Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le « zizi », non grâce au chanteur Pierre Perret, mais grâce aux travaux du Dr Irwin Goldstein de l’université de Boston. Et, oui, les mécanismes intimes de l’érection n’ont désormais plus de secret pour les biologistes.
Relâchement ou redressement, si l’organe sexuel masculin hésite parfois dans ses mouvements, c’est qu’il est soumis à des influences contradictoires de l’instance supérieure que constitue notre cerveau. Le groupe d’étude américain sur l’impuissance et le Dr Irwin Goldstein n’ont pas hésité à analyser dans le détail ces interactions. Grâce à la curiosité de ces biologistes*, nous en savons désormais un peu plus sur un des événements clef de la vie après la puberté.
Quand maître cerveau inhibe notre sexualité
Une jolie femme en vue, des évocations coquines, un parfum rappelant de voluptueux souvenirs et le phallus ne demande pas mieux que de monter en première ligne sous l’influence de circuits nerveux excitateurs. Oui, mais. Car d’autres ordres contradictoires provenant, eux aussi, des hémisphères dits supérieurs et transmis par la moelle épinière et les nerfs, tendent à s’opposer à ce phénomène. Et le pénis fait profil bas.
Ainsi, la tendance est globalement à l’inhibition. Ainsi, l’homme moderne aurait probablement du mal à imiter les singes bonobo à la sexualité débridée. La faute en impute à un noyau, dit paragigantocellulaire, situé à l’intérieur de notre pauvre tête. Le travail de ce castrateur vise à empêcher les érections. Pas étonnant, donc, si le désir est parfois fugitif et si la sexualité masculine est parfois sensible au stress, à l’anxiété… Mais, il est vrai que la vie a bel et bien ses hauts et ses bas !
Qui dort…
Rien de tel cependant, la nuit, en tout cas lorsqu’on dort ! Certes, pendant les phases de sommeil lent, le contrôle négatif du cerveau se maintient et le membre viril demeure à son tour… en sommeil.
En revanche, dès que le sommeil paradoxal apparaît, celui pendant lequel nous rêvons, la vigilance des aires cérébrales se relâche et le phallus, qui n’attendait que cela, entre de nouveau en action. Ce qui explique que chez tout mâle normalement constitué, qu’il dorme ou non en solo, quatre à cinq érections se produisent chaque nuit.
Une méthode d’exploration un peu primitive de l’impuissance, mais qui a fait cependant ses preuves, consiste d’ailleurs à coller un timbre la nuit à l’endroit fatal. Rien de plus rassurant s’il est tombé au réveil !
Pas besoin d’avoir de la tête
Il existe aussi des érections conditionnées. Caresse ou vision stimulante, le pénis le prend alors de haut sans en informer le cortex. Dans ce cas, le circuit nerveux met en jeu une petite région de la moelle épinière, qui transmet l’ordre de redressement au nerf érectile, lorsqu’elle a été mise en appétit par d’agréables messages sensoriels.
Avantage de cette voie alternative : elle permet à des hommes tétraplégiques d’avoir une érection. Utile pour connaître les joies de la paternité, mais pas toujours idéal pour apprécier celles de la sexualité puisque les sensations sont, chez ces handicapés, malheureusement fort émoussées.
L’érection : un phénomène unisexe
A savoir enfin, l’érection n’est pas propre à la gent masculine et les circuits neuronaux en jeu sont peu ou prou les mêmes pour le sexe supposé faible. Equivalent en tous points du pénis, bien que de taille plus modeste, le clitoris est, en effet, lui aussi sensible aux effets globalement inhibiteurs du cerveau et à ceux stimulants de l’amour. Vénus marchant sur les pas de Priape, le dieu latin symbolisant la virilité. Qui l’aurait cru ?
Dr Corinne Tutin