Le régime Ouattara, cette dictature doublée de mensonges peut-elle survivre au poids des soupirs cumulés des Ivoiriens ?

0

Les partisans de « l’indéboulonnable » disent comme lui « qu’il n’y aura rien en Côte d’Ivoire »

La théorie du déterminisme revient très souvent dans la littérature des géographes. Cette théorie est aussi utilisée par les philosophes. Elle nie toute forme de hasard dans la manifestation de phénomènes physique et social. Sans entrer dans la guerre d’école entre géographes et philosophes, sur la paternité et la définition de cette notion, il faut simplement retenir que tout phénomène obéit aux deux principes de finalité et de causalité. La théorie du chaos, quant à elle, va à l’encontre de celle du déterminisme. Elle décrit dans quelles conditions un événement est ou peut être prédictible ou non. Le déterminisme est lié au principe de causalité, c’est-à-dire que dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent exactement les mêmes effets.

Depuis quatre ans, eu égard au passé de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara est en train de réunir les conditions qui vont entraîner la chute de son propre régime. Il pose chaque jour que Dieu fait, des actes antidémocratiques dans sa gouvernance dictatoriale et tribale. Cette manière de gérer le pays, lui sera finalement et forcement fatale même s’il se considère comme « indéboulonnable ». Son attitude actuelle, est celle d’un homme visiblement traqué psychologiquement par sa maladie chronique à la prostate, son inéligibilité à la présidentielle d’octobre prochain et l’ébullition du front social, même s’il donne l’impression de tout maitriser, sous la couverture d’une fausse sérénité. La situation en ce moment en Côte d’Ivoire fait aussi penser, justement, à la théorie du chaos dont le père officiel, est, Edward Lorenz, professeur de Mathématique au Massachusetts Institut of Technologie (MTI) aux États Unis d’Amérique.

La théorie du professeur Lorenz, précise justement que des causes quasiment identiques peuvent produire des effets totalement divergents et en ce sens, elle s’écarte donc du principe de causalité, par conséquent du déterminisme. C’est par exemple le cas des prévisions météorologiques. Dans ce domaine, selon le professeur Lorenz, la modélisation des conditions atmosphériques locales, correspond à un système dynamique de nature chaotique, c’est-à-dire incohérente ou encore désordonné. La maîtrise et la connaissance des conditions initiales, ainsi que leur représentation dans les simulations qu’utilisent les prévisionnistes est forcément incomplète. Conclusion : on ne peut jamais tout maîtriser même dans le domaine scientifique encore moins dans le domaine social et politique qui restent des systèmes dynamiques. Je ne voudrais pas vous ennuyer davantage avec ces concepts théoriques et scientifiques mais retenez que tout système qui fonctionne (dynamique) crée forcement des entropies, c’est-à-dire des dysfonctionnements. Le régime Ouattara, lui-même illégal, est submergé par les entropies qu’il ne peut maîtriser à cause de leurs fondations ethno tribale et antidémocratique.

En revenant à la théorie du chaos, rapportée à la Côte d’Ivoire, la leçon à tirer est la suivante : au plan sociopolitique, dans les conditions actuelles, personne ne peut prédire l’intensité de la réaction des Ivoiriens. Les partisans de « l’indéboulonnable » disent comme lui « qu’il n’y aura rien en Côte d’Ivoire ». C’est, du déjà entendu, cette phrase. Sous Bédié, l’inventeur du concept de l’ivoirité, qui avait durci son régime en mettant en prison toute la direction du RDR, ses suiveurs disaient la même chose et puis, est arrivé le coup d’état du 24 décembre 1999. Ouattara qui s’est mis dans une posture de dictateur, va être victime de la réaction du peuple souverain eu égard à la théorie du chaos ou de celle du déterminisme. Dans les deux cas, le processus de survenance de sa réaction violente est irréversible. En clair, les conditions de la chute du régime dictatorial et tribal de Alassane Dramane Ouattara sont désormais réunies. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un regard objectif sur le terrain en Côte d’Ivoire.

