Jeune Afrique: L’armée togolaise est-elle devenue républicaine?
Faure Gnassingbé: Sa réforme est en cours. Même aux yeux de l’opposition, cette armée ne constitue plus un problème.
Après cinq années de règne, la reforme de l’armée est toujours en cours. L’Armée se consolera t-elle des promesses d’ivrogne de Faure? ou prendra t-elle sa responsabilité au soir du 4 mars 2010 ?
Un texte édifiant sur les tours de manège que joue Faure à cette armée.
Les Forces Armées Togolaises (FAT) n’auront pas de Statuts et ne connaîtront aucune réforme jusqu’à nouvel ordre. Telle est la décision du président Faure Essozimna Gnassingbe. Cette décision, il ne l’a pas cachée aux hommes en treillis.
«Je ne suis pas prêt pour doter l’armée togolaise de nouveaux statuts et faire des réformes en son sein», a-t-il déclaré aux officiers subalternes, supérieurs et généraux des FAT, lors de leur grand rapport de l’année, au Palais des Congrès de Kara, à 410 km au nord de Lomé, le 26 décembre 2005. Et pourtant, lors des présidentielles d’avril 2005, le candidat Faure Essozimna Gnassingbe avait fait de la RÉFORME de l’Armée, son cheval de bataille. Que s’est-il donc passé pour que Faure Président fasse un tel volte-face en moins d’un an?
Selon mes investigations, les FAT étaient bien parties pour avoir de nouveaux statuts cette année 2006, mais un bras de fer opposant les jeunes officiers et les vieux généraux aurait tourné en faveur des VIEUX. Selon les indiscrétions, des officiers supérieurs, dont des généraux, auraient approché longtemps bien avant le Rapport Général Annuel des FAT, le Ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense et des Anciens combattants, Kpatcha Gnassingbe, pour lui suggérer de ne pas doter l’Armée togolaise de nouveaux statuts, mais de demander seulement le doublement des salaires, ce qui calmerait les jeunes. Mais contre toute attente, ce dernier aurait refusé tout en leur signifiant qu’il s’en tiendrait au programme du Président Faure qui n’est autre que son frère, et que d’ailleurs, cela rassurerait la Communauté Internationale qui en a fait une exigence pour «fermer» les yeux sur le hold-up électoral du 24 avril 2005.
N’ayant donc pas réussi à convaincre le ministre, les généraux se sont donc tournés vers le président auprès de qui vraisemblablement, leur pression a marché. Certaines sources affirment qu’ils auraient rappelé à Faure que sans eux, il ne serait pas Président aujourd’hui! Voilà comment de fil en aiguille, on a abouti à la journée du Rapport Général Annuel des FAT, au cours de laquelle, le Chef de l’État a annoncé publiquement son intention de surseoir à toute réforme de l’armée en attendant selon lui, que les effectifs diminuent. Mais comment les effectifs vont diminuer, il ne l’a pas dit.
«C’est un faux problème!» déplore un jeune officier qui estime que, doter l’armée de nouveaux statuts permettrait par la même occasion de réduire les effectifs. «Si le président Faure refuse de faire des réformes au sein des FAT aujourd’hui, c’est tout juste parce que des gens veulent continuer à se servir des hommes de troupes comme une machine de guerre du RPT».
La question de la réforme de l’armée continue de meubler les discussions sur La Réconciliation Nationale, quand on sait le rôle que cette armée a joué et continue de jouer dans la vie politique, économique et sociale de notre pays. 43 ans après la première intervention de l’armée dans le cours de l’histoire de notre nation, l’influence des FAT est plus qu’omniprésente, parce que des gens, pour certains intérêts personnels, ont choisi de mener la résistance!
Wilfried Séwa Tchoukouli