Un terroriste américain âgé de 21 ans a massacré avec une arme à feu neuf chrétiens Noirs inoffensifs en réunion dans une église aux États-Unis dans la ville de Charleston le mercredi 17 juin. Il se décrit comme # un guerrier solitaire et téméraire qui avoue combattre farouchement à visage découvert pour sa race. Il se bat sans pitié pour la suprématie de sa race pure dont le sang coule dans ses veines, la race blanche.
Éliminer la race noire c’est faire une œuvre utile pour l’Humanité, c’est nettoyer et débarrasser l’Humanité de son impureté la plus lourde, le sang noir. L’Humanité a donc besoin d’aller plus vite vers son but, elle a besoin d’être plus légère et agile dans sa course vers sa destinée. Le Noir médiocre retarde l’Humanité vers ce but. Le Noir est un poids pour l’Humanité en marche. #
C’est ce raisonnement fondamental, c’est cet argument apparemment crédible à plusieurs égards qui supporte l’acte de violence froide et gratuite commis par le jeune adulte imprégné d’un idéal supérieur de l’Humanité. Et pour lui, l’idéal supérieur de l’Humanité consisterait à faire des choses magnifiques, des prouesses, des réalisations grandioses, sans doute et surtout des records technologiques et financiers.
Mais une question centrale que toute personne intelligente doit se poser et opposer à l’argument qui supporte cet acte de barbarie raciste est la suivante :
Qu’est-ce que l’Humanité a imaginé de plus élevé, de supérieur depuis qu’elle s’est éveillée à la lumière de la raison ? quelle destinée finale l’Humanité s’est-elle donnée?
Toutes nos connaissances sur cette question ne se résument qu’a deux réponses :
1- l’Humanité a imaginé le Paradis, qui n’est qu’une illusion apaisante et
2- elle a aussi imaginé le Communisme sur terre qui n’est qu’une utopie stimulante.
Aucune autre imagination collective humaine ne dépasse en bien et en beauté le Paradis révélé du Ciel et le Communisme Planifié sur terre. Rien n’est plus attrayant que ces deux idéaux. Mais ce ne sont que des vanités irréalistes, des visions qui ne seront jamais accomplies et maintenues dans la durée.
Le penseur allemand Nietzsche a voulu faire mieux en proposant le Surhomme. Mais au fond, le Surhomme n’est qu’un destin personnel construit en privé, en dehors de toutes les modes et de tous les rêves collectifs. C’est une maîtrise de soi par dépassement et une pratique de choix personnels pour s’élever au-delà les pulsions collectives qui emprisonnent la foule. Le Surhomme n’est pas un idéal collectif, ce n’est pas un projet de société.
En définitive, l’Humanité ne va nulle part en collectif. Elle n’a pas un meilleur lieu où aller, elle n’a pas un meilleur Être à construire. Notre destin collectif, passé présent et futur, n’est pas meilleur ; il n’est pas et ne sera pas plus enviable que le sort solitaire de Sysiphe.
Aller dans le plus infini pour conquérir l’espace en colonisant les planètes et les galaxies ; aller dans le moins infini pour conquérir l’imperceptible en fissurant les atomes et les nucléons ; tout cela ne nous mène nulle part en dehors de la poussière sidérale. Nous tournons en rond et nous tournerons en rond dans la poussière gigantesque de l’univers jusqu’à notre épuisement total et notre effondrement. C’est prédestiné.
Alors cessons donc l’ignorance sur le sens final de la vie. Prenons conscience ; agissons, mais dans les limites éclairées de la loi de poussière cosmique qui nous prédomine et nous prédestine. La race, la religion, la nation, l’ethnie, la classe, le sexe et son orientation, la politique et son idéologie, l’handicap et le génie ne peuvent servir d’unité de valeur absolue et de principe de droit naturel pour indexer ou décider de l’infériorité ou de la supériorité ou de l’utilité d’une catégorie naturelle d’êtres vivants par rapport à un but humain final. Car le sort final de l’Humanité ne dépend pas de l’une ou l’autre en exclusif de ces valeurs.
Michel KINVI,
26 Juin 2015, New York