Dans exactement sept mois, la Côte d’Ivoire notre pays qui n’est pas encore sortie de la crise de 2010, va connaitre une période critique avec l’élection présidentielle d’octobre 2015. Avant cette date fatidique, en ce moment, toutes les données économiques sont au rouge malgré les apparences trompeuses. Les caisses de l’état sont presque vides. Le solde du compte courant qui représente la différence entre la valeur des exportations et la valeur des importations est largement déficitaire depuis 2011. Il est de -3,1% du PIB (Produit Intérieur Brut) en 2014, soit un déficit de 519,436 milliards de FCFA. Ce déficit, va atteindre malheureusement – 4,3% de ce même PIB en 2017 soit 959,416 milliards de FCFA. La dette extérieur de notre pays était à 6592,32 milliards de FCFA en 2013 et à 6903, 472 en 2014) (source FMI, rapport de la 5ème revue page 19, juillet 2014).

Cette année la dette ivoirienne va dépasser les 7000 milliards de FCFA. Ouattara étant devenu champion des emprunts obligataires sur le marché financier international avec un euro bond de 375 milliards de FCFA. Les ressources internes de la Côte d’Ivoire sont largement insuffisantes pour boucler le budget de l’état qui n’arrive plus à sécuriser ses recettes et ses dépenses. Le taux du chômage est de plus en plus grandissant. Les observateurs de l’économie ivoirienne, les plus sceptiques, le situent à 40% de la population de notre pays. Les réalisations et Les inaugurations de ponts, de routes et d’hôpitaux qui se succèdent en ce moment, sont les résultats de financement acquis sous le régime de Laurent Gbagbo. Ouattara qui n’a encore rien fait pour la Côte d’Ivoire par rapport à toutes ses promesses fallacieuses, l’a d’ailleurs reconnu, du bout des lèvres, dernièrement à l’inauguration du pont de Jacquevlille le 21 mars dernier.

LE FRONT POPULAIRE IVOIRIEN A TOUJOURS PROSPÉRÉ DANS L’ADVERSITÉ.

Au plan politique, le président Laurent Gbagbo, le vainqueur de l’élection présidentielle de 2010 et Charles Blé Goudé, sont toujours injustement incarcérés à la prison de la Haye en Hollande. Leurs geôliers ont du mal à trouver des preuves tangibles et fiables pour justifier leur détention. En Côte d’Ivoire, les partisans de Laurent Gbagbo, sont exclus de l’administration centrale et de l’armée alors que ceux qui ont tué et violé des Ivoiriens en 2002 et 2010, y occupent des postes honorables. Il y a encore, un grand nombre de pro-Gbagbo, en prison ou en exil dans les pays de la région ouest africaine. Le Front Populaire Ivoirien (FPI), le parti qu’il a créé, est dans le collimateur du régime en place à Abidjan. Pascal Affi N’ Guessan, soutenu techniquement par la justice ivoirienne et financièrement par Ouattara, est imposé aux militants du FPI qui ne veulent plus de lui pour haute trahison. Il est devenu un président virtuel. Sans pouvoir réel sur le parti dont il ne maîtrise plus le fonctionnement, Pascal Affi N’Guessan se victimise en surfant de façon anachronique et honteuse sur le tribalisme.

Le pouvoir devrait en principe se rendre à l’évidence et tourner « la page Affi » qui ne représente plus rien au FPI au lieu de l’exhiber comme un trophée (sans valeur) dans une émission au contenu démagogique, à la RTI. Le processus de sa destitution est irréversible et le prochain congrès de ce parti, à Mama, village natal de Laurent Gbagbo, devrait en principe clore le débat. Pascal Affi N’Guessan et ses amis existent encore à travers « le Nouveau Réveil » et « Notre Voie » qui a perdu toute crédibilité et dans le même sens, tous ses lecteurs. Les nombreuses arrestations et intimidations des dirigeants du parti de Laurent Gbagbo, avec des décisions d’une justice partisane, ne pourront jamais freiner l’ardeur des militants du FPI dans la lutte pour la démocratie et la dignité de leur pays. Ouattara et ses suiveurs le savent. Le parti de Laurent Gbagbo à l’image de son créateur, a une grande expertise dans les contextes conflictuels. Le FPI a toujours prospéré dans l’adversité qui a l’avantage de clarifier les situations floues. « Le côté utile de l’adversité, c’est qu’elle nous sert à distinguer les faux amis des véritables amis ». Auguste de Labouïsse-Rochefort, (Homme de lettres, moraliste et poète français ; Maximes et pensées 1852).

