Moins d’un an à la primature et déjà voleur. Le palais mal acquis du Pm Ahoumey Zunu

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Les biens mal acquis, l’enrichissement illicite et la corruption ont le vent en poupe au Togo. Ce phénomène qui s’est érigé en normes et en méthode a pris des propositions démentielles amenant les observateurs à se demander si les principes cardinaux de la bonne gouvernance clamés par l’administration Faure Gnassingbé relèvent de la bonne foi. La réponse est naturellement négative. Les immeubles se multiplient et poussent comme des champignons, les véhicules de luxe chevauchent les rues, les comptes bancaires se multiplient, l’argent liquide dort dans les lieux insoupçonnés des domiciles. L’économie est braquée, pillée, les prédateurs circulent impunément et continuent de détourner. La bonne gouvernance a encore du chemin au Togo. La preuve, neuf  mois seulement après sa prise de fonction, Arthème Séléagodji Ahoomey- Zunu érige un gigantesque chantier dans son petit village reculé. Notre équipe d’enquête est descendue sur le chantier et a découvert un projet à mi-parcours qui avoisine déjà le milliard de FCFA. Le débat de l’origine et de la provenance de l’argent se pose lorsqu’on sait un peu ce que le Premier Ministre togolais gagne.  Grande enquête.

Le serpent était vert, environ un mètre et demi de long. Il s’agissait sans doute d’un mamba, très venimeux serpent arboricole qui traversait avec difficulté la ruelle tortueuse de route qui menait vers Amlamé. Nous étions à deux kilomètres d’un village perdu qui s’appelle Kpélé Tsavié. Le véhicule devant nous  avait roulé sur le serpent, mais apparemment, il n’était pas anéanti. Il se précipitait pour entrer dans la brousse et se donner une prompte guérison. Mais malgré le fait que nous l’avions dépassé, nous avons effectué une marche arrière pour avoir raison de ce reptile. Notre passage n’a pas tué la bestiole. Le créateur a doté le serpent d’une locomotion terrible et d’une résistance aux chocs. La colonne vertébrale des serpents est constituée de telle sorte qu’elle autorise une grande souplesse. Mais les ondulations du corps sont également rendues possibles par l’existence de longs et puissants muscles latéraux qui résistent aux chocs. Dépourvus de pattes, les muscles permettent à cet animal de filer  à une vitesse prestigieuse.  D’où venait donc ce reptile. Poussé par l’humidité de la forêt, les serpents sortent pour prendre un petit bain de soleil mais se font généralement rattrapés par leurs prédateurs, les hommes. Nous en avons encore vu qui ont réussi à fuir les pneus de notre BMW. Le serpent a été évoqué dans ce dossier  pour présenter un peu l’exotisme du milieu que nous avons visité et qui se voit doter d’un projet personnel de milliard alors que le reste du milieu n’est que  ruine. Véritable décalage entre la nouvelle maison et les cases en banco en chute libre chez les parents d’Arthème. A Kpélé Tsavié, l’activité principale est l’agriculture. Mais la souffrance est ambiante, comme dans toutes les localités du Togo. Aucune activité génératrice de revenu, aucun projet significatif de réduction de la pauvreté, aucune initiative provenant d’un cadre pour venir au secours de ces populations démunies. La route elle-même est dans un état cahoteux. C’était donc le dernier jour de notre visite du chantier  de Kpélé-Tsavié.

Kpélé Tsavié donc, revenons-en, est le village d’origine de l’actuel Premier Ministre Togolais, Séléagodji Arthème Ahoomey-Zunu. C’est après avoir parcouru près de 145 Km avec 15 km sur des routes totalement impraticables que notre équipe est tombée sur un chantier, ambitieux situé sur une vaste étendue.

Kpélé-Tsavié est situé sur la route Kpalimé Amlamé, après la capitale de la région du grand Kloto, Adéta. Viendra Goudévé, puis on aperçoit plusieurs petits villages :  Govié, Dougba, Hlonvié,  Tsavié et Anoum à la suite. Le seul décor aujourd’hui à Tsavié reste le chantier d’Ahoomey-Zunu.

Etalé sur plus de 12 lots, ce projet défi les réalisations des précédents Premiers Ministres du Togo. Même son mentor Edem Kodjo qui a occupé deux fois la Primature n’a pu réaliser un tel exploit qui est en chantier. Mais les nouvelles donnes de la gouvernance autorisent qu’on se pose des questions sur la provenance de cet argent. Ahoomey-Zunu étant un chômeur endurci avant d’embrasser la politique, faute de mieux, le bon sens recommande des comptes. Logique. Surtout si le pays croupit sous le poids des dettes, avec les fonctionnaires qui sont mécontents et le quotidien hautement à risque, il y a lieu de  tutoyer la conscience des gouvernants qui multiplient des dérives financières.

Descente sur le chantier de Kpélé-Tsavié.

L’enquête qui nous a conduits sur le chantier « mal acquis » d’Ahoomey-Zunu Séléagodji a duré depuis le démarrage des travaux. Nous avons suivi le remblayage du terrain, la construction de la clôture, les fondations, les premières villas, la mini-cité, l’apatam, etc.

C’est assez extraordinaire de penser qu’en seulement six mois, le terrain inondé qui appartenait à son père a retrouvé un luxe fou. Véritable bas-fonds que ce chantier qui a nécessité plus d’une centaine de camions de sable de remblai.

