Il ne figurait certainement pas dans les plans du président Laurent Gbagbo dans le combat de ce dernier, visant à montrer à ses pires ennemis qu’il n’est pas l’homme qu’ils présentent sous des traits grossiers et machiavéliques. Mais le témoignage du Général Renaud de Malaussène, puisque c’est de lui qu’il s’agit, sur le ‘’Woody’’ de Mama, est pour ce dernier, un sacré bol d’air qui peut valoir son pesant d’or par ces temps qui courent. Et cela à l’image de tout acte providentiel.
«(…) Je pense qu’il y avait un projet politique qui était celui de mettre Ouattara en place et dégommer Gbagbo, qui est un homme intelligent, cultivé, fin, qui a traversé beaucoup de crises et qui, au fond de lui-même, aime la France. » Celui qui s’exprime en ces termes n’est pas connu comme un joueur du camp Gbagbo. Il se nomme Renaud Alziari de Malaussène et porte le grade de Général dans l’armée française. Il a servi sur le théâtre ivoirien entre 2004 et 2005, en qualité d’adjoint au commandant de la force Licorne qu’était le Général Henri Poncet. L’officier multi-étoiles a tenu ces propos, le 16 octobre dernier, au cabinet de la juge Sabine Khéris, qui instruit désormais, au tribunal de grande instance de Paris, l’affaire du bombardement du cantonnement français de Bouaké en novembre 2004. Briefé avant son arrivée à Abidjan, sur le régime Gbagbo, à partir du prisme déformant des spécialistes de la DGSE (ndlr : le service du renseignement extérieur de la France), le Général Malaussène, naturellement ne pouvait pas être un habitué de la résidence de Laurent Gbagbo, présenté pour les besoins de la cause comme un grand dictateur, doublé d’un ennemi juré de la France. A partir de ce postulat, personne ne peut raisonnablement qualifier le témoignage de cet officier supérieur, sur Gbagbo, comme intéressé et par conséquent, peu crédible. D’où la ruée, lundi dernier, dans les kiosques à journaux pour se procurer la toute dernière galette de « JA ». Autre fait notable, ce n’est pas toujours, sous nos cieux, qu’un Général de l’armée française se laisse aller à tels compliments à l’endroit d’un chef d’Etat africain. De plus, vu de Paris, où l’on apprécie généralement les individus plus sur les qualités intellectuelles et humaines, que leur surface financière, l’hommage du Général De Malaussène, un homme d’honneur, a forcément un gros impact au niveau de l’opinion française où pendant longtemps, Gbagbo a été présenté sous ses traits les plus noirs dans les médias locaux et dans le monde entier où ceux-ci sont diffusés. Des aveux, on l’a dit hier dans nos colonnes, qui tombent à pic et qui pourraient désormais tempérer les jugements excessifs des uns et des autres drogués jusquelà, à la haine contre l’ex-chef de l’Etat ivoirien. Mais avant l’adjoint du Général Poncet, le Colonel Georges Peillon, ancien porte-parole de la force Licorne, avait été le premier à se montrer tout aussi admiratif vis-à-vis du président Laurent Gbagbo dont il ne partageait pourtant pas les habitudes.
On se souvient que dégoûté par la suite, par les mensonges d’Etat sur la vraie mission de la force Licorne à Abidjan, pendant le conflit ivoirien et surtout sur les graves évènements du 08 novembre 2004, devant l’Hôtel Ivoire, qui ont fait 67 morts et plus d’un millier de blessés dans les rangs des patriotes ivoiriens, l’homme a décidé de quitter l’armée. Tout simplement, confient ses proches, pour ne pas cautionner la forfaiture et le mensonge de la haute hiérarchie militaires et des politiques. Sur place à Abidjan, les révélations des six généraux français auditionnés par la juge Sabine Khéris et rapportés dans la dernière édition de « Jeune Afrique », ont eu l’effet d’un tremblement de terre diversement apprécié. Ainsi, pendant que les partisans du président Laurent Gbagbo louaient le ciel pour ces aveux qui viennent ainsi mettre une couche supplémentaire à l’innocence de leur champion, qu’ils ne cessent de clamer depuis le début, les « ADOrateurs » du régime, eux se le jouaient hier encore, en « mode silence », préférant tout simplement ignorer l’article de l’hebdomadaire panafricain « JA ». Une attitude inhabituelle chez les troubadours du pouvoir qui ont toujours trouvé réponse à tout, surtout quand il s’agit de noircir le tableau Gbagbo pour la gloire de leur mentor, Alassane Ouattara. Leur silence traduit éloquemment la détresse qui semble désormais s’emparer d’eux devant leur édifice du mensonge qui n’est plus loin de s’écrouler entièrement sous les coups à lui portés par les différents témoignages tendant à restituer toute la vérité sur la crise ivoirienne. « Le mensonge a beau courir, il finit toujours par être rattrapé par la vérité », disent les sages. Alassane Ouattara et les siens en font en ce moment l’amère expérience, du moins sur ce coup-là. Et à l’allure où vont les choses, rien ne dit que ça sera la dernière fois.
GérAldine diomAndé
Aujourd’hu