Le paradoxe Bassar [Par Tchapo Sinaa]

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Le journaliste Camus Ali, dans un de ses articles sur Bassar, parlait d’un pays d’art, d’histoire et de traditions. Quand nous parlons de Bassar nous voulons rappeler aux lecteurs qu’il s’agit du *Grand -BASSAR * qui regroupe la Préfecture de Bassar, la préfecture de Dankpen, la préfecture de la plaine de Mo et la préfecture de l’Oti Est.

 En effe, quand on parle de Bassar, tous les Togolais pensent tout de suite aux fameuses ignames « labako » qui donnent du bon « fufu ». Une autre image qui vient tout de suite quand on parle de Bassar est la fameuse danse du feu communément appelé « t’ bol ».

 L’histoire retient que c’est le peuple Bassar qui maîtrise la technique de l’exploitation du fer avec ses célèbres fourneaux encore visibles au quartier de Nangbani et à Bangeli.  

Cette maîtrise du feu et du fer a permis à ce peuple de redoutables guerriers  de repousser tous les envahisseurs qui ont tenté de les dominer. Dans l’histoire du Togo les Bassar ont été l’un des rares peuples à imposer aux colons Allemands une résistance farouche et ingénieuse.

 Cela n’est pas un hasard si dans l’armée togolaise on compte un grand nombre d’Officiers originaires de Bassar. La connaissance des techniques du fer et du feu en est pour quelque chose.

Parmi ces Officiers on peut citer : le Général Bonfoh, le Général Gnofame et le Général Nandja, celui qui a eu le malheur de prêter allégeance au nom des FAT à Gnassingbé fils après le décès du père.

Les colonels et autres officiers supérieurs se comptent par dizaines.

 Les pionniers de l’armée de l’air au Togo étaient majoritairement constitués d’Officiers Bassar dont le plus célèbre est notre Général Nandja. L’on avait même baptisé l’armée de l air « l’armée des Bassar ».

Pour la petite histoire c’est Bassar qui a donné au Togo son premier pilote d’avion en la personne du feu Djelema

Quand on cherche les meilleurs tireurs d’élites c’est chez les Bassar qu’on en trouve.Les fils Bassar ne sont pas seulement connus que sur le plan militaire, ils sont aussi connus comme des têtes pensantes. Pendant longtemps au département des maths et physique on a observé une présence significative des étudiants bassars ; ce qui est le cas encore aujourd’hui.

On se rappelle du feu Nambou Yao et un autre grand Togolais, Agbetiafa qui ont beaucoup travaillé pour mettre en place un meilleur système éducatif au Togo. Malheureusement la politique des Gnassingbé n’a pas su préserver les acquis dans le domaine de l’éducation dans notre pays.

Un autre fils de Bassar qui fait honneur de toute l Afrique, du Togo et de son Bassar natal est Kofi Yamgnane.  Kofi Yamgnane  a été le premier Noir Africain à être élu Maire d’une commune en France avant d’être ensuite nommé Ministre dans un Gouvernement français sous la présidence de François Mitterrand.

Le deuxième médecin légiste du Togo après le professeur Kpodzro a été le jeune professeur Napo Koura, un autre fils de Bassar qui, au temps de Gnassingbé père, avait été menacé pour avoir fait des autopsies dans l’affaire des morts de la lagune de Bè à Lomé.

Le Ministre Agba a été parmi les premiers agrégés en Médecine, l’ancien Ministre Gbare Gnom fût major en France de sa promotion en tant qu’ingénieur des Ponts et chaussées.

Un autre jeune Bassar, lui aussi ingénieur des Ponts et chaussées qu’il ne faut pas oublier est Damba Kodjo, aujourd’hui décédé. Il fut le premier Africain à occuper le poste de Directeur Général du Groupe SATOM pour l’Afrique .Selon les rumeurs il aurait été empoisonné. Beaucoup de togolais connaissent les mélodies d´un Ouyi Tassanne ou d’un Ali Bawa…La liste sera longue.