Pascal Affi N’Guessan compte désormais parmi les faux amis du FPI et de Laurent Gbagbo. Il ne peut plus diriger ce parti. Les nombreuses convocations au tribunal des nouveaux responsables du Front Populaire Ivoirien, les interdictions de réunions et autres démarches d’intimidations n’auront jamais raison de la détermination des partisans du célèbre prisonnier de la Haye. Ceux-ci, traqués et marginalisés depuis le 11 avril 2011, observent sans rien dire, les dérivent totalitaire de Ouattara. Alors, question essentielle : comment les militants du FPI et les partisans de Laurent Gbagbo pouvaient-ils logiquement se sentir concerné par une hypothétique réconciliation nationale pendant que leur leader est encore en prison ? Celle-ci décrétée, il y a quatre ans, par le « Gouverneur noir » de la Côte d’ Ivoire. Il pensait faire oublier l’homme dont il a une peur maladive.

LE CONCEPTEUR DU SLOGAN «VIVRE ENSEMBLE CHEZ LES AUTRES» RESTE TOUJOURS INÉLIGIBLE.

Après avoir jeté la poudre aux yeux des Ivoiriens avec ses mensonges habituels, le concepteur du slogan « vivre ensemble chez les autres » a encore de sérieux problèmes avec la constitution de la Côte d’Ivoire. Exclus de son système tribal de gouvernance, les Ivoiriens ruminent dans le silence, leur rancœur qui ne saurait être étouffée éternellement. Le pays est assis sur une bombe à retardement. L’élection présidentielle d’octobre 2015 pourrait être le détonateur de cette bombe sociale. Mais avant cette échéance majeure, le « Gouverneur noir » d’Éburnie voudra certainement tordre le coup à notre loi fondamentale pour se maintenir au pouvoir. A l’instar des Burkinabè qui ont chassé Blaise Compaoré du pouvoir, pour avoir voulu changer la constitution de son pays, les Ivoiriens pourraient réagir. Dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.

Alassane Dramane Ouattara, « candidat exceptionnel » à l’élection de 2010, arrivé en troisième position, au premier tour et imposé par la suite aux Ivoiriens par la communauté internationale, n’est toujours pas éligible selon la constitution de 2000, en son article 35. En effet, cet article qui ne peut qu’être modifié à travers un référendum, empêche logiquement Ouattara de se présenter à l’élection présidentielle d’octobre prochain. De toutes les façons, cet homme est assis illégalement sur les institutions de la république de Côte d’Ivoire. La question de son inéligibilité va être réglée par un passage en force. Il avait pourtant la latitude d’organiser un référendum depuis au moins quatre ans. Mais alors, pourquoi n’a-t-il pas demandé aux Ivoiriens de se prononcer sur l’article 35 de la constitution ivoirienne. Cette importante question restera sans réponse.

Ouattara qui a en ce moment peur de son ombre, jette en prison les dirigeants du FPI avec la complicité de Pascal Affi N’Guessan. Ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire rentre dans la théorie du chaos constructeur. En effet, cette théorie du philosophe Léo Strauss a été reprise par les néo conservateurs américains. Selon eux, « le vrai pouvoir ne s’exerce pas dans l’immobilisme, mais au contraire par la destruction de toute forme de résistance ». Les théoriciens du chaos constructeur pensent qu’il est nécessaire de créer l’instabilité, en muselant l’opposition politique, en inventant ou en entretenant une guerre perpétuelle. La théorie du chaos constructeur qui est à la base de la politique étrangère américaine dans le monde, a naturellement ses limites. On l’a vu au Vietnam, en Somalie, en Irak et en Afghanistan. Le président du Rassemblement des Républicains (RDR) mesurent certainement le risque qu’il fait courir à la Côte d’Ivoire en empruntant par peur ou peut être par ignorance ou encore par coïncidence le chemin des théories de gouvernance mal maitrisées empruntées aux grandes puissances. La réaction du peuple souverain est toujours imprévisible. Même si Ouattara est en train de tout verrouiller au plan institutionnel, pour parer à toute éventualité.

