«Les bottes américaines ne fouleront pas le sol malien.»

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Engagée depuis bientôt une semaine dans l’opération Serval au Mali, la France martèle qu’elle n’est pas seule. Pourtant, sur place, les soutiens tardent…

Sur le principe de l’intervention contre les terroristes du nord Mali, tout le monde est d’accord. Mais, alors que la prise d’otages d’In Amenas en Algérie pourrait impliquer de nouveaux pays dans le conflit, rien ne laisse présager que le soutien moral unanime des pays occidentaux sera suivi d’une aide concrète au Mali.

Où en sont les forces françaises sur le terrain?

Les Français réalisent peu à peu qu’il sera difficile de quitter rapidement le terrain pour laisser la main aux forces armées africaines. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a admis mercredi au micro de RTL que «le combat continue, et ça sera long». Le ministre a également annoncé ce jeudi, que 1.400 militaires français étaient désormais engagés dans les opérations, notamment dans des combats au sol depuis mercredi. Un dispositif qui devrait être porté à 2.500 soldats.

Face à eux, le ministre a estimé à plus d’un millier le nombre de terroristes, «avec peut-être des renforts demain».

Peut-on compter sur les forces africaines?

Selon la décision de l’ONU en décembre, les soldats africains de la Misma, la Mission internationale de soutien au Mali, devaient se préparer à intervenir à l’automne prochain. Les événements récents précipitent cette intervention, alors même que ces soldats manquent de préparation.

Aux côtés des soldats français sur le terrain, l’armée malienne comprend entre 12.000 et 20.000 hommes selon les estimations. Le Nigéria a lui déployé 150 hommes ce mercredi et une partie de ces soldats se trouve déjà sur place. Le pays, qui a envoyé des centaines d’hommes au Darfour et doit lutter sur son propre territoire contre les islamistes de Boko Haram, redoute de trop puiser dans ses réserves.

A terme, neuf Etats africains doivent apporter leur concours, soit plus de 5.500 hommes. Dans le détail, on annonce 900 soldats nigérians, 540 Togolais, 500Nigériens, 2.000 Tchadiens, 500 Burkinabais, 300 Béninois, 180 Ghanéens, 145 Guinéens et 450 Sénégalais. Les chefs d’Etat-major de la Cédéao ont mis au point «les derniers réglages» à Bamako mardi et mercredi et les pays de la Cédéao devraient commencer à déployer des contingents dans les prochaines 48 heures, a déclaré Ibrahim Dembele, chef d’Etat-major de l’armée malienne.

Les Etats occidentaux resteront-ils en retrait?

Six pays occidentaux ont annoncé leur aide aux troupes françaises, mais aucun, exceptée la Belgique qui devrait déployer 70 hommes au sol, n’envisage d’envoyer des hommes au Mali. La Grande-Bretagne, le Danemark, le Canada, l’Allemagne et la Belgique ont chacun mis à disposition un ou deux avions de transport ou médicalisés. L’Italie s’est également dite prête à fournir un soutien logistique et l’Allemagne, déjà engagée en Afghanistan et au Kosovo, réfléchit à une aide logistique et humanitaire notamment en matière de transport et aide médicale.

Quant aux États-Unis, ils affirment prendre «très au sérieux» l’intervention au Mali et examinent les conditions légales nécessaires à une éventuelle assistance américaine, selon le secrétaire de la Défense, Leon Panetta, qui a précisé que Washington a déjà fourni des renseignements aux forces françaises. Il avait pourtant affirmé plus tôt: «Les bottes américaines ne fouleront pas le sol malien.»

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont approuvé ce jeudi la mission européenne de formation de l’armée malienne. Mais le Parlement européen se dit impuissant, prétextant qu’il «n’existe pas de forces militaires européennes», selon Catherine Ashton. La chef de la diplomatie européenne a également promis qu’un «représentant spécial» européen pour le Sahel serait nommé prochainement. Ce jeudi, les 27 pays membres de l’Union européenne ont approuvé jeudi l’envoi de plus de 200 militaires instructeurs au Mali d’ici mi-février, afin d’entraîner les forces maliennes qui combattent des rebelles aux côtés de l’armée française.

Aurélie Delmas

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