Les opposants togolais ont trahi qui au juste? [Par Komla Kpogli]

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Les opposants togolais n’ont trahi personne. Ils ont été cohérents jusqu’au bout. Ce sont des togolais politiquement incultes qui se sont eux-mêmes mis dans la tête qu’ils avaient en face d’eux des libérateurs là où ils devraient voir des réformistes opportunistes, querelleurs et sans aucun plan pour arriver à leur fameuse idée de « réforme, changement, alternance ou de transition» en face d’une tyrannie héréditaire de type colonial qui ne gouverne depuis 1963 que par la violence et la corruption et leurs variantes. Ce sont des togolais eux-mêmes qui, à la recherche d’une solution abrégée, limitant les dégâts se sont enfermés dans le culte des partis politiques et de leurs soi-disant leaders alors qu’ils devraient s’élever au patriotisme organisé et agissant. On a fait du « partisme » là où tout nous indiquait la voie du patriotisme. Il est temps de le dire aussi clairement que possible.

A force de fermer les oreilles sur les idées les plus adaptées émises par des enfants les plus lucides de ce pays pour ne suivre que les tapageurs et les m’as-tu-vu gueulards armés de sophismes politiques, on aboutit au chaos que nous avons en face de nous aujourd’hui. Chaque choix produit un résultat logique. Chaque chemin mène à un pays donné. Emprunter la voie du faux ne peut conduire au pays du vrai. Voilà pourquoi chacun doit maintenant se poser les bonnes questions: est-ce que j’ai bien écouté et compris vraiment ces gens? Est-ce que j’ai pu attentivement lire, écouter et approcher d’autres idées? A présent, est-ce que je suis prêt à ouvrir mes oreilles, mes yeux et mon cerveau pour écouter et apprendre ou bien je vais rester là à pleurnicher sur le passé en maudissant les soi-disant leaders qui nous auraient trahis?

De toutes les façons, croiser les bras et pleurnicher tout le temps ne fera qu’ouvrir davantage la voie de la continuité à ce régime qui n’a rien à foutre des larmes étant donné qu’il fait couler depuis 57 ans le sang. Ce régime qui jusque-là marchait sur un boulevard est en train d’emprunter une voie royale, tellement il ne trouve plus aucune menace concrète devant lui. Pourtant, c’est là une faute de jugement de la part de ses animateurs. Les patriotes vont émerger sur le cadavre en décomposition de l’électoralisme, du dialoguisme et du réformisme aigus dont les togolais, dans leur immense majorité, ont souffert jusqu’ici. Il sera alors question de construire, nous disons bien C-O-N-S-T-R-U-I-R-E un véritable mouvement de libération de libération nationale fondé sur deux axes: un plan de lutte et un plan de reconstruction du pays après sa libération.
Nous faisons partie de ceux qui ont analysé de longue date la guerre psychologique que ce régime et le système qui l’impose nous livrent. Nous avons, dans l’indifférence totale, dans le mépris et dans la mise à l’écart savammment orchestrée, prescrit pas mal de solutions qui sont plus que jamais valables. Pendant que le Moltra parlait de lutte de libération, tous les vendeurs d’illusion parlaient de « changement », « d’alternance », de « transition»…Aujourd’hui, ils ont presque tous adopté l’expression « Lutte de libération », oubliant que les mots ont un sens et un contenu. Lorsque vous posez la question de savoir quels sont les éléments constitutifs et les conditions à remplir pour mener une telle lutte à la victoire, ils sont incapables de donner le moindre élément ou bien ils se perdent dans des explications amphigouriques démontrant ainsi qu’ils ont copié le vocabulaire sans en connaître le sens. Tout est donc question de copie, de superficialité et de bluff ici.

Le régime RPT et le système colonial qui le porte n’ont jamais eu autant d’opposants, de combattants qu’actuellement. Mais, la réalité c’est que tout ceci n’est que de l’opposition folklorique et de combats proclamatoires. Aucune des conditions conceptuelles, organisationnelles, structurelles, stratégiques et tactiques du combat véritable n’est mise en place. Le terrain échappe totalement à cette lutte qui lutte pour lutter et dont la caractéristique principale c’est de mettre à l’écart toutes les personnes susceptibles d’aider à traiter ses faiblesses innommables et multisectorielles. Même quand ces personnes, dans un élan patriote, se mettent à disposition ou vont jusqu’à prendre contact avec les fameux lutteurs et combattants, ils refusent de les écouter et les ignorent royalement.

C’est dans ces circonstances que l’on entend que les togolais ne répondent pas aux appels à manifester. Il ne s’agit pas de lancer des appels…aux togolais à manifester. Les « manifestations » ne sont pas adaptées à un régime héréditaire de type colonial dont l’existence même est la négation du peuple. Il s’agit, par conséquent, de CONSTRUIRE un mouvement de libération sous la forme d’un Tsunami populaire menant les masses populaires actuellement, au sol, écrasées et apeurées au sommet de la puissance retrouvée. Former, Organiser, Structurer et Conduire l’action planifiée, voilà ce dont il est question. Ce travail là n’est pas un jeu de loto. C’est une science. A ce titre, il n’est pas à la portée de n’importe qui. Renseignons-nous un peu auprès de l’Histoire. Elle qui n’est jamais avare de leçons nous apprendra véritablement ce que les peuples dominés et écrasés ont toujours fait avant de se redresser à la suite d’efforts titanesques de reconstruction. Nous verrons alors que nous n’avons rempli, pour le moment, aucune des conditions de succès face à ce système et le régime qu’il nous impose. Les agitations, l’espérance en un miracle un jour, les actions improvisées, s’inventer des Sauveurs chaque année ou chaque 5 ans à la veille de parodies d’élections, attribuer le qualificatif de leader à chaque crieur sur WhatsApp ou sur Facebook…..comme pour échapper à la rigueur du travail méthodique et discipliné… ne peuvent pas remplacer l’obligation incontournable d’une Organisation douloureuse et patiemment bâtie pour asséner le coup de poing fatal au RPT et ses alliés locaux et internationaux. Sans préparation, sans entrainement appliqué, sans travail fondé sur un plan de jeu où chacun joue à sa place, même la plus grande des équipes perd un match ici

Le togolais doit fondamentalement se remettre en question, doit devenir plus dense, plus sérieux, plus discipliné et plus préoccupé de profondeur que de l’apparence, plus attaché à demain qu’à aujourd’hui. Ce n’est qu’à la suite de cela qu’il pourra apprendre et réunir les conditions pour une lutte victorieuse face à ce système. Sans cela, c’est Fayikoooooooo. »

Komla Kpogli, S.G du Moltra

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