Bassar est également célèbre par sa culture. Nulle part au Togo et certainement nulle part en Afrique aucune ethnie ne réunit autant de danses traditionnelles comme les Bassar. On en dénombre au total dans le Grand- Bassar au moins 25 Variétés.

Et pourtant cette célébrité contraste avec l’ image qu’ offre les villes et villages de cette région.

Un jour, à l’enterrement d’un parent, un ami qui m´a accompagné a été choqué à notre arrivée dans ma chère ville Bassar. « C’est le fameux pays des guerriers ça? » S’exclama t-il, déçu par l’image de la ville qui ressemblait à une bourgade plutôt qu’à une ville. »Le comble, disait t-il, avec tout ce que vous avez comme cadres et célébrités? »

Et pourtant c’est la dure réalité qu’il faut accepter quand on arrive à Bassar.

Bassar est aujourd’hui méconnaissable. À l’époque, quand on était encore petit il n’y avait certes pas  de routes goudronnées, mais grâce aux pistes intelligemment tracées par les Allemands, (il faut rappeler que le Togo a connu une période coloniale allemande), Bassar avait des routes bien entretenues. La poussière il y en avait et on ne pouvait rien faire.. Les beaux bâtiments laissés par les colons allemands gardaient encore leur éclat. D ailleurs à Bassar les préfets successifs  ont toujours résidé dans une belle et vaste résidence datant de l’époque allemande. Les hectares de tecks plantés par les Allemands donnaient à Bassar une végétation verte, dense et une vue de gaieté. Aujourd’hui plus rien. Bassar est un désert en devenir et la vue imposante et majestueuse du mont Barba Bassar, malmené par l’érosion n’est plus que lamentable.

Et pourtant Bassar a toujours eu des cadres, des ministres, des généraux et officiers supérieurs au sein du système. Où est le problème? Qu’est-ce qui fait que ces cadres n’ont pas réussi à développer Bassar? Voici quelques tentatives de réponses :

 La traîtrise des élites Bassar

Si l’on demandait quel est le plus méchant, le plus pernicieux des hommes, tout le monde répondrait que c’est le traître. ”

Citation de Plutarque ; Les œuvres morales – Ier s. ap. J.-C.

Gnassingbé père a gardé quelques griefs vis-à-vis des Bassar, car dans sa galère de jeunesse, Eyadéma a fait des travaux champêtres chez les Bassar comme métayer. Et pour punir Bassar sans attirer leur hostilité, Éyadema, intelligemment cynique a fait d’une pierre deux coups.

Pour lui un fait était indéniable. Les Bassar ont des qualités et ont des puissances mystiques. Il fallait donc tirer profit de ces avantages pour assoir son pouvoir et en même temps trouver le moyen de diviser le peuple Bassar , car uni, ce peuple pourrait un jour le renverser du pouvoir.

Donc très tôt Eyadéma s’est entouré des cadres Bassar compétents, civils et militaires pour mieux les contrôler. Au niveau de l’armée, contrairement à ce que d’autres Togolais pensent, la majorité des Officiers Bassar ont gravi les échelons par compétence, héritage d’ une culture imprégnée par le maniement des armes et qui a été bâtie à la suite de différentes guerres de survie. D´ailleurs 5 familles sur 10 à Bassar ont en leur sein un chasseur aguerri qui a tué au moins un animal symbole de puissance : éléphant, buffle, lion, panthère, etc… 

Ne pouvant donc pas arrêter l’ascension de ces guerriers nés, Eyadéma fera semblant de les intégrer tout en veillant à leur loyauté et n’hésitant pas écarter tous ceux qu’ ils ne maîtrisait pas. Ainsi, son aide de camp sera pendant de longues années le célèbre Akpo Gnandi jusqu’à la mort mystérieuse de ce dernier. La plupart des gardes du corps et chauffeurs d’Eyadéma ont été Bassar et le fils perpétue cette tradition avec quelques précautions.