La Commission Électorale Indépendante (CEI) est toujours dirigée par le tristement célèbre, Youssouf Bakayoko qui a montré son incapacité notoire à conduire de façon impartiale les travaux de cette noble institution en 2010. Aujourd’hui, plus qu’hier, elle est fortement dominée par les partisans de Ouattara. Cette commission, dite indépendante, annonce la révision de la liste électorale qui devait commencer à la fin du mois de mars. De 5,7 millions d’électeurs en 2010, cette liste électorale va passer cette année à 8,7 millions dont 3 millions de nouveaux naturalisés. Ceux-ci l’ont été de façon opaque. Ils sont déjà certainement inscrits sur la nouvelle liste électorale. L’article 43 alinéa 1 et 2 du Code de la nationalité interdit justement aux naturalisés de devenir éligibles avant un délai de 10 ans, et d’être électeurs avant un délai de 5 ans à partir du décret de naturalisation. On ne parle même pas des nouveaux majeurs estimés à 2 millions, qui, eux ont le droit de vote automatiquement cette année. Il va s’en dire que quelque chose de pas claire se prépare dans les méandres obscurs de « la technologie électorale », une très vieille pratique bien connue au Ministère de l’Intérieur, dirigé aujourd’hui par Hamed Bakayoko, fils adoptif de Dominique Ouattara. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les résultats de la présidentielle de 2015 seront naturellement contestés par les vaincus si la CEI garde sa composition actuelle et si la liste électorale n’est pas faite sur une base consensuelle.

Le Conseil Constitutionnel, le juge suprême des élections en Côte d’Ivoire, est dirigé par Koné Mamadou, un militant avéré du Rassemblement des Républicains (RDR). Il a remplacé à ce poste, contre toute attente, Romain Francis Wodié, professeur agrégé des facultés de droit qui n’aurait jamais dû salir son honorabilité et sa crédibilité en acceptant de collaborer avec Ouattara. Ce grand constitutionnaliste a refusé de cautionner la manipulation, à venir, de la loi fondamentale de notre pays qui, dans le fond, est toujours coupé en deux. Le nord étant encore majoritairement contrôlé par les anciens rebelles des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN). Ces derniers n’ont jamais vraiment désarmés. Ils n’ont pu réellement intégrer les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Beaucoup d’entre eux sont devenus des coupeurs de route et font encore la loi sur le territoire qu’ils contrôlent. Seulement 11 000 combattants rebelles ivoiriens sur 65 000 recensés au total, ont déposé les armes et réintégré la vie civile ou les FRCI. Ce sont les chiffres de l’Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (ADDR).

Les éventuels adversaires de Ouattara à la prochaine élection présidentielle, auront du mal à faire campagne dans le nord et à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Leurs partisans et sympathisants ne pourront même pas voter. On l’a vu en 2010 avec ceux de Laurent Gbagbo qui n’ont pas pu le faire. Les rebelles les en ont empêchés. Ils ont été brutalisés, certains sont morts enfermés dans des conteneurs. Les conditions sont donc réunies pour que le scénario de 2010 se reproduise en octobre prochain. Les mêmes causes produisant les mêmes effets. C’est une question de déterminisme. Ce sera fondamentalement une sorte de Karma pour le « Gouverneur noir » d’Éburnie et tous les plus grands marabouts du monde n’y pourront absolument rien.

BEN ZAHOUI-DEGBOU
Géographe, Journaliste Spécialiste de Géopolitique et de
Médiation Institutionnelle. Ancien Directeur de TV2 / RTI

Partager

Laisser une réponse