ta mémoire. Tu es mal placé pour juger le Président Laurent Gbagbo. Après le décès du Président Félix Houphouët-Boigny, sa succession est assurée par Henri Konan Bédié.
Son échec patent avec l’ivoirité, sa gestion calamiteuse de l’après dévaluation du francs Cfa, son goût à la facilité, son sectarisme tribal sont parmi tant d’autres les vraies causes de la crise actuelle. L’aperçu financier de cet homme de succession est plus explosif.
Et l’imagination tourne en dérision lorsqu’on se rend compte qu’au moment de la période difficile, cet homme politique fêtait ses milliards, qui convertis aujourd’hui s’évaluent en centaines de milliards. Cet homme et d’autres avec lui n’ont pas été inquiétés d’aucune mesure disciplinaire. Mais récompensés par le système.
À preuve, le plus grand des milliardaires d’entre eux est devenu Président de la république, puis éjecté du pouvoir plus tard sans que quelqu’un ne prouve un sentiment de désolation. Il est parti par la justice du temps.
Il vit en pacha comme si rien ne s’était passé. Pourtant celui qui traitait de journaleux, nos valeureux journalistes, de burkinabé, toute personne qui désirait discuter le pouvoir avec lui, comme vous, (à l’époque pourtant, votre désir du pouvoir n’était pas évident), de Malien, lorsque je lui discutais son identité face à son affirmation, que vous êtes burkinabé. Il diligenta même des policiers, pour effrayer une pauvre femme qu’il voulait contraindre à dire que tu n’étais pas son fils, en vue de vous inculper et vous expulser de la Côte d’Ivoire.
De non éligibilité au poste de Président de l’assemblée nationale : lorsque au lendemain du décès de Charles Bauza Donwahi, le Secrétaire général du Pdci de l’époque Laurent Dona Fologo, homme du nord qui devait être logiquement proposé à la tête du perchoir.
On lui a été préféré un autre homme? Les diatribes de sa presse traduisaient bien sa tragédie intérieure, faite de haine pour tous ceux qui s’opposaient à sa politique destructrice du tissu national. Pourtant le Pdci-rda est le produit des gens du nord, qui par civilité, ont accepté le Président Félix Houphouët-Boigny, comme leur leader. Sans les gens du nord comme le mystique Gon Coulibaly, Yaya Cissé, Guibo Soukalo, le Pdci ne serait pas devenu ce qu’il est. Le fait que les tenants actuels veulent identifier le Pdci au seul V baoulé est ingrat et peut à court terme, disloquer le parti et le pays avec, et ce n’est pas un Bédié qui pourra colmater les brèches.
Et c’est pourquoi tous ces faits et méfaits ont amené à la création des partis dont le Rdr et l’Udpci. Pour le Rdr, nous avons choisi votre personne, sur suggestion de Phillipe Yacé déchu de son perchoir pour des questions tribales. Ce dernier d’une intégrité exemplaire, ne s’associait pas à notre initiative. Mais partageait l’idéal qu’animait notre démarche.
Cher neveu, ce rappel s’adresse à vous, à votre conscience d’homme, qui se transforme peu à peu en un roc, qui s’identifie à une vengeance répétitive qui n’a de comparaison que le coeur d’un Français sans âme et d’un Américain sans identité. Ceux qui vous ont précédé, ont dirigé ce pays en considérant notre culture, notre identité. Sinon comment comprendre que des hommes d’Etat qui ont fêté leurs milliards alors que le peuple mourait de faim n’ont pas été inquiétés, ni jugés? Et comment comprendre, venu à la rescousse d’une Côte d’Ivoire moribonde, Premier ministre à l’époque, vous avez bradé l’essentiel du tissu économique, qui, à court terme, devait aboutir à la fameuse dévaluation, mettant en péril l’âme de la Côte d’Ivoire.
Faut-il vous soustraire de cette comédie de gestion qui ne pouvait qu’aboutir à l’avènement du Président Laurent Gbagbo, à qui on veut faire porter tout un chapelet de crimes? Faut-il laisser écrire l’histoire des vainqueurs sur le papier du mensonge alors que le Président Laurent Gbagbo n’est pas le produit qui a modelé l’actuelle situation?
Non monsieur Alassane Ouattara! Vous êtes dans le même bateau avec ceux qui vous ont précédé. Vous êtes en attente du temps pour écrire l’histoire vraie que seule la génération future appréciera. Alors monsieur Alassane Ouattara, vous qui êtes le petit fils de l’empereur Ouattara dont le règne était fait d’équité et de justice vous ne pouvez, petit fils de Mangan Cissé, le roi des rois de l’empire du Ghana, vous autorisez à commettre de l’injustice face à une situation qui ne demande que la mesure.
Monsieur Alassane Ouattara, une justice sans le savoir n’est pas une justice, un savoir sans justice n’est pas un savoir. La faute du Président Laurent Gbagbo, n’a rien de criminel. Et les faits qui lui sont reprochés semblent être le fait de notre désir de nuisance. Ce qui indique bien qu’il n’a fait que terminer l’œuvre de ses prédécesseurs. Et si le hasard a fait de vous le nouvel homme fort, faites attention à vous-même. Car autant responsable que vos prédécesseurs, les actes que vous posez aujourd’hui ne se différencient pas du passé. Et l’histoire, mon fils, est têtue. Alors évite à la Côte d’Ivoire, à ses enfants, ces procès qui n’ont ni tête ni queue, qui à long terme ou à court terme, vous balanceront dans les geôles de l’histoire et nos compatriotes Dioulas en souffriront. Parce qu’ils ne savent pas que le pouvoir temporel ne s’identifie pas à un homme, à une race.