Pour mettre en œuvre son plan machiavélique Étienne Éyadéma avait dû trouver chez certains soldats Bassar (ils se reconnaîtront) les caractéristiques nécessaires pour accomplir ses desseins funestes.

Ces derniers ont joué un rôle très néfaste dans l’état actuel de Bassar et à la destruction de ce que nous avait transmis nos ancêtres : l’unité, l’intérêt collectif, l’honnêteté la solidarité.

Grâce à leur protecteur Eyadéma, certains de ces « vendus » étaient craints et avaient le droit de vie et de mort sur le peuple. Les indiscrétions racontent qu’ ils auraient mobilisé toute les puissances mystiques de Bassar pour protéger leur patron. Le fameux crocodile de Bapure aurait été même sollicité pour donner les pouvoirs occultes au timonier. Des noms sont connus à Bassar pour avoir servi de relaie pour accomplir ces basses besognes : enlèvement d’enfants pour des rituels, meurtres, …De nombreux opposants au régime d’Éyadéma ont dû prendre le chemin de l’exil comme Dodo Wassan ou encore El Hadj Binkagni qui a dû longtemps batailler pour résister aux persécutions d’un certain Sorandji, parce que fils d´un des grands indépendantistes d’Ablode et opposant de première heure au régime d’ Éyadéma. Binkagni finira par fuir a Sokodé dans les années 90 et y demeura jusqu’à sa mort.

Les cadres Bassar ont été toujours surveillés et un climat de suspicion et de délation encouragée et entretenue par les réseaux Gnofame. Les cadres qui ne se mettaient pas au pas furent simplement punis et écartés de toute promotion. Les cas de Zoumaro Lantame et Nabourema en sont un exemple parmi tant d´autres.

Désormais à Bassar les promotions se faisaient selon le degré d’excès de zèle et non plus selon les compétences. C´est ainsi qu’est née la trahison des uns et des autres afin d’entrer dans le cercle fermé de la minorité pilleuse. Certains qui ont tenté de résister furent simplement éliminés avec des poisons (C’est à Bassar qu’on trouve les poisons les plus dangereux). ; d’autres ont été contraints de prendre le chemin de l’ exil à l’exemple du premier syndicaliste du Togo, le feu Salami.

Aujourd’hui encore des milliers de Bassar- konkomba vivent depuis la prise du pouvoir d’ Eyadema, au Ghana qu’ ils ont finis par adopter comme patrie . Ces derniers ont pour la plupart fui la répression contre les Ablode. Le quartier Wadande à Bassar, le cœur des indépendantistes ablode a été toujours stigmatisé par le régime d’opposants. Leurs fils et filles n’ont jamais été promus ni dans l’armée, ni dans l’administration. Le brillant jeune lieutenant Nadjombe, fils de ce quartier qui commençait a monter en puissance, sera simplement éliminé lors d un entraînement au champs de tir par un simulacre d’accident.

Sur le plan militaire Éyadéma a donc laissé certains officiers (dont il connaissait le manque d´ambition) monter en puissance. Pouvait-t-il faire autrement? Les soldats Bassar étant compétents, il avait besoin d’eux pour asseoir son pouvoir. Malgré tout, Éyadéma envisagea plusieurs fois d’inventer des complots contre les officiers Bassar, mais en vain. Au moment de leur firmament les Bassar étaient à tous les postes, Éyadéma ayant contraint à l´exil plusieurs officiers origininaires du Sud du Togo dans l’affaire des mercenaires ou éliminé certains comme Ossei et Kofi Kongo. Les Officiers Bassar ont toujours donné des nuits blanches au dictateur comme le témoigne les écrits du Général Assih lors de la conférence nationale souveraine comme quoi, c’est lui qui a dissuadé Éyadéma de poursuivre  son projet dit de complot des officiers Bassar dans lequel Bonfoh et certains officiers Bassar devraient être éliminés ou emprisonnés.

