
Les revendications sociales dont la Synergie des Travailleurs du Togo est aujourd’hui le porte-flambeau, constituent un motif supplémentaire pour Faure et ses potes de mentir aux Togolais. Avec le nouveau disque des 10 milliards de F CFA déjà rayé avant sa sortie, Faure et ses amis appelleront les Togolais à se serrer davantage les ceintures, eux qui sont éprouvés par tant d’années de galère. Mais ils oublieront sciemment de rappeler à tous ceux qui puisent sans compter aux impôts, à la douane, au port autonome de Lomé, à la Loterie nationale Togolaise (LONATO), à Togo télécom, à Togocell, à la Société aéroportuaire de Lomé-Tokoin (SALT), à la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET), à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), à la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT), à la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT), à l’Agence nationale de la sécurité alimentaire du Togo (ANSAT) où règnent en maîtres incontestés et incontestables, le colonel Ouro-Koura Agadazi en charge également du ministère de l’Agriculture et de la Pêche et son homme de confiance l’adjudant Yarnaba, à ce beau monde disons-nous, ils oublieront sciemment de dire de ne pas racler jusqu’au fond de la marmite.
Ce n’est pas aux Togolais d’en bas, d’en bas de se serrer les ceintures mais les pilleurs professionnels de la République qui ont des ceintures dorées, des montres Rolex et autres objets de luxe. La mauvaise gouvernance a tellement élu domicile au Togo que déjà en 2002, l’ancien DG des Postes Kao Pitassa s’était permis d’ouvrir un compte crédité d’un milliard six cents quatre vingt millions de F CFA à l’étranger, un compte parmi deux autres qui se trouvaient au Bénin voisin. Aujourd’hui, le sieur Kao a blanchi une partie de ses avoirs dans une société de distribution de gaz à Lomé en compagnie d’autres dont l’ex argentier Payadowa Boukpessi.
Entre-temps, le ministre de l’Economie et des Finances Adji Otèth Ayassor peut-il dire aux Togolais où il se trouve lorsque d’aucuns pillent sans sourciller aux impôts, à la douane et autres ? Le rigoureux d’Ayassor ne voit-il pas le train de vie des nouveaux nababs de l’administration publique, ceux qui pillent sans regarder derrière?
Au Togo, il y a deux catégories d’individus, ceux à qui tout est permis et les autres condamnés à subir sans mot dire. Dans quel pays sommes-nous au juste pour que d’aucuns s’accaparent de tout et tout surtout des biens publics? Quel Etat voulons-nous construire pour les générations à venir lorsque, chaque jour que Dieu fait, l’on suscite davantage de frustrations comme pour narguer ou provoquer ? En France le ministre Jérôme Cahuzac a démissionné pour avoir été pris en flagrant délit de tricherie. Si le sieur Cahuzac était au Togo, l’on allait le promouvoir pour avoir su bien cacher ses avoirs à l’étranger puisqu’on n’exige aucun compte des ministres sous le chaud soleil togolais.
Tantôt, le pouvoir de Lomé laisse entendre que l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) se basant sur ses critères de convergence recommande une masse salariale de chaque pays membre en dessous de la barre de 35% des recettes fiscales. Or, dans la même zone UEMOA, l’enseignant titulaire d’une maîtrise est à 150.000 F CFA au Bénin voisin et au Burkina-Faso, deux pays voisins qui ne sont pas plus nantis que le Togo. Pour le cas des fonctionnaires de la Côte d’Ivoire, il vaut mieux ne même pas en parler car, d’aucuns au Togo piqueront crise s’ils entendent les salaires astronomiques de leurs collègues ivoiriens.
« Pour cause des 10 milliards débloqués pour calmer les fonctionnaires, ils nous demanderont bientôt de ne plus jouir des congés et de ne plus tomber malades », ironise un agent. En tout cas, pour un disque déjà rayé, le nouveau sur le marché togolais à l’heure où vous lisez ces lignes, en est vraiment un. Les Togolais étant d’ailleurs fatigués des disques rayés que le pouvoir de Lomé leur joue à chaque fois. Hier, c’était la grève générale illimitée, la suspension de la coopération avec l’Union Européenne et aujourd’hui, les 10 milliards débloqués pour soulager les peines des travailleurs. Et dans tout ça, Faure et ses amis ne disent rien à propos de l’initiative Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) dont bénéficie le pays. Que deviennent les promesses faites en tenant compte de cette initiative PPTE ? Demain matin, Lomé préparerait encore quel disque rayé pour les Togolais?
Au final, comme l’artiste gabonais de la chanson Patience Dabany, mère de l’actuel président Ali Bongo Ondimba qui ne cesse d’entonner dans l’un de ses morceaux fétiches ceci : « Je vais te répéter encore chéri que ton disque est rayé », le Lynx répète à Faure et ses amis que leurs disques sont tous rayés et qu’ils peuvent les retirer sur le marché pour permettre aux Togolais de respirer et de dormir tranquille. Pouah !
Anicet Moutouari+ Pâ Tamba Lynx.info