Plus de 12 lots, nous a-t-on confié, situé au bord de la route. Une clôture qui s’étale sur près de 400 mètres. Le chantier d’Ahoomey-Zunu est subdivisé en deux parties. Une première partie qui occupe un grand apatam construit sur un lot entier, une villa classe, avec un apatam de luxe totalement livré. C’est sous cet apatam que la nouvelle épouse du Premier Ministre, concubine, c’est mieux, dame Irène vient torturer les casiers de bière certains week-ends de villégiature.

Egalement, sur cette première partie, une grande boyerie et des latrines qui devraient être destinées au public attendu sous l’apatam. On promet selon le plan une décoration exceptionnelle de cet espace avec des lumières rares, des pavés, des fleurs et plantes de décoration qui vont laisser place aux manguiers plutôt fertiles.

La villa de la nouvelle cavalière est dotée d’équipements de luxe. Toilettes, lavabos, climatiseurs de marque qui laissent transparaître le gâchis qui sans doute provient de l’argent du contribuable togolais.

La seconde partie est la résidence privée du Premier Ministre. Trois grandes villas de haut standing comme à la cité OUA. Chacune, quatre grandes chambres, WC-douches, cuisines terrasse. Prévus, des carreaux de luxe, et une finition brillante. L’état inondable du sol a fait couler beaucoup de ciments et de gravier. Le béton de propreté est assez épais avec une fondation de près de deux mètres.

Qui seront les habitants de ces villas de luxe perdues dans le Kpélé Tsavié, seul Ahoomey Zunu pourrait le savoir. Seulement, la fréquence dans l’arrivée du matériau est extraordinaire. Des centaines de tonnes de ciment sont déjà englouties dans ce projet qui d’après des ingénieurs qualifiés qui faisaient partie de notre équipe d’enquête n’est pas  durable.

La zone est hautement inondable.  Il faudra, si le premier Ministre à encore puisé un peu de sous dans les caisses de l’Etat, procéder à un véritable assainissement qui permettra de drainer de cette eau. Mais ceux qui connaissent Ahoomey Zunu savent qu’il a une histoire avec les zones inondables.

Arthème venait de quitter un domicile insalubre, quitté sur la pointe des pieds, à Nyékonakpoé  après le décès de son épouse. La maison en question située sur la rue Koumongou appartenait donc à son beau père, mais la disparition de sa femme dans des conditions incompréhensibles ont crée une inimitié entre le PM et sa belle famille, inimitié qui ont précipité son départ.

N’ayant jamais exercé une fonction payante, resté sous l’ombre de Edem Kodjo, Ahoomey Zunu s’apprêtait à « passer le reste de ses jours dans la rue lorsque son destin qui se trouve être  Faure Gnassingbé lui vint au secours et créa le scandale et la surprise générale en le nommant Premier Ministre.

Ahoomey Zunu quittait donc le domicile de son beau père qu’il venait de partager avec des batraciens qui lui offraient de la mélodie après chaque goutte de pluie. Un domicile trop débrayé, comme l’indiquent les photos, pour un secrétaire général de la Présidence.

Parti de là donc, Ahoomey Zunu changera de cadre de vie. Une villa à la cité OUA, des objets de luxe qui remplacent les reliques d’hier, de quoi aiguiser des ambitions nourries de complexe chez le premier Ministre.  Du bon vin, du champagne, une piscine, des gardes, des véhicules de commandement, des bons d’essence, des bons d’achats dans les magasins de choix, beaucoup d’argent de la corruption et le tour est joué.

Le chantier qui est évalué à moins de 50% de son évolution, avoisine le milliard de francs CFA d’après les estimations faites par les ingénieurs de notre enquête et aussi des sources proche du chantier. Ou donc a-t-il donc trouvé tout cet argent en si peu de temps. Cette interrogation remet en cause la rigueur financière, parfois asphyxiante prônée et défendue par Adji Otheth Ayassor, Ministre de l’économie et des finances.

La commission anti-corruption, l’inspection générale des finances, la Cour des comptes et tout le rataplan d’institutions de figuration ne peuvent demander au Premier ministre de prouver. Mais seulement, ce qui est constant est que le salaire normal du Premier ministre évalué à environ trois millions ne peut autoriser en six mois ces extravagances. Lorsque nous avons posé la question à son entourage, aucune réponse ne nous a été donnée. Tout se limitait au fait qu’on n’est pas au courant. La langue de bois, caractéristique des régimes corrompus. Aucun tort à cet entourage qui sans doute n’a jamais partagé cette villégiature avec le PM.

Notre enquête qui a duré sur plusieurs mois a abordé d’autres aspects de biens mal acquis relevant du nouveau Premier Ministre. L’évolution à puissance exponentielle de ses avoirs en banque, les contrats secrets et les pots de vins de certains investisseurs et hommes d’affaires, les combines financières avec certains hommes d’affaires sont les ingrédients de la deuxième partie de ce dossier. Elle fera donc une descente dans la vie privée du Premier ministre, sa petite famille, ses qualités et ses défauts, ses joies et ses peines et bien entendu son parcours gondolé qui l’a conduit de l’UTD, à la CPP pour atterrir à UNIR, en passant par le RPT. Quelles sont ses humeurs et ses désirs, quelles sont les casseroles que Monsieur le Premier ministre traîne depuis des années. Dossier à suivre.

Indépendant Express

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