Vous êtes un économiste, je vous demande de faire l’économie d’un procès pour que vous puissiez appliquer votre savoir pour des bonnes causes. Faites l’économie d’un procès, pour ne pas être victime de tes alliés. Notamment les Forces nouvelles qui n’attendent qu’une petite erreur pour s’accaparer le pouvoir. Et j’ose croire que ce premier faux pas sera l’ouverture d’un procès contre nature.
La Côte d’Ivoire a besoin d’une démocratie humaine. Et non une démocratie tribale et si vous ne le savez pas vous êtes dans le collimateur du temps. Savez-vous ce que c’est que temps ? Et bien c’est l’affirmation de Dieu. Il vous dit par ma voix que l’homme Laurent Gbagbo est innocent. Il vous dit aussi, de vous réconcilier avec lui et de l’amener dans le jeu démocratique, pour qu’il exprime, qu’il se désavoue dans le jeu démocratique. Les Ivoiriens n’ont pas d’animosité entre eux. Ils vaquent à leur occupation, seulement ils ont faim. Ce qu’ils veulent c’est du travail, la paix et la liberté. Et non des procès dont tout le monde est fautif.
Mais sachez aux dires des uns et des autres un procès transformera la Côte d’Ivoire en un pays ingouvernable cela malgré vos talents. Ce ne sont pas vos armées qui empêcheront le peuple de se défaire de ce nouveau joug colonial. Je suis Dioula, musulman et fils d’Iman. Je dis et je le répète ne laisse pas rentrer seul dans l’histoire le Président Laurent Gbagbo. Et sachez que sans le Président Laurent Gbagbo et sa suite il n’y a pas de développement apaisé. Et sans le Président Laurent Gbagbo, il n’y a pas de sécurité pour vous. Parce que vous êtes seul parmi les soixante ethnies, si jamais la raison ne vous revient pas.
Enfin monsieur Alassane Ouattara, je ne suis d’un parti que lorsque ce parti incarne la liberté, la tolérance. La création du Rdr devait, dans la conquête comme dans l’exercice du pouvoir, nous inscrire dans des grands partis et vous devez vous installer dans l’histoire des grands hommes comme les Nelson Mandela. Mais aujourd’hui, je me pose la question de savoir qui de vous et le Président Laurent Gbagbo est démocrate ? N’est-ce pas aux ex-rebelles, qu’il appartenait de l’incarcérer. Parce que vous êtes censé ne pas être de connivence avec l’insurrection. Votre devoir devait être de défendre un Président pour que vous ne subissiez pas, les mêmes vexations que votre prédécesseur. N’est ce pas grâce à lui que vos différentes pièces administratives vous ont été livrées, notamment : le certificat de nationalité, votre carte d’identité, votre passeport ivoirien, votre éligibilité et votre dignité d’homme Ivoirien. Comment pouvez-vous accepter de pourfendre cet homme de cœur qui a trahi ses proches. Parce qu’il vous a donné tous vos papiers. Alors que pour ces mêmes papiers les autres vous pourchassaient par Interpol dans le monde entier.
A la lumière de ce que je vois, je crains savoir que les grands vainqueurs de ces élections ne sont pas les partis et leurs leaders. Mais bien les combattants rebelles. Et si je ne m’abuse ce sont eux qui devaient être au pouvoir pour juger les trois (03) Présidents que sont : Bédié, Gbagbo et vous-même. Peut-être avec ceux là et avec l’âme d’Africains lucides qu’ils ont, ils auraient évité à la Côte d’Ivoire sa dislocation et son érection en département français.
Pourquoi au Mali n’a-t’on pas fait un grand procès à Moussa Traoré. Et pourtant le Mali se porte mieux ! Pourquoi Nelson Mandela, le grand Mandela n’a t-il pas emprisonné tous les blancs qui l’ont incarcéré pendant 27 ans?
Monsieur, Alassane Ouattara vous êtes devant l’histoire, mais sachez que la vraie victoire celle qui vaille d’être vécue est celle que l’on a sur soi même.
A quoi sert la victoire?
A quoi sert ta victoire?
Des morts et des morts élus après ta victoire
Et des prisonniers qui aux larmes sèches te regardent, regardent ta victoire
Sans âme, plus que tu es victoire sans être né comme les autres
De multiples cimetières, qui a perte de vue, gisent des hommes
Des femmes, des enfants qui ne voulaient que vivre
A quoi sert ta victoire seigneur toi qui est venu de loin de très loin?
Et conquérir le cœur des peuples des cimetières
Qui aujourd’hui sombrent dans l’épée et pour l’épée sur l’existant qui n’est plus
A quoi sert ta victoire toi qui viens de loin dans ce lointain pays qui n’est pas le mien?
A quoi sert ta victoire sinon remplir à nouveau tes cimetières avec ses hommes et ses femmes prisonniers?
Dont tes protecteurs veulent qu’ils soient pendus, fusillés par les cordes d’esclaves
Par les armes qui ont fait leur preuve en tuant notre peuple sans arme
A quoi sert ta victoire, juvénile victoire?
A te pendre dans le temps, dans le bref temps de l’histoire.
Abou Cissé,
Membre fondateur du Rdr et combattant de la liberté