Des officiers dont il n’arrivait pas à cerner les intentions ou à coller une quelconque trahison sont purement envoyés dans l’administration ou prématurément mis en retraite. C´est le cas du commandant Sasaka qui montra peu de zèle à faire du mal.

Le colonel Djato, jeune officier brillant formé dans les Rangers aux États- Unis , est attestée par les américains comme un officier d’un génie particulier. Il est  un des rares officiers konkomba accepté dans l armée. Eyadema avait peur des konkomba (les Konkomba sont connus pour leur, esprit de vendetta si un de leur est attaqué…) Ce dernier sera confronté au soupçon de complots. Mais le dossier était vide et craignant que les konkomba se révoltent, Éyadéma le nomme Préfet à Tohoun , poste qu’il occupe jusqu’à ce jour et qui fait de lui le préfet qui a battu le record de longévité. Une manière habile de l’ écarter de l’armée et le corrompre en lui donnant des parts de la minorité pilleuse.

Le colonel Ali Nadjombe. Un grand officier lui aussi fils d’un puissant chasseur Bassar, brillant officier, il a fait l’académie militaire de Hamburg, privilège pour les Officiers Africains choisis pour leur compétences tout comme l’on fait les Américains pour Djato.

Ce dernier fût aussi de tous les soupçons et au finish garé au Port Autonome de Lomé (PAL) où il a fait fortune. Son malheur c’est d’avoir exhibé sa fortune avec un château majestueux digne d un prince . Il aurait pu investir dans une infrastructure économique bénéfique pour la région. Mais oubliant que sous les Gnassingbé une telle prouesse signifiait un affront,une maladie mystérieuse le frappa et après une longue agonie, il rendit l´âme récemment.

Bassar a été sacrifié par certains de ses propres fils(qui se reconnaîtront) pour les Gnassingbé.

Mais le fils, au lieu d’honorer celui qu’ il appelait jadis Papa après le décès de son géniteur, l’a simplement humilié et aujourd’hui le tout puissant Gnofame est aux oubliettes. Nous avons été surpris tout dernièrement à Lomé de croiser notre général dans une banque faisant la queue comme tout le monde dans l’indifférence la plus totale. Qui l’eu crût ? Vanité de vanité..

La nouvelle coqueluche des fils Bassar aujourd’hui est le tout puissant ministre des infrastructures et des transports. Serait-il le nouveau missionnaire pour poursuivre la descente aux enfers de Bassar?

Il se raconte qu´un jour, excédé par un jeune Bassar qui appelait sans cesse pour solliciter un rendez-vous depuis des mois, notre ministre, quand il décide de prendre le jeune homme au téléphone, lui lance à la figure : << mais toi tu appelles un ministre comme ça tout temps? Tu penses que le ministre est un homme ordinaire? Mais on n’appelle pas comme ça un ministre …>> No comment !

Comment expliquer le comportement ambigu de la députée Koupokpa, élue à Bassar grâce à l’opposition et qui aujourd’hui semble acquise au pouvoir RPT-UNIR ? Les bruits courent que ce serait l œuvre de notre ministre milliardaire .

L’histoire tragique de Bassar fera des tonnes de livres, ce peuple à qui Dieu a tout donné et pourtant qui, par la traîtrise et la complicité de ses propres enfants, gémit dans la douleur, dans la pauvreté.

Nous voulons ici donc lancer un appel de détresse à nos frères et sœurs qui ont d´une manière active ou passive contribué à cette situation honteuse de notre cher Bassar, d’écouter leur conscience et d´en faire un examen profond.

Ces cadres civils et militaires ont plusieurs fois trahi le peuple Bassar- konkomba et portent une lourde responsabilité historique pour la situation actuelle du Togo et de Bassar en particulier.

La première trahison significative remonte dans les années 90 pour avoir été complices actifs ou passifs de la répression organisée contre leur propre peuple. Ils avaient la possibilité d’empêcher les morts et les saccages des biens de leurs parents. Ce traumatisme reste encore dans la mémoire collective des Bassar.

La deuxième faute a été la plus grave. En 2005, à la suite du décès du Général Eyadéma, nos cadres militaires et civils auraient dû saisir l’occasion, en concertation avec les autres pour mettre fin au calvaire des Togolais et surtout réparer les torts causés par le régime qu’ ils ont soutenu et aidé.

La troisième faute et trahison historique sera celle d’avoir refusé d’accueillir l’enfant terrible, Koffi Yamgnane. Au lieu de l’acclamer, nos officiers lui ont réservé un tribunal militaire pour le dissuader de se présenter à la Présidence. Dans leur cécité politique nos cadres se sont activés pour trouver l’argument de sa date de naissance afin de formaliser cet empêchement.

Nos frères kotokoli nous ont donné avec Atchadam l’exemple de bon sens et de patriotisme en soutenant dans leur majorité leur fils. Même le puissant Général Mèmène a refusé de rejeter son neveu comme l’ont fait les nôtres.

Aujourd’hui nos généraux retraités se réfugient dans leur village. Sont-ils fiers de l’état de leur ville Bassar, à l´image de tout le Togo? Ne sont ils pas aussi en danger comme tous les Togolais lorsqu’ils tomberont malades et que par manque d’hôpitaux ils pourront mourir comme tout citoyen parce qu’ils ne pourront même pas recevoir les premiers soins appropriés? Sont-ils fiers quand ils voyagent dans nos campagnes? Ces interrogations valent pour tous les autres cadres et citoyens Bassar qui continuent de soutenir le régime qui leur a tout volé jusqu’à leur dignité.

Bassar doit renaître de ces cendres et il n’est pas tard pour vous mes frères militaires, civils de vous rattraper.

Par trois fois et même plus nous les Bassar avons raté l’occasion de sauver le peuple Bassar et le Togo de la tyrannie des Gnassingbé.

Vous avez eu de nombreuses occasions en or d’éliminer le Général Président alors qu’il était encore en vie. Vous ne l’avez pas fait, par respect pour la vie humaine. Nous saluons au passage, Boko Bosso, Akpo Gnandi ou encore Ali Nadjombé et beaucoup d’autres.

D’autres avaient des opportunités institutionnelles pour renverser le régime dictatorial, mais par manque de vision ils sont restés au service de la dynastie qui a poursuivi son forfait contre le peuple Togolais. Ils en porteront les conséquences sur leur conscience

Quant à ceux qui pensent être encore dans les bonnes grâces de la dynastie , ils doivent tirer les leçons de leurs prédécesseurs dont les uns sont actuellement mis de côté, d’autres humiliés. Dans tous les cas c’est le peuple qui les jugera.

Cependant Il n’est pas tard de redevenir les enfants prodiges. Certes, vous avez été égarés par les appâts faciles du camp d’en face et vous êtes devenus des judas parce que vous avez perdu l’âme Bassar, mais le pardon vous sera accordé si en ce moment déterminant de la lutte pour la libération de notre pays, vous décidez de rejoindre la lutte pour  redonner à Bassar sa dignité et sa grandeur historique.

Nous voulons tous, fils et filles Bassar mettre à contribution, aujourd’hui et demain, nos compétences pour faire tomber la dynastie et pour bâtir un Togo nouveau où Bassar connaîtra un vrai décollage de développement pour le bonheur de ses fils et filles.

Alors repentez-vous et venez nous rejoindre pour que Dieu vous pardonne et que nos ancêtres soient désormais fiers de vous.

 

Tchapo Sinaa

Hamburg, Allemagne

 

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