Le tac au tac du Dr Séraphin Prao au ministre Kaban Duncan

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La Côte d’Ivoire va mal, les Ivoiriens le savent. Le pays présente un visage tuméfié et un avenir sombre.  La cause est connue : la mauvaise gestion des affaires politiques.  Les souffrances des Ivoiriens ne s’arrêteront  pas de si tôt, car le président Alassane Ouattara accorde peu de temps à la résolution des problèmes des Ivoiriens. Il préfère passer le plus clair de son temps dans son avion. C’est en substance ce que lui reprochait l’ancien président de l’Assemblée Nationale et aujourd’hui président de LIDER, sur les antennes de RFI : «Si l’Etat réduit son niveau de vie, on a déjà quarante ministres. Il y en a trop. Il y a trop de voyages officiels à l’étranger. Le président de la République est à son 42ème voyage maintenant, à l’étranger. Il y en a trop. Il faut réduire ce niveau de vie, et puis serrer un peu la ceinture d’un certain nombre de dépenses de l’Etat,  financer la sécurité, qui est à la base de tout. Si on ne fait pas de sacrifices ailleurs pour financer cette question sécuritaire, nous allons aller d’attaque en attaque, de déstabilisation en déstabilisation, et puis installer la chienlit permanente. Ça commence à être trop long maintenant, pour les populations…».

Pour répondre au président de LIDER, M. Alassane Ouattara a laissé la tâche à son ministre des affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan. Ce dernier affirme dans les colonnes du quotidien L’Expression du 22 août 2012: «Les voyages de Ouattara rapportent des milliards».

Cette mise au point du ministre appelle un commentaire. Les voyages du président de la République  sont peut-être destinés à chercher des investisseurs ou des prêts.

Examinons le premier cas. Comme le dit le ministre, si les voyages rapportaient des milliards, alors les Ivoiriens devraient constater l’arrivée massive des investisseurs dont  un des indicateurs est la création d’emplois. Point n’est besoin de travailler à l’AGEPE pour constater le chômage galopant en Côte d’Ivoire. Il est donc impossible de retenir cette hypothèse.

Examinons le deuxième cas. Si les voyages de M. Ouattara rapportent des milliards, alors c’est que ces voyages visent à endetter le pays. Et cela pose problème. Depuis sa prise de pouvoir, la dette ne fait que croître de façon géométrique sans l’avis des Ivoiriens. On sait que le gouvernement Ahoussou a besoin d’argent, comme le montre bien les lancements à répétition d’emprunt obligataire par appel public à l’épargne. En effet, le Trésor public a procédé le jeudi 16 août 2012 au lancement officiel de l’emprunt obligataire par appel public à l’épargne dénommé «TPCI 6,50% 2012-2017». Le gouvernement est à la recherche de ressources additionnelles et ce présent emprunt doit permettre de mobiliser 60 milliards de Fcfa.

Le voyage du président Ouattara en Arabie Saoudite avait pour but d’endetter encore le pays à hauteur de 215 milliards de Fcfa auprès de la Banque islamique du Développement (BID). Cette dette vient s’ajouter à la longue liste des dettes contactées par le chef de l’Etat depuis qu’il est au pouvoir. La Côte d’Ivoire est devenue «fréquentable» sur le marché de la dette depuis l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, vu que son taux d’endettement a considérablement baissé. Alassane Ouattara va en profiter pour surendetter la Côte d’Ivoire d’ici la fin de son mandat. Ses voyages endettent le pays et compromettent l’avenir des générations futures.  Non seulement ces voyages coûtent énormément aux contribuables d’aujourd’hui, mais aussi aux générations futures. Il est temps que le président de la République échafaude un scenario de développement en se basant sur nos ressources propres.

 Dr PRAO Yao Séraphin, Délégué  National au Système Monétaire et Financier à LIDER

